La privatisation de Proximus n’emballe ni Leroy, ni De Clerck

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L’administratrice déléguée de Proximus, Dominique Leroy, et le président du conseil d’administration, Stefaan De Clerck, n’ont pas manifesté d’enthousiasme mardi à l’égard d’une privatisation de l’opérateur téléphonique devant la commission de l’Infrastructure de la Chambre.

Une modification de l’actionnariat de Proximus, détenue à 53% par l’Etat, relève d’une décision politique, ont souligné les dirigeants de l’entreprise. Tant Mme Leroy que M. De Clerck ont toutefois mis en garde les députés contre les conséquences d’une privatisation. “S’il (le gouvernement) veut vendre, il doit être conscient des conséquences de la vente”, a expliqué Mme Leroy.

Une telle opération absorbera l’énergie de l’entreprise dont les responsables devront passer leur temps à discuter avec les partenaires sociaux et les investisseurs privés plutôt que de se consacrer au “business” de Proximus. “Il est difficile aujourd’hui d’imagier quelle serait l’utilité. Je ne vois pas aujourd’hui de valeur ajoutée”, a dit pour sa part M. De Clerck, en insistant sur le nombre de travailleurs employés par Belgacom (14.000), le rôle social de l’entreprise, les taxes, cotisations, dividendes et autres (1,7 milliard d’euros) rapportés par Proximus à l’Etat ou encore les investissements matériels consentis par l’entreprise.

Mme Leroy n’exclut pas un actionnaire disposant d’une minorité de blocage mais elle redoute un actionnaire instable qui n’aurait pas la volonté d’investir durablement. Et de citer le cas de la société Altice, qui a racheté récemment les télécoms portugais. Un tel opérateur n’a d’intérêt que financier, selon elle. “Faisons quand même attention au modèle que l’on veut”, a-t-elle ajouté.

La patronne de Belgacom a aussi jeté un sort aux sirènes de l’internationalisation. Actuellement, la quasi-totalité des opérateurs télécom européens se replient sur leur marché domestique à la suite d’opérations peu fructueuses. “Attention aux banques internationales: elles veulent des deals parce que que sur les deals, elles tirent des commissions”, a-t-elle dit.

La CEO de Belgacom a insisté sur l’importance du saut d’index, en débat à la Chambre, pour son entreprise. Elle en a évalué l’impact à 25 millions d’euros alors que des discussions sont en cours avec les syndicats sur une réduction de la charge salariale de Proximus. Celle-ci représente 32% des coûts de l’entreprise pour une moyenne européenne dans le secteur de 24%. D’ici 2018, Mme Leroy entend ramener la proportion à 29%. “Pour le moment, cela se déroule en bonne intelligence et dans la paix sociale”, ont affirmé Mme Leroy et M. De Clerck.

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