L’économie Internet à la traîne en Belgique

8,6 milliards d’euros soit 2,5 % du PIB, c’est la valeur qu’a représentée en 2009 l’économie Internet belge selon une étude réalisée par The Boston Consulting Group (BCG) pour le compte de Google.

Avec un tel résultat, notre pays n’est certainement pas le plus mauvais élève de la classe européenne mais, souligne les auteurs de l’étude, son retard par rapport aux pays les plus performants en la matière n’est pas mince. Le potentiel est grand mais des initiatives de soutien s’imposent si l’ “économie.be” veut quelque peu réduire le fossé à court terme.

Le Boston Consulting Group est arrivé au chiffre de 8,6 milliards d’euros sur base des dépenses totales consenties pour acquérir des biens finis et des services. La consommation via l’Internet constitue une part non négligeable (57 %) de ce montant. On peut ventiler cette consommation entre l’e-commerce qui s’adresse au marché des consommateurs (3,2 milliards d’euros) et les dépenses des consommateurs pour des services sur l’Internet ainsi que pour des biens d’équipement comme des ordinateurs ou des smartphones (1,7 milliard d’euros). En d’autres termes, une fois qu’ils sont en ligne, les consommateurs belges dépensent plus d’argent qu’ils n’en ont consacré à se mettre en ligne. Toutefois, leur schéma de dépenses en ligne semble plutôt modéré. En moyenne, l’internaute belge dépense annuellement 400 euros. Alors que les Néerlandais achètent en moyenne pour 600 euros, les Britanniques, pour 1.200 euros et les Danois, pour 1.700 euros.

Les 43 % restants des 8,6 milliards d’euros proviennent d’investissements, de dépenses publiques et d’importations nettes. Le statut d’importateur qu’a notre pays, est un autre indicateur manifeste du potentiel encore inutilisé. Pour chaque euro d’e-commerce de biens et de services que la Belgique exporte, il y a en effet 2,8 euros d’importations.

Comme Google n’a pas fait réaliser cette étude en Belgique uniquement, il est possible d’établir des comparaisons intéressantes avec les pays environnants. Au Royaume-Uni, l’économie Internet pèse 7,2 % du PIB et quelques pays scandinaves prestent bien également : en Suède, elle affiche 6,8 % et au Danemark, 5,9 %. Sans un petit coup de pouce supplémentaire, le BCG estime que notre économie Internet maintiendrait un rythme de croissance de 9 %. Une prestation qui, comparée à la croissance attendue du PIB de 3,8 %, n’est pas mauvaise mais est insuffisante pour combler le fossé. Cette croissance résulterait en une part de 3,5 % du PIB en 2015, ce qui reste en dessous du niveau que les Pays-Bas, par exemple, atteignaient déjà en 2009 (4,3 %).

“L’économie Internet belge peut devenir une force motrice importante pour notre économie en quête de croissance, déclare Filiep Deforche, senior partner et managing director auprès du BCG à Bruxelles. Il est cependant indispensable que les initiatives de soutien adéquates soient prises. Si nous portons le rythme de croissance à 15 % l’an, l’économie Internet pourra représenter 19,6 milliards d’euros en 2015 (soit 4,6 % du PIB). Soit – bien que l’Internet ne soit pas un secteur en soi – davantage que le secteur des services financiers et quasi aux alentours du secteur de la construction en Belgique.”

Reste à savoir quelles mesures de soutien pourraient faire une différence à terme. Le BCG estime qu’il faut agir à tous les niveaux mais surtout auprès des PME. “Tant les individus que les entreprises et les décideurs politiques devront entrer en action, explique Filiep Deforche. L’intérêt et la confiance du consommateur dans l’e-commerce et d’autres e-services peuvent être encore stimulés. Les entreprises, et surtout les PME, doivent mieux comprendre les possibilités du commerce en ligne et oser investir dans l’e-business. Enfin, les décideurs politiques comme les pouvoirs publics ou les organisations sectorielles doivent mieux informer, former et soutenir les consommateurs et les entreprises en ce qui concerne l’utilisation de l’Internet.”

Wouter Temmerman

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