Lampiris quitte la Febeg

Coup de tonnerre à la Fédération belge des entreprises électriques et Gazières : le fournisseur liégeois d’énergie verte fait sécession. D’autres pourraient lui emboîter le pas. Pour créer une fédération alternative ?

Mais quelle mouche a piqué Lampiris ? Début juillet, le fournisseur d’énergie a quitté la Fédération belge des entreprises électriques et gazières (Febeg). Membre depuis 2007, Lampiris justifie cette décision par de nombreuses divergences. “Notre vision du secteur et du marché était de plus en plus divergente, confie Bruno Venanzi, l’administrateur délégué. Au niveau environnemental par exemple, la Febeg n’a de cesse de soutenir la filière nucléaire, alors que nous privilégions l’énergie verte…”

Au-delà de ce désaccord, le fournisseur invoque le fait que sa stratégie commerciale et sociale n’est plus en adéquation avec les vues de la fédération. “La commission paritaire du secteur est intenable pour les nouveaux entrants, pointe Bruno Venanzi. Par exemple : la réduction de 30 % sur la facture d’énergie offerte aux employés du secteur est discriminatoire, car calculée sur les volumes. C’est-à-dire que celui qui dépense le plus, retouchera plus ! Mon idée était d’alimenter un fonds spécifique afin d’aider les employés ayant des difficultés pour payer leurs factures d’énergie et ensuite, de redistribuer le solde à la fin de chaque année sous forme de bonus. Aborder cette problématique au sein de la fédération est une bombe sociale. J’ai décidé de lancer ce fonds au sein de Lampiris.” En outre, “les groupes de travail de la Febeg sont gourmands en ressources humaines ; dès lors, avec notre centaine d’employés, il nous était difficile de faire entendre notre voix et de défendre nos intérêts”, estime l’administrateur délégué.

Ce rapport de force, on le retrouve sur le marché (les opérateurs historiques tels qu’Electrabel et Luminus représentent encore entre 70 à 85 % du marché de l’électricité et jusqu’à 96 % du marché du gaz) et par ricochet au sein de la Febeg. Car le financement de cette dernière provient des cotisations de ses membres. Cette participation financière est calculée en fonction du nombre d’employés au sein de chaque énergéticien. Si la participation financière de Lampiris s’élève à 19.000 euros, c’est sans surprise Electrabel qui, avec une cotisation de 1,5 million d’euros l’an dernier, fournit l’essentiel du budget de la Febeg _ s’élevant au total à 2,3 millions d’euros. De là à dire que la Febeg est le porte-voix d’Electrabel, c’est un pas que le pilote de Lampiris ne franchit pas.

Ne partageant plus les vues de la Febeg, difficile pour Lampiris d’abonder dans le discours commun qui doit être tenu par les membres. D’où ce départ avec fracas. Une démarche isolée, voire marginalisée ? Pas si sûr. Depuis lors, d’autres petits fournisseurs et producteurs ont signalé qu’ils pourraient suivre la démarche de Lampiris. Mais en s’excluant de la Febeg, comment Lampiris compte-elle influencer les choses ? “Nous envisageons de créer une fédération alternative”, assure Bruno Venanzi. De quoi augurer une crise interne à la Febeg ?

Valéry Halloy

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