L’étau se resserre sur l’ex-patron de Volkswagen Martin Winterkorn

Martin Winterkorn © AFP

L’étau s’est resserré vendredi sur l’ancien patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, désormais soupçonné de fraude par la justice allemande dans le scandale des moteurs truqués du constructeur automobile allemand.

“En raison des résultats actuels de l’enquête (déjà en cours, ndlr), le nombre des personnes inculpées a été augmenté de 21 à 37 désormais. Parmi elles, se trouve Martin Winterkorn”, a déclaré le parquet de Brunswick (nord de l’Allemagne) dans un communiqué. Le nom des autres personnes visées par l’enquête n’a pas été communiqué.

Aux commandes de Volkswagen de 2007 à 2015, Martin Winterkorn avait quitté la tête du géant automobile de Wolfsburg peu de temps après qu’il eut été révélé de manière fracassante, en septembre 2015, que les moteurs de onze millions de voitures dans le monde avaient été équipés d’un logiciel permettant de les faire paraître moins polluantes qu’ils ne le sont en réalité.

Malgré son départ provoqué par l’ampleur du scandale, Martin Winterkorn a toujours affirmé qu’il n’était au courant de rien. Une position réitérée la semaine dernière devant une commission parlementaire allemande.

Mais selon le parquet, les investigations menées, les données saisies par les enquêteurs ainsi que les auditions de témoins apportent des “éléments suffisants” laissant penser que M. Winterkorn a pu avoir eu connaissance de cette tricherie plus tôt qu’il ne l’affirme.

Aux Etats-Unis, où le scandale a éclaté, les autorités soupçonnent elles aussi l’ancien “M. Qualité” de Volkswagen, réputé pour son perfectionnisme, d’avoir su tout cela dès l’été 2015.

Perquisitions

Dans le cadre de l’enquête élargie du parquet de Brunswick, 28 endroits au total ont été perquisitionnés, dans le nord de l’Allemagne, non loin de Hanovre, entre les villes de Brunswick, Wolfsburg et Gifhorn.

Les lieux fouillés sont à la fois des habitations et des bureaux, a souligné le parquet, ajoutant que l’examen des pièces prélevées devrait maintenant durer plusieurs semaines.

Tout au début du scandale, un pataquès avait eu lieu quand le même parquet de Brunswick avait déjà dit ouvrir une enquête à l’encontre de Martin Winterkorn, avant de faire marche arrière et de dire que “les salariés responsables” de la manipulation étaient en ligne de mire, mais pas lui nommément.

Depuis en revanche, M. Winterkorn a bien déjà été visé par une enquête toujours en cours sur des soupçons de manipulation du prix de l’action et également conduite par le parquet de Brunswick.

La question est de savoir si la direction de Volkswagen a bien informé les marchés financiers du scandale en temps et en heure.

La chute de l’action du constructeur à la Bourse de Francfort avait été brutale dans les jours ayant suivi l’éclatement de l’affaire, les investisseurs du groupe y ayant laissé beaucoup de plumes. Le titre a depuis bien remonté la pente et, environ un an et demi après, il n’affichait plus qu’un recul d’environ 10% par rapport à avant le scandale.

Suspicion

Selon l’avis personnel de Ferdinand Dudenhöffer, directeur de l’institut de recherche sur l’automobile CAR, “Winterkorn avait été informé bien en amont et les actionnaires l’ont été trop tard”. La confirmation de cela pourrait encore alourdir la facture pour Volkswagen, dont les 18 milliards d’euros mis de côté pour répondre de ses agissements sont d’ores et déjà insuffisants.

Rien qu’aux Etats-Unis, et alors que la liste de poursuites en cours dans le monde est encore longue, le constructeur a plaidé coupable pour fraude et s’est engagé à verser presque 22 milliards de dollars au total de pénalités.

Si Volkswagen semble avoir en partie déjà tourné la page du dieselgate, avec des ventes record en 2016, un soupçon refait régulièrement surface : celui selon lequel l’inventeur de la Coccinelle, groupe auparavant connu pour son fonctionnement opaque et aux mains d’une poignée de personnes, ne chercherait pas vraiment à faire l’entière lumière sur le scandale.

Le départ annoncé jeudi de la directrice juridique Christine Hohmann-Dennhardt, arrivée il y a seulement un an pour justement mettre de l’ordre dans l’entreprise, n’a fait que nourrir cette impression. “C’est un mauvais signe pour VW (…), un signe que le changement de culture (au sein d’une entreprise) est un combat, qui se poursuit”, estime Ferdinand Dudenhöffer.

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