Le Festival du film de Bruxelles se cherche un grand public

Ivan Corbisier, nouveau directeur du Brussels Film Festival, affichera, pour la prochaine édition, un budget en hausse et de nouvelles ambitions, notamment en termes de fréquentation. Le festival sera aussi un lieu de rencontres entre producteurs et investisseurs potentiels.

Le prochain Brussels Film Festival aura lieu du 23 au 30 juin, en pleine Coupe du monde de football. “Pas grave…”, estime le nouvel organisateur de l’événement, Ivan Corbisier : “Le public passera voir un film après le match. Cela assurera l’ambiance en fin de soirée, notamment lors des projections en plein air.”

Le lieu ne changera pas : le Flagey, place éponyme, à Ixelles. “Oui, mais il sera investi différemment par le public et les organisateurs. Finies les collaborations avec l’Age d’Or, compétition organisée par la Cinémathèque royale, et Cinédécouvertes qui, tous deux, monopolisaient les espaces disponibles. L’art et essai, c’est fini ! On aura trois salles – et l’espace en plein air, place Sainte-Croix – pour multiplier les projections grand public. Il n’y a pas 36 façons d’attirer plus de 1.000 personnes (c’est notre objectif) par soirée… La programmation sera ouverte à des films européens de tous genres, y compris des policiers et des thrillers. Et dans la cinquantaine d’avant-premières, il n’y aura pas seulement des premiers ou des seconds films. Il y aura aussi des réalisateurs et des acteurs connus. Même dans les films en compétition.” En plein air sont déjà annoncés des succès belges et internationaux comme Les Barons, Panique au village, Good Morning England.

Le changement ne se limitera pas au contenu, plus fédérateur. Le festival coûtera plus cher aussi, même si le budget global ne dépassera pas 600.000 euros. Pour couvrir l’ardoise, aux côtés des sponsors attendus comme la Région de Bruxelles-Capitale, la Communauté française, la commune d’Ixelles, les partenaires privés et associatifs (presse, cinéma, etc.), et des partenaires indispensables comme la Loterie Nationale, Ivan Corbisier pourra compter sur l’appui de l’Union européenne.

Un appui pas seulement financier : “Pour l’ouverture du festival, José Manuel Barroso, président de la Commission, sera présent. Il assistera en avant-première mondiale à la projection d’un film portugais, Le Consul de Bordeaux. Nous avons travaillé à l’arraché pour avoir ce film : il est toujours en postproduction !” Autre cadeau du nouvel organisateur : un orchestre symphonique de 52 musiciens.

Tous les jours, il y aura une soirée thématique spéciale, et notamment, Europe oblige, des soirées finlandaise et polonaise.

Tax shelter, le retour

Autre nouveauté au programme du FFFB : un tax shelter market. D’ores et déjà, un appel à projets de films belges cherchant financement a été lancé en ce sens. Les producteurs intéressés devaient transmettre leurs projets, avancés ou déjà en partie financés, pour le 10 mai. La nouvelle équipe du FFFB devait en sélectionner une dizaine, francophones et flamands, pour la fin de mai. Le BECI, qui soutient la démarche, organisait le même mois une matinée d’information sur le cadre légal belge du tax shelter.

Selon le BECI, le tax shelter a permis d’injecter 80 millions d’euros dans l’audiovisuel belge en 2008, et est devenu la première source de financement du cinéma chez nous. Depuis ses débuts, ce système fiscal – qui s’adresse essentiellement aux sociétés dont le core business se trouve en dehors du secteur et qui permet de bénéficier d’une exonération de ses bénéfices imposables à concurrence de 150 % des sommes investies – aurait suscité la création de plus de 4.000 emplois et généré 250 millions d’euros de dépenses dans le pays.

“Pendant le festival, le 25 juin plus précisément, nous organiserons une journée de speed-dating confrontant au minimum les 10 producteurs retenus et 10 à 20 investisseurs intéressés, prolonge Ivan Corbisier. Nous avons organisé ce type de rencontre l’an dernier à Liège, avec le soutien du ministre des Finances. C’était plus limité en termes de budgets mais cela a bien fonctionné. D’ailleurs, les producteurs participants, comme Tarentula, m’ont demandé quand on répétait l’opération. Sur 10 projets de films présentés, la moitié ont trouvé des investisseurs intéressés. Notamment Stefan Liberski, pour un film où seront à l’affiche Marie Gillain et Bernard Giraudeau notamment.”

Philippe Coulée

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