Le business des chevaux de courses a le vent en poupe

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Le business des chevaux de course se porte toujours bien et ne cesse de s’internationaliser, ont montré cette année les ventes de yearlings de Deauville en France, dont les enchères ont encore flambé au cours du week-end.

Même si ce critère n’est pas le premier retenu par les professionnels, les ventes record ont encore frappé l’imagination du public et emballé les médias spécialisés. La meilleure vente, qui a eu lieu dimanche, à 1,55 million d’euros, l’un des plus hauts prix enregistrés à Deauville pour des poulain d’un an (le record établi en 2015 est de 2,6 millions), a entraîné un suspense digne d’une arrivée serrée du grand prix de l’Arc de Triomphe ou de celui d’Epsom.

Alors que la journée dominicale ronronnait un peu comparée à celle de samedi, tout s’est emballé avec l’arrivée du 160e yearling mis en vente: un poulain à fière allure, de robe baie (pelage marron clair, crinière et queue noires), fils de Dubawi, étalon à la mode, et de Giofra, jeune mère dont c’est seulement le deuxième “produit”, après une série de courses victorieuses.

A coups de 100.000 euros, les enchères ont grimpé au galop. Deux enchérisseurs se sont détachés: Angus Gold, agent de Shadwell, la société d’Hamdan Al Maktoum, frère de cheik Mohammed, émir de Dubaï, et Kerri Radcliffe, représentant de Phoenix Thoroughbreds, un fonds d’investissement basé au Luxembourg, acteur récent du milieu hippique. Face à l’acheteur vedette du Golfe, c’est la nouvelle venue qui a remporté la mise. “C’est juste un poulain magnifique, je ne voulais pas quitter Deauville sans lui!” a déclaré la très photogénique Mme Radcliffe.

750 000 euros la pouliche

Exemple remarqué parmi les nouveaux acteurs dans le monde des courses de chevaux, le fonds luxembourgeois n’est pas un exemple unique. Des propriétaires japonais qui n’étaient jamais venus à Deauville sont venus faire leurs emplettes. De nouveaux visages américains étaient également de la partie. Selon Arqana, la société française organisatrice des enchères, dont l’actionnaire principal est l’Aga Khan, un groupe de 53 Chinois avait fait le déplacement.

Pour le moment, les courses de chevaux ne sont pas autorisées en Chine continentale, contrairement à Hong-Kong. Toutefois des Chinois, associés dans un syndicat d’acheteurs avec Qatar Racing et Laurent Dassault, fils de l’aviateur français Serge Dassault et patron d’Artcurial (actionnaire d’Arqana), ont acheté pour 750.000 euros une pouliche très recherchée, puisque soeur de Wings of Eagles qui a remporté le derby d’Epsom.

Parmi les nouveaux venus français on a remarqué Thierry Gillier, le patron de la chaîne de prêt à porter Zadig et Voltaire qui a acheté deux pouliches pour un total de 720.000 euros. En revanche, les représentants du Qatar, jusqu’ici omniprésents, étaient très discrets. “On s’y attendait, car cela fait plusieurs années qu’ils achetaient massivement. Maintenant ils en ont moins besoin car ils sont devenus producteurs”, a expliqué à l’AFP Alix Choppin de Granvy, responsable de la communication d’Arqana.

Il reste que l’attrait des courses hippiques, longtemps dominé par l’Europe, avec l’Angleterre, l’Irlande et la France, gagne maintenant l’Australie et l’Asie. Pour l’anecdote, ce sont des Japonais qui ont acquis dimanche, pour 160.000 euros, un yearling d’un éleveur bien connu en Normandie, le président de la région Hervé Morin, ancien ministre de la Défense du président de droite Nicolas Sarkozy.

Record des ventes de yearlings de Deauville

Le prix moyen de la vente de yearlings de Deauville, destinés aux plus grandes courses de galop, s’est établi cette année à 166.409 euros (+9%), “un niveau jamais atteint”, a indiqué la société Arqana, organisatrice des enchères.

Le chiffre d’affaires de ces ventes, qui se sont déroulées sur trois jours, de samedi à lundi, a été de 38,875 millions d’euros, en recul de 4% par rapport à 2016. “Une baisse expliquée par un catalogue plus resserré”, avec 35 yearlings de moins présentés aux enchères, a expliqué Arqana dans un communiqué.

Les plus gros vendeurs de cette édition 2017 ont été le haras des Monceaux (Calvados), avec un total de 9,6 millions d’euros pour 33 yearlings, soit un prix moyen de 290.818 euros. Le haras d’Etreham (Calvados), plus gros élevage français, arrive en deuxième position, avec 2,76 millions pour 14 yearlings vendus. Les trois plus gros acheteurs ont dépassé les 2 millions d’euros. Arrive en tête la société Shadwell France, qui appartient à Hamdan Al Maktoum, frère de cheik Mohammed, émir de Dubaï, avec 2,4 millions pour neuf “produits” achetés.

Est classée en deuxième position l’association du Sud-africain Mayfair Speculators et de l’Irlandais Coolmore avec une dépense globale de 2,35 millions pour trois poulains. Kerri Radcliffe Bloodstock pointe en troisième position, avec 2,03 millions pour seulement deux yearlings, dont le “top price”, qui a atteint 1,55 million pour un poulain fils de l’étalon vedette Dubawi et de la pouliche Giofra. Cette représentante de Phoenix Thoroughbreds, un fonds d’investissement basé au Luxembourg, acteur récent du milieu hippique, a été la vedette des ventes. Au niveau des étalons, les plus rémunérateurs ont été Dubawi (prix moyen de 725.000 euros par yearling dont il est le père), puis Galileo (517.800) et Shamardal (425.000).

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