“La guéguerre belge à la con” profite aux aéroports étrangers

Jean-Jacques Cloquet © Belga

Pour Jean-Jacques Cloquet, l’administrateur délégué du Brussels South Charleroi Airport (BSCA), les aéroports de Charleroi et de Bruxelles ont un potentiel important, “mais si on ne le développe pas, ce sont les aéroports étrangers qui profiteront de notre guéguerre à la con”, a-t-il déclaré mardi midi, au cours d’un déjeuner au Cercle de Lorraine.

“Ensemble, Brussels Airport et BSCA ont une zone de chalandise de 40 millions de personnes. Il pourrait y avoir des synergies et on pourrait travailler intelligemment sur le long terme, mais il y a une guerre idiote qui profite déjà aux autres aéroports”, a précisé le CEO de BSCA selon qui, évidemment, “le harcèlement vient de Bruxelles”.

“Ils ont des actionnaires anglo-saxons et mènent donc une politique jusqu’au boutiste typiquement anglo-saxonne”, a-t-il poursuivi en évoquant les multiples recours introduits par l’aéroport bruxellois contre BSCA pour concurrence déloyale. Dernier rebondissement en date: le 29 novembre dernier, Brussels Airport – dont l’administrateur délégué a pourtant récemment affirmé ne pas être opposé à une entrée dans le capital de BSCA – a demandé une intervention en soutien à la Commission européenne devant le tribunal de l’Union européenne afin de s’opposer au recours de la Sowaer qui conteste la révision à la hausse de la redevance aéroportuaire à Charleroi.

Pour rappel, la Commission reproche à la Région wallonne et à la Sowaer d’accorder une aide d’Etat déguisée à BSCA via une redevance d’utilisation des infrastructures aéroportuaires ne correspondant pas aux prix du marché. La Commission européenne a donc condamné la société gestionnaire de l’aéroport carolo à rembourser 6 millions d’arriérés de redevance et a fixé celle-ci à 15 millions d’euros à partir de 2015, contre 3 millions d’euros précédemment.

“Cette décision nous a poussés à revoir notre projet de nouveau terminal, qui est passé d’un budget de 80 millions d’euros à un budget de 15 millions”, a encore pointé Jean-Jacques Cloquet.

“Si nous arrêtions le nombrilisme, nous pourrions tous nous développer”, a-t-il ajouté. A terme, BSCA, qui a attiré en 2016 quelque 7,3 millions de passagers, espère en accueillir 15 millions, grâce notamment au développement de liaisons internationales via des compagnies telles que Pegasus ou Belavia. Initialement entièrement dépendant de Ryanair, qui est présent à Charleroi depuis 1997, l’aéroport carolo est parvenu ces dernières années à attirer quatre compagnies supplémentaires “et nous sommes en discussions avec cinq autres”, a enfin indiqué le CEO de BSCA.

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