“La grève est un échec !” : le cri de victoire des patrons

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La grève générale de lundi ne semble pas avoir totalement paralysé le monde belge de l’entreprise. Les fédérations patronales poussent un cri de victoire… tout en dénonçant une injustice résumée dans cette formule de l’UWE : “Beaucoup de blocages, peu de grévistes”.

UWE : “Beaucoup de blocages, peu de grévistes”

L’Union wallonne des entreprises, dans un communiqué diffusé lundi après-midi, a pris des accents triomphants : “Il est clair que ni l’activité économique ni les services publics n’ont été complètement paralysés ce 30 janvier. On lira cependant et on entendra, à n’en pas douter, que la grève est un grand succès. Ce n’est pas le cas, contrairement à ce que peuvent laisser croire les informations entendues à la radio.”

La satisfaction du patronat wallon n’est toutefois pas totale : “Il n’en reste pas moins qu’un chiffre d’affaires important a été perdu par nos entreprises, sans profit pour qui que ce soit. Fidèles à leurs méthodes, les syndicats ont bloqué les transports en commun, quelques zonings industriels et nombre de grandes entreprises afin de forcer de nombreux travailleurs à la grève et de créer l’impression d’un mécontentement généralisé.”

Or, “dans sa très grande majorité, la population n’a pas suivi, comprenant la nécessité de mesures politiques de rigueur afin de préserver l’avenir. L’UWE s’en réjouit et remercie les nombreux travailleurs qui ont exercé normalement leurs activités ainsi que les nombreux agents des services publics qui ont rempli leur mission.”

UCM : “Peu de grévistes, trop d’abus”

L’Union des classes moyennes constate, dans un communiqué diffusé un peu plus tôt dans l’après-midi, que “l’appel à la grève des syndicats n’est guère suivi dans les PME. Les salariés sont très généralement au poste dans les commerces, les services, l’industrie, auprès des artisans ou des titulaires de professions libérales. Seules les PME situées dans les zonings bloqués par les grévistes ou victimes de piquets sont à l’arrêt forcé.”

Détail piquant, l’UCM elle-même se dit victime de ces abus : “Des délégués syndicaux ont bloqué totalement son siège principal à Namur (Wierde). Le travail a été perturbé dans d’autres sièges comme à Liège, où les employés n’ont pu prendre leur travail qu’avec deux heures de retard. Le blocage complet de Namur retardera le paiement de certains salaires et prive les indépendants et PME de services dont ils ont besoin pour l’existence de leur entreprise.”

L’UCM “ne peut accepter les entraves à la circulation et le blocage de l’économie. Une minorité ne peut pas empêcher, par la contrainte, la majorité de travailler. La liberté de circuler est un droit fondamental des citoyens. Cette grève inutile nuit au climat social et à la concertation, comme elle nuit gravement au développement économique et à l’emploi.”

Agoria : “Beaucoup d’entreprises fonctionnent presque normalement

Beaucoup d’entreprises de services ont fonctionné presque normalement aujourd’hui, annonçait la fédération technologique Agoria dès la mi-journée : “Les employeurs et les travailleurs avaient pris des arrangements concernant le travail à domicile.” Agoria estime ainsi qu’il y a trois fois plus de télétravailleurs ce lundi qu’un jour de travail normal.

C’est en Wallonie et à Bruxelles que l’impact est le plus grand, estime Agoria. En Flandre (lire ci-après), les actions syndicales restent essentiellement limitées à des barrages filtrants mis en place par des grévistes à l’entrée des entreprises, souligne encore la fédération : “Toutefois, la combinaison de ces barrages et de l’absence de personnel (ouvrier) entraîne une paralysie totale de la production dans de nombreuses entreprises (surtout de plus grande taille, à quelques exceptions près) de Flandre aussi.”

Voka : les entreprises de Flandre disent subir peu de perturbations

La grève générale semble n’avoir provoqué que peu de perturbations sur les entreprises du nord du pays. Le mort d’ordre syndical visant à ne pas fermer de zonings industriels a dans l’ensemble été bien respecté, a apprécié Jo Libeer, administrateur délégué du Voka, sur base de la consultation d’un millier d’entreprises.

Selon la fédération patronale flamande, aucun travailleur n’a fait grève dans 75 % des entreprises interrogées. En outre, pour 94 % d’entre elles, l’accès à l’entreprise n’a pas été entravé. Seules 18 % des sociétés interrogées ont souffert d’une baisse de production ou d’une diminution des services et 15 % ont rencontré des problèmes avec des fournisseurs ou sous-traitants.

SNI : seules 8 % des sociétés disent avoir été confrontées à des grévistes

Le Syndicat neutre pour indépendants rapporte enfin, sur base de la consultation de 412 entreprises, des conclusions semblables à celles du Voka : les perturbations provoquées par la grève sur les PME et TPME sont restées limitées. Seulement 8 % des sociétés interrogées disent avoir été confrontées à des grévistes.

Les PME et très petites entreprises n’ont toutefois pas tourné à plein régime. En moyenne, 17 % du personnel a en effet pris un jour de vacance principalement en raison de l’absence de transport public.

Trends.be

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