L’industrie française passe à l’étranger

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Selon l’économiste Elie Cohen, l’industrie française est en train de vivre “un grand décrochage” face à ses voisins britanniques et allemands. Problème de taille critique, de positionnement de produits, de compétitivité… les champions français sont à la peine.

Dernier exemple en date : Alstom, le fabricant de TGV, de turbines et d’équipements pour centrales électriques. Ses actifs sont convoités par le géant américain General Electric (qui a fait offre, avec la bénédiction des administrateurs d’Alstom, sur sa division énergie) et l’allemand Siemens (qui propose une double fusion, Siemens apportant sa branche transport au français et Alstom cédant sa branche énergie à l’allemand).

Déjà sauvé voici une dizaine d’années de la faillite par l’Etat français, Alstom, qui emploie environ 1.300 personnes en Belgique, est aujourd’hui une entreprise totalement privée, dont l’actionnaire principal est le groupe Bouygues (avec 29,3 % du capital). Mais le groupe se débat avec un problème d’endettement élevé (près de 3,5 milliards). Problème devenu urgent car Alstom n’a pas su redresser sa rentabilité ni se développer pour atteindre une masse critique suffisante pour contrer ses concurrents. Il se voit donc obligé de se séparer de certains bijoux de famille ou de se trouver un partenaire, plus grand et en meilleure santé (à l’heure de mettre sous presse, le choix entre GE et Siemens n’était pas fait).

Cela faute de trouver des investisseurs en France. L’épargne locale préfère en effet investir dans les assurances-vie et l’immobilier plutôt que dans ses industries. Telle une marguerite que l’on effeuille, la corolle industrielle française passe donc un peu, beaucoup à l’étranger : ces derniers mois, on apprenait que Justin Bridou était désormais une filiale du géant alimentaire chinois WH, que la Chine faisait aussi son entrée au capital de Peugeot, que Lafarge, après son mariage avec Holcim, serait une société suisse, et que Publicis, qui a uni sa destinée à celle de l’américain Omnicom, devrait voir également son siège quitter Paris.

Pierre-Henri Thomas

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