La grande exportation booste l’industrie alimentaire belge, fragilisée chez elle

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Le chiffre d’affaires de l’industrie alimentaire belge a augmenté en 2016 de 2,9%, a annoncé mercredi la fédération sectorielle Fevia lors de la présentation de son rapport annuel. L’évolution positive est cependant à nuancer, car elle est poussée par les exportations lointaines, tandis que la consommation domestique est en baisse d’1,7%.

Globalement, le secteur a de quoi se réjouir. Son chiffre d’affaires a atteint l’an dernier près de 50 milliards d’euros. Ses exportations étaient également en hausse de 4,3%, à plus de 23 milliards, tandis que la balance commerciale était toujours positive de 3,7 milliards d’euros. Le secteur peut également se targuer d’avoir vu croître son volume d’emploi de 0,7%, à 89.043 jobs, représentant 73.884 équivalents temps-plein.

2016 a en outre été une année record en matière d’investissements pour l’alimentaire belge, avec 1,6 milliard d’euros investis (+10,5%). “Mais il ne faut pas se leurrer”, nuance le président Jean Eylenbosch. “Nous sommes conscients des faiblesses que nous avons.” Si les exportations lointaines connaissent une hausse importante, notamment vers les Etats-Unis (+14,5% à 614 millions d’euros) et la Chine (+26% à 205 millions d’euros), les exportations vers les pays voisins sont en baisse.

Celles vers le Royaume-Uni ont déjà diminué de 1,7% depuis l’annonce du Brexit. “C’est une baisse déjà importante, mais ce n’est peut-être que le début”, pointe le conseiller économique Pieter Weyn. “La probabilité d’un hard Brexit est une vraie menace sur les exportations”, alors que le Royaume-Uni est l’un des premiers partenaires commerciaux du pays. Mais le secteur fait surtout grise mine en ce qui concerne les ventes domestiques. “Il y a clairement un problème sur le marché belge, qui enregistre pour la première fois depuis 2009 une baisse des ventes d’1,7%”, confirme Pieter Weyn. “Les achats transfrontaliers et la concentration accrue de la distribution sont les coupables”, affirme de son côté le directeur général Chris Moris. “En raison d’une accumulation de taxes et de redevances, les achats transfrontaliers ont augmenté de 7,8% en 2016”, déplore-t-il.

Autre point qui grève la compétitivité de l’industrie: le handicap salarial. “Quoi qu’on en dise, il n’est pas compensé”, indique Pieter Weyn. “Il était encore de 17,5% en 2016, même s’il a enregistré une importante baisse” cette année-là, entre autres “grâce au tax shift”. Pour la fédération, il est évident que de nouvelles mesures dans la lignée de celles entreprises par le gouvernement Michel seront nécessaires. Pour maintenir le cap, le secteur appelle les dirigeants européens à le placer dans les priorités lors des négociations sur le Brexit. Aux autorités fédérales, la Fevia souligne qu’elle “est consciente de la difficulté du contexte budgétaire actuel”, mais estime qu’elle fait déjà sa part du boulot. “Avec ce millefeuilles de taxes, notre contribution finale aux caisses de l’Etat est de 6,5 milliards”, affirme le président de la section wallonne Guy Paternoster.

Le secteur est donc totalement opposé à de nouvelles taxes sur la consommation, et appelle à aller encore plus loin dans le tax shift. Du côté des Régions, “il faut faire quelque chose en matière énergétique, cela devient insupportable”, supplie le président national Eylenbosch. Selon les calculs de la Fevia, le surcoût de la facture d’électricité a augmenté depuis 2009 de 337% en Wallonie et de 420% en Flandre. Enfin, le secteur réitère son opposition à toute consigne sur les boissons et en appelle tout simplement au bon sens. “Nous plaidons pour créer un véritable mouvement de société parce qu’il faut que ce soit de la responsabilité de chaque individu. Il faut arrêter de se comporter comme des cochons, on ne fait pas en rue ce qu’on ne fait pas à la maison.” Il est temps “d’avoir le respect de soi, de son environnement et des autres”, conclut M. Eylenbosch.

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