La compagnie belge perdante sur tous les plans, selon un économiste

© Belga

Le rachat à 100% de Brussels Airlines par le groupe Lufthansa et son intégration progressive au sein d’Eurowings d’ici à 2018 ne constituent pas une bonne nouvelle, selon l’économiste, avocat et professeur à l’UCL Robert Wtterwulghe, qui se disait pourtant plus optimiste quant à cette opération avant d’en connaître les détails, communiqués publiquement jeudi.

“Nous sommes perdants sur tous les plans”, résume-t-il, s’étonnant que Brussels Airlines ne jouisse pas du même statut que les compagnies Austrian ou Swiss, elles aussi membres de la galaxie Lufthansa mais qui ont pu garder leur nom.

L’économiste, spectateur attentif du secteur aéronautique, estime que le message délivré jeudi n’est pas clair. “On a d’abord donné une information positive avec la conclusion de la reprise à 100%, suivie de la partie négative avec l’intégration dans Eurowings.” Cet adossement à la filiale de Lufthansa portera atteinte à la compagnie belge, prédit-il, faisant écho à sa réputation de low-cost.

“L’image de marque de Brussels Airlines -sur l’Afrique notamment-, qui est bonne et synonyme de haut de gamme, risque d’en pâtir. Cette opération va annuler toutes ses spécificités.” Si Eurowings devrait profiter de l’expérience du modèle hybride de Brussels Airlines, mêlant les spécificités des compagnies à bas coûts et classiques, pour progressivement évoluer vers une plate-forme paneuropéenne dotée d’un large réseau long- et court-courrier, Robert Wtterwulghe ne voit pas là une raison de faire disparaitre la marque belge. “Pas besoin de manger une société pour en copier son modèle! Ce n’est pas une justification plausible”, répond-il.

L”économiste pointe d’ailleurs une “discrimination stratégique très nette” entre la compagnie belge et Swiss ou Austrian, qui ont également été rachetées par le groupe Lufthansa mais qui n’ont pas été intégrées à Eurowings. “Cela va poser un certain problème au sein du personnel et pourrait en briser l’harmonie et la motivation”, pense-t-il. “Les Allemands ont-ils bien analysé la portée d’une éventuelle modification de nom? “, s’interroge-t-il encore. D’après le professeur à l’UCL, Brussels Airlines va disparaître dans un ensemble plus vaste, où le risque de dilution est élevé. “Les actionnaires belges y ont perdu: ils voulaient une entreprise nationale et elle ne le sera bientôt plus.”

“Que se passera-t-il après deux ans?”

Pour le personnel et les représentants syndicaux, l’avenir demeure un grand point d’interrogation. Nous n’avons reçu aucune garantie d’emplois, déplore Paul Buekenhout, président du syndicat chrétien LBC-NVK, pendant flamand de la CNE. Selon lui, lors de telles reprises, il y a beaucoup de “pièges”. “Le management allemand sera-t-il aussi dur avec le personnel à Bruxelles qu’il ne l’est chez lui? Serons-nous mis hors jeu face à d’autres groupes au sein de Lufthansa? Nous avons encore beaucoup de questions par rapport à cela.”

La CGSLB est du même avis et demande des garanties en matière d’emploi à court terme mais pas seulement. Elle s’inquiète en effet pour les sous-traitants de Zaventem concernés par l’opération de reprise. De manière générale, l’organisation se dit toutefois confiante pour l’avenir en la matière vu le plan d’investissements qui a été présenté jeudi aux travailleurs.

Thierry Vuchelen, secrétaire général adjoint pour la Flandre du syndicat libéral, appelle cependant les différents gouvernements belges à travailler sur une vision à long-terme, qui est indispensable à ses yeux pour que ce plan d’investissements porte ses fruits. “Depuis le départ du hub de DHL, nous en sommes demandeurs. L’attente de cette vision a déjà coûté de nombreux jobs à Brussels Airport”, constate-t-il.

Partner Content