Le bénéfice de Solvay dépasse le milliard

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Le groupe chimique affiche un bénéfice en hausse de 71% et atteint ses objectifs financiers avec un an d’avance. Il va désormais se concentrer sur l’amélioration de ses performances internes, ce qui va sans doute se traduire par des pertes d’emplois administratifs.

Mercredi, Jean-Pierre Clamadieu a présenté pour la dernière fois les résultats annuels de Solvay. Il présidera en effet le conseil d’Engie à partir du mois de mai. Il ne restera chez Solvay que le temps de trouver un successeur, soit quelques mois et dira alors définitivement adieu au groupe chimique qu’il aura dirigé pendant six ans.

Un profil modifié

Six années au cours desquelles le profil de Solvay a bien changé. Lorsqu’on lui demande ce dont il est le plus fier, Jean-Pierre Clamadieu répond : “c’est d’avoir positionné le groupe dans les matériaux avancés”, ces nouveaux matériaux composites employés dans l’aéronautique ou l’automobile, mais aussi les batteries ou les équipements médicaux. À ce titre, l’acquisition du groupe américain Cytec (qui fabrique notamment des composants du chasseur F-35 de l’armée américaine… et peut -être prochainement de l’armée belge), réalisée en 2015, aura été une opération-clé.

La division “advanced materials” représente désormais 43% du chiffre d’affaires de Solvay, qui a atteint 10,1 milliards d’euros l’an dernier (une hausse de 5,8% par rapport à 2016) et devrait afficher une croissance à deux chiffres cette année. La deuxième grande activité, “advanced formulations”, qui abrite la fabrication de produits utilisés dans l’industrie pétrolière pour aider à produire l’huile de schiste, dans l’industrie minière pour améliorer l’extraction de minerais ou dans l’agriculture pour améliorer les performances des fertilisants, représente un peu moins de 30% des ventes. Et le solde du chiffre d’affaires est réalisé sur des produits plus classiques : soude et peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée)…

Un bénéfice de plus d’un milliard

L’an dernier, Solvay a réalisé un bénéfice de 1,06 milliard, en hausse de 71% par rapport à 2016. Mais une partie de ces résultats est à attribuer à la cession de certaines activités. C’est pour cela que Solvay préfère parler de ses résultats sous-jacents, qui reflètent mieux la marche opérationnelle. Et ces résultats sont très bons : le résultat opérationnel (ebitda sous-jacent) dépasse les 2,2 milliards (une hausse de 7,5% sur un an) et la marge opérationnelle atteint un niveau impressionnant de 22%. “Nous avons atteint nos objectifs avec un an d’avance”, résume le directeur financier du groupe, Karim Hajjar.

Du coup Solvay annonce un dividende de 3,60 euros, en hausse de 4,3%

Pour 2018, le groupe prévoit une nouvelle croissance de son ebitda entre 5 et 7%, mais cela dépendra évidemment du taux de change. “Cela reste un défi pour nous, explique Jean-Pierre Clamadieu. Nous ne couvrons pas les opérations de conversions en euros des profits réalisés en dollars ou en autres devises”, dit-il. Du coup, lorsque, comme l’an dernier, l’euro fluctue entre 1,06 et 1,24 dollar, les profits exprimés en euros peuvent évidemment évoluer significativement.

Pour Jean-Pierre Clamadieu, le futur à court et moyen terme de Solvay n’est plus dans les grandes acquisitions. D’autant que les cibles deviennent de plus en plus chères, en raison notamment de la politique fiscale américaine qui, outre qu’elle injecte une certaine dose d’incertitude sur la manière dont seront traitées les importations aux États-Unis, ramène dans les trésoreries des entreprises américaines des sommes importantes qui devraient être en partie utilisées pour des achats. Et cela fait évidemment monter les prix des cibles potentielles.

Moins d’emplois administratifs

Solvay va se concentrer sur l’intégration de ses acquisitions, et cela passe, annonce Jean-Pierre Clamadieu, par une simplification des processus, afin de répondre plus rapidement et plus efficacement aux demandes des clients. Le groupe désire alléger les équipes de certains travaux administratifs. Cela devrait se traduire par des suppressions d’emplois dans les “back office”. Le management de Solvay ne désire pas s’exprimer sur le sujet pour l’instant, mais une annonce devrait être faite à la fin du mois de mars.

Pour ce qui concerne plus spécifiquement le siège bruxellois de Neder-over-Heembeek, le patron de Solvay a confirmé les divers projets en cours : le renforcement d’un centre de recherche, avec la création imminente d’un laboratoire dédié aux matériaux avancés, la construction d’un nouveau siège qui remplacera les anciens bâtiments (le processus est lancé) et le projet de réaliser, en collaboration avec des partenaires extérieurs ,telles les universités, un campus technologique….

Et Engie ? Quelle est la vision de Jean-Pierre Clamadieu du futur de la maison-mère d’Electrabel ?”Trop tôt pour en parler”, répond-il. Et il ajoute en clin d’oeil : “le seul dossier nucléaire belge est déjà très complexe et va demander beaucoup d’attention…”

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