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Le Festival de Cannes, bientôt un festival de seconde zone?

Le dernier Festival de Cannes a montré qu’un grand absent de la croisette – à savoir Netflix – risque à terme de marginaliser ce festival et d’en faire un festival de seconde zone.

Est-il imaginable de penser qu’un festival de cinéma connu dans le monde entier pour son sérieux déroule le tapis rouge pour le dernier épisode de la série de Star Wars et boude en revanche le dernier film d’un cinéaste aussi connu que Martin Scorsese ?

A priori, cela semble impossible pour un Festival digne de ce nom, mais c’est pourtant l’exploit qu’a réussi le dernier Festival de Cannes.

Bien entendu, le Festival a célébré cette année l’ensemble de l’oeuvre de Martin Scorsese, mais a également refusé de qualifier son prochain film de long-métrage sous prétexte qu’il est produit par Netflix. Comment est-ce possible ?

Pour répondre à cette question, Il faut se souvenir de l’édition 2017 du Festival de Cannes. L’an dernier, Netflix était en compétition officielle à Cannes avec la présence de deux de ses films. Cependant, l’arrivée de la plate-forme américaine de films en streaming a suscité le tollé au sein de la profession. La question qui se posait déjà en 2017 était la suivante : peut-on donner un prix ou une palme à des films produits par Netflix sachant qu’ils ne passeront pas en salle, mais seront uniquement visibles sur petit écran ?

L’absence remarquée de Netflix, c’est-à-dire du nouveau monde digital, a suscité beaucoup de commentaires sur la Croisette

La direction du Festival de Cannes et l’ensemble de la profession a répondu “NON”. Depuis lors, le règlement du Festival de Cannes a été modifié pour interdire la compétition à des films qui ne sortiraient pas également dans une salle de cinéma. La dernière édition 2018 de Cannes est arrivée à une décision absurde où l’on a mis en avant un film produit par Disney – la dernière saga de Star Wars – et a mis au ban le dernier film d’un réalisateur de tout premier ordre comme Martin Scorsese.

En réalité, la vraie raison de ce bannissement de Netflix selon Le Figaro, c’est que les films qui passent en salle subissent une taxe de 10.7% qui est réinjectée dans la production de films français. Ce refus est donc d’abord une affaire de financement de films et donc une affaire de gros sous.

Mais l’absence remarquée de Netflix, c’est-à-dire du nouveau monde digital, a suscité beaucoup de commentaires sur la Croisette. Car aujourd’hui, Netflix est devenu le plus grand producteur de films de qualité au monde, devant Disney, devant la Warner ou la Fox.

Comment peut-on imaginer que Cannes puisse continuer à tourner le dos à Netflix alors que ce site de streaming on line va faire tourner les meilleurs réalisateurs et les meilleurs acteurs au monde ? Le Festival de Cannes s’il s’entête dans cette voie-là risque de devenir un festival de seconde zone en quelques années.

Si je vous parle de cette querelle, c’est qu’elle montre à quel point le monde change vite, et en quelques années seulement. Souvenez-vous, Netflix a d’abord démarré comme une société qui se contentait d’envoyer par la poste des DVD à ses abonnés et aujourd’hui, par la magie du numérique et du haut débit, cette même société produit elle-même d’excellents films et ose affronter le plus prestigieux Festival de cinéma au monde. Le gagnant de ce bras de fer est déjà connu : ce sera Netflix !

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