Le communautarisme aura-t-il la peau de Belgocontrol ?

© Belga

Un trou dans les comptes met en faillite virtuelle Belgocontrol, entreprise publique chargée de la sécurité aérienne. Jean-Claude Tintin, son patron – et un fidèle de Michel Daerden – s’est mis à dos les contrôleurs aériens, ulcérés par ses méthodes de gestion. Pendant ce temps, la Flandre déploie, en coulisses, sa stratégie de reprise en main.

“L’avenir du contrôle aérien belge est en danger !”, prévient le personnel de Belgocontrol. En cause : un trou dans les comptes de l’entreprise chargée de la sécurité du trafic aérien, un trou qui la place en situation de faillite virtuelle. Les contrôleurs aériens dénoncent également le management de la société.

Premier souci : les ressources financières. “Depuis ce mois-ci, les salaires du personnel sont payés grâce à un emprunt exceptionnel de 20 millions d’euros, signale Olivier Nicolay, président de la Guilde des contrôleurs aériens. Il faut trouver d’urgence une solution structurelle, faute de quoi nous serons à court de fonds dès juillet. Dans ce contexte, il n’est plus possible de recruter du personnel ni d’assumer les investissements prioritaires.”

Le trou dans les comptes a surtout pour origine le service gratuit rendu par Belgocontrol aux quatre aéroports régionaux, Charleroi, Liège, Anvers et Ostende. Cette année, la perte de revenus d’exploitation atteindra, au total, 34 millions d’euros, d’après un audit explosif qui sera présenté le 16 mars en réunion intercabinets (tous les détails dans le Vif/L’Express daté du 12 mars).

Le CD&V et l’Open VLD ne seraient pas prêts à lancer la bouée de sauvetage. Ils chercheraient même à étrangler financièrement l’entreprise pour arriver à leurs fins : remettre en cause cet accord de coopération de 1989, considéré comme plus favorable à la Wallonie qu’à la Flandre. Depuis leur retour au fédéral, en 2008, les sociaux-chrétiens flamands tentent de freiner le développement du low-cost à Charleroi, qui fait de l’ombre à l’expansion de l’aéroport de Zaventem. Le CD&V veut peser sur l’avenir de Belgocontrol, trop étiqueté PS à son goût. La direction de l’entreprise publique autonome ne doit-elle pas être remplacée avant la fin de cette année ?

L’offensive flamande a d’autant plus de chance de réussir que les pratiques de gouvernance de Jean-Claude Tintin, administrateur délégué de Belgocontrol et protégé de Michel Daerden, sont très contestées au sein même de l’entreprise publique autonome. “En plus de cette fonction, Jean-Claude Tintin s’est attribué la responsabilité des ressources humaines, dénonce un représentant des contrôleurs. Il a même recruté son fils comme chauffeur ! En outre, il a mis sur la touche le conseil de direction, jugé inefficace, et a constitué une sorte de shadow cabinet de consultants personnels. Nous avons demandé au Premier ministre une dépolitisation des mandats exécutifs !”

Olivier Rogeau, Le Vif/L’Express

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content