La Belgique rate le coche de la création d’emplois internationaux

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Au niveau mondial, le nombre de nouveaux emplois dus à des investissements étrangers a augmenté l’an dernier d’un bon 10%, selon le bureau de consultance PLI. Mais la Belgique est tombée en disgrâce. Le nombre d’emplois créés, grâce à des investissements étrangers, a plongé de 19% dans notre pays.

L’économie mondiale revit, les investisseurs étrangers passent donc à l’action. L’an dernier, ils ont créé 1,2 million de nouveaux jobs au niveau mondial, 10% de plus qu’en 2015. C’est la plus forte croissance en dix ans, selon PLI (Plant Location International) dans un rapport qui vient de paraître. Plant Location International, dont le siège se trouve à Bruxelles, est une filiale du groupe américain IBM, dont la mission est d’aider les sociétés à choisir un lieu d’implantation dans le monde.

La Belgique va complètement à l’encontre de la tendance. Chez nous, le nombre d’emplois, créés grâce à des investissements étrangers, a dégringolé de 19% en un an. Au classement mondial, nous reculons de la 37e à la 43e place. “Le problème est connu”, commente Roel Spee, le directeur de PLI. “La Belgique est moins compétitive que d’autres pays européens. Nos coûts salariaux dénotent toujours.”

Cela explique notamment la fermeture de Caterpillar à Gosselies. Pourtant, ce site fonctionnait bien. Mais si une telle multinationale optimise mondialement, la Belgique se trouve alors exclue. Ces dernières années, l’industrie a été la plus grande victime, mais le secteur des services est aujourd’hui aussi touché, avec ING par exemple.

Cela pourrait pourtant être autrement. Dans un pays comme les Pays-Bas, les investisseurs étrangers ont créé 10% d’emplois supplémentaires l’an dernier. “Pour nos voisins du nord, c’est un record”, souligne Spee. “Tout comme Londres, les Pays-Bas attirent énormément d’investissements dans le secteur des technologies de l’information (ICT). La taille des projets d’investissement augmente également. Cela démontre que la modération salariale néerlandaise a fonctionné.”

Les autres pays européens performants sont la Tchéquie et la Pologne, qui ont vu le nombre d’emplois croître respectivement de 20 et 25%. La France recule, quant à elle, de 15%.

Au niveau mondial, l’Inde remporte la palme, avec 106.000 nouveaux jobs en 2016, soit une augmentation de 33%. Les Etats-Unis, qui étaient en tête il y a quatre ans, doivent se contenter de la deuxième place. Le nombre de nouveaux emplois dus à des investissements étrangers équivaut à un peu plus de 100.000, un recul de 8%. Le numéro trois est le Mexique, avec une croissance record de 100.000 nouveaux emplois, soit une augmentation de 25%.

Irlande

Le nombre d’emplois créés dit beaucoup sur l’engagement d’investisseurs étrangers, mais il ne fait pas de différence au niveau de leur valeur économique. Un centre de distribution crée par exemple beaucoup d’emplois, mais il a moins d’impact économique qu’une entreprise industrielle. C’est la raison pour laquelle PLI classe aussi les investisseurs étrangers en fonction de l’importance des connaissances et de la valeur ajoutée par employé. Dans cette liste, l’Irlande se trouve en tête, suivie du Danemark, Singapour et des Pays-Bas.

“Depuis des années déjà, l’Irlande obtient de très bons scores”, explique Spee. “Les sociétés des secteurs pharma et IT s’y plaisent particulièrement”.

Cela n’est-il pas dû au régime fiscal très avantageux pour les sociétés en Irlande ? “Cela joue aussi”, réagit Spee. “Mais l’enseignement est aussi une explication importante. Les autorités irlandaises étudient, conjointement avec le monde de l’enseignement et celui des entreprises, quels sont les emplois qui seront nécessaires au cours des années suivantes, afin de pouvoir adapter les formations en fonction. En conséquence, l’enseignement irlandais peut toujours fournir les personnes qualifiées. Singapour est également très fort dans ce domaine.”

Trump

Que réserve le futur ? Les investisseurs étrangers font largement dépendre leurs décisions des relations commerciales entre les pays, selon le rapport de PLI. Les trente dernières années, le monde a oeuvré à une libéralisation du commerce et des investissements, mais une fin à cette ouverture semble à présent se profiler. Cela engendre de l’incertitude dans le chef des investisseurs. L’an dernier, la Grande-Bretagne a par exemple connu une diminution des investissements étrangers, sans doute une conséquence de la décision de sortir de l’Union Européenne.

Dans d’autres parties du monde aussi, les échanges économiques internationaux se trouvent menacés, selon le rapport. Ainsi, les Etats-Unis adoptent une trajectoire plus protectionniste depuis l’arrivée de Donald Trump à la présidence. Il a notamment décidé de retirer son pays du Partenariat Transpacifique, un traité commercial entre un certain nombre de pays autour de l’Océan Pacifique. “Les conséquences des décisions britanniques et américaines, on peut déjà les observer dans les premiers chiffres de cette année”, remarque Spee. “Reste plus qu’à savoir si les investissements étrangers auront d’aussi bons résultats en 2017 qu’en 2016.”

Une deuxième tendance importante est la numérisation et l’automatisation, selon le rapport de PLI. Celle-ci allège la pression à produire dans des pays à bas salaires. Spee : “Les coûts salariaux deviennent moins importants pour les décisions d’investissement. Pour cette raison, ces sociétés peuvent s’établir plus près de leurs clients.”

Est-ce une bonne nouvelle pour la Belgique ? “Oui bien sûr, bien que vous ne verrez pas encore d’effets dans l’immédiat. Mais le mouvement est lancé.”

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