Lafarge en Syrie: perquisitions à Bruxelles et Paris

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Une perquisition a eu lieu mardi au siège parisien de Lafarge, soupçonné d’avoir indirectement financé des groupes jihadistes en Syrie, dont l’Etat islamique, tandis que GBL, la holding d’Albert Frère, actionnaire du cimentier, a aussi été visé en Belgique.

Une perquisition a eu lieu au siège de Groupe Bruxelles Lambert, la holding d’Albert Frère qui détient 9,4% du capital de LafargeHolcim, ainsi qu’au domicile de son co-CEO, Gérard Lamarche, ont rapporté plusieurs médias. L’information a été confirmée par le parquet fédéral qui a assuré que M. Lamarche n’avait pas été interpellé. GBL a elle aussi confirmé dans un communiqué avoir fait l’objet d’investigations, soulignant “coopérer pleinement” avec la justice dans cette affaire.

“Les enquêteurs cherchent à savoir si Groupe Bruxelles Lambert aurait pu être au courant des agissements du cimentier en Syrie”, d’après la source proche de l’enquête.

Une perquisition a également eu lieu au siège parisien de Lafarge.

Malmené à la Bourse de Paris à la suite de ces informations, le titre LafargeHolcim a clôturé en baisse de 1,95%.

Les investigations, menées en France depuis juin par trois juges d’instruction, s’attachent à déterminer si Lafarge a transmis de l’argent à certains groupes, notamment l’EI, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya (nord du pays).

Les enquêteurs cherchent aussi à savoir si des responsables du groupe en France avaient eu connaissance de tels accords et du danger qu’ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place.

“LafargeHolcim rappelle qu’il a condamné avec la plus grande fermeté les erreurs commises en Syrie et qu’il met tout en place pour qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire. Le dossier a été traité avec le plus grand sérieux au sein de la société qui a chargé dès 2016 un cabinet d’avocats de procéder à une enquête indépendante”, a réagi le groupe dans une déclaration transmise mardi soir à l’AFP

Le scandale avait été révélé en juin 2016 par une enquête du journal Le Monde, qui avait mis en lumière de “troubles arrangements” entre Lafarge Cement Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l’organisation État islamique alors que le groupe jihadiste gagnait du terrain et devenait incontournable dans la région.

Deux mois plus tard, le ministère de l’Économie avait déposé plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ).

Dans son rapport, dont l’AFP a eu connaissance, le SNDJ conclut que LCS a “effectué des paiements aux groupes jihadistes” pour que la cimenterie continue à fonctionner.

Cela représentait pour l’EI “de l’ordre de 20.000 dollars” par mois, a relaté Bruno Pescheux, directeur de la cimenterie de 2008 à 2014, devant les enquêteurs du SNDJ, d’après une source proche du dossier.

Selon le SNDJ, la direction française du groupe “a validé ces remises de fonds en produisant de fausses pièces comptables”.

Les enquêteurs soupçonnent aussi LCS de s’être, sous couvert de faux contrats de consultants, approvisionné en pétrole auprès de l’EI qui avait pris, à partir de juin 2013, le contrôle de la majorité des réserves stratégiques en Syrie.

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