L’industrie alimentaire wallonne se développe mais redoute le protectionnisme

Un cheval de trait à la foire agricole de Libramont 2017. © Belga

L’industrie alimentaire du sud du pays a poursuivi sa croissance en 2016, en matière d’investissements, d’emploi et de production, mais s’inquiète de la montée du protectionnisme qui pourrait peser sur sa croissance future, ont indiqué lundi à la Foire agricole de Libramont les responsables de Fevia Wallonie.

Le nouveau rapport présenté par la fédération de l’industrie alimentaire montre qu’après une augmentation de 19% de ses investissements en 2015, l’industrie alimentaire wallonne a poursuivi sur son élan en 2016, avec une croissance de 12% de ses investissements, à un niveau record de 382 millions d’euros. Ces investissements ont concerné principalement les domaines de la transformation de la pomme de terre, la boulangerie-pâtisserie, les boissons, les chocolateries, la viande et les “ingrédients”.

Les autres tendances observées en 2016 sont à l’avenant pour le secteur agro-alimentaire wallon: +1,5% du chiffre d’affaires, à 8 milliards d’euros; +1,5% des exportations, à 4,26 milliards d’euros, pour une balance commerciale, en baisse mais qui reste toujours largement positive, à 831 millions d’euros (-7,8%); hausse de 4,4% de l’emploi, à 17.636 équivalents temps plein. Le secteur représente désormais près d’un travailleur industriel sur cinq du sud du pays.

“Locomotive”

De quoi faire dire au président de Fevia Wallonie, Guy Paternoster, que “l’industrie alimentaire wallonne est la locomotive de l’industrie wallonne”.

La hausse du chiffre d’affaires (+1,5%) n’a cependant pas été à la hauteur de la hausse de la production (+5%) l’an dernier, ce qui témoigne d’une pression sur les prix, palpable dans les produits laitiers, les produits à base de viande et le sucre. “Nous sommes soumis, comme les agriculteurs, aux fluctuations de prix. Nous souffrons aussi de la volatilité des prix. Nous avons un lien étroit avec les agriculteurs. Plus de la moitié des coûts de nos entreprises sont des coûts liés à la matière première”, souligne Guy Paternoster, alors qu’environ 60% des produits agricoles transformés en Wallonie sont produits par des agriculteurs belges.

Fevia Wallonie constate également que des menaces pèsent sur la croissance et au premier chef le “gastro-nationalisme” et l’augmentation du protectionnisme dans différents pays d’Europe, sans parler des Etats-Unis de Trump. Et la fédération sectorielle de prendre l’exemple du projet-pilote français d’étiquetage d’origine obligatoire pour la viande et les produits laitiers. Une initiative qui s’est aussitôt fait ressentir au niveau des exportations de produits laitiers wallons vers la France, en chute de 30% en moins d’un an. L’Hexagone est le premier marché d’exportation pour le secteur agro-alimentaire wallon et les produits laitiers sont le premier sous-secteur d’exportation.

Fevia Wallonie pointe également d’autres “freins” qui empêchent la locomotive de l’industrie alimentaire wallonne “de devenir un TGV”, comme les coûts énergétiques trop élevés en Belgique, le handicap salarial, la redevance kilométrique, “l’accumulation de taxes et accises” et les achats transfrontaliers. A cet égard, les achats transfrontaliers d’alimentation et en boisson de la Belgique ont augmenté de 7,8% en 2016 et de 52% depuis 2008. Les achats transfrontaliers belges en France ont même triplé depuis 2008.

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