“La pratique fait penser aux régimes autoritaires”, Accent Jobs se défend

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La société de ressources humaines Accent Jobs, qui compte un réseau de quelque 260 agences d’intérim en Belgique, appelle ses travailleurs à ne pas participer aux élections sociales.

Si l’entreprise ne doit pas organiser d’élections sociales ni mettre en place de conseil d’entreprise, chaque travailleur se verra octroyer un jour de congé supplémentaire et un smartphone, rapporte lundi soir VTM dans son journal télévisé.

Accent Jobs emploie environ 1.500 personnes. En principe, toute entreprise de plus de 50 travailleurs doit organiser, tous les quatre ans, des élections sociales. Mais si aucun candidat ne se présente, l’entreprise n’est pas en mesure de mettre en place un conseil d’entreprise.

“La pratique fait penser aux régimes autoritaires”

“Cela fait penser aux régimes autoritaires en vigueur dans certains pays, où les candidats et les électeurs sont mis sous pression par le biais de la corruption et du chantage pour saboter les élections”, a réagi ce mardi la parlementaire Meryame Kitir (sp.a). Le parti d’opposition va introduire une proposition pour sanctionner plus facilement cette forme de sabotage.

“Les droits des travailleurs jetés aux oubliettes au profit de l’entreprise. C’est moralement répréhensible”, a estimé, furieuse, la parlementaire sp.a, ajoutant qu’Accent Jobs avait été élu douze fois meilleur employeur de l’année. Selon elle, l’appel au boycott est un sabotage implicite du droit fondamental au dialogue social dans les sociétés.

“Ce genre de pratiques ne va pas”

L’appel au boycott d’Accent Jobs est surprenant mais pas illégal, selon VTM.

Le syndicat socialiste est furieux à l’égard de cet appel au boycott.

Le ministre de l’Emploi Kris Peeters ne voit pas non plus la chose d’un bon oeil. “Ce genre de pratiques ne va pas”, estime le ministre, qui évoque l’envoi d’inspecteurs de l’administration.

“L’entreprise n’en est pas à son coup d’essai”

Accent Jobs utilise, depuis des années, tous les moyens possibles pour garder les syndicats hors de ses murs, a réagi mardi Robert Veekman (LBC). “Ils n’en sont pas à leur coup d’essai”, a-t-il ajouté.

La même situation s’était présentée lors des précédentes élections sociales, a affirmé le représentant du syndicat chrétien qui espère que l’enquête annoncée par le ministre de l’Emploi Kris Peeters portera ses fruits.

Si les représentants des travailleurs ont réagi vivement, c’est par contre silence sur toute la ligne du côté patronal. Ainsi, ni la Fédération des Entreprises de Belgique, ni la fédération sectorielle Federgon n’ont souhaité commenter le sujet.

Il faut dire que l’affaire tombe à un moment délicat, alors que les partenaires sociaux se réunissent ce mardi après-midi, sans doute au finish, pour tenter de conclure un gentlement’s agreement déterminant notamment ce qui est permis ou pas en cas de conflit social.

“Toutes les procédures légales sont bien respectées”

“Toutes les procédures légales concernant les élections sociales sont bien respectées et suivies. Chaque collaborateur a la possibilité de se présenter comme candidat et/ou de voter pour un candidat” aux prochaines élections sociales, s’est défendu Accent Jobs.

“Le jour des élections est officiellement fixé au 21 mai 2016, mais se déroulera en pratique le dernier jour ouvrable de cette semaine-là, soit le vendredi 20 mai 2016”, précise encore l’entreprise qui assure qu’elle accueillera “avec confiance” un contrôle éventuel de l’inspection sociale du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale.

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