L’avenir est au papier intelligent

David Tielemans, directeur général d'INNI GroupQuelque 80 % des parcs d'attractions européens font appel au savoir-faire de cette entreprise de Flandre-Occidentale. © DIETER TELEMANS

Qu’ont en commun des attractions touristiques comme l’Atomium, le Louvre, Legoland ou Madame Tussauds ? Leurs billets d’entrée sont imprimés à Heule, près de Courtrai. La société INNI Group y développe l’entreprise graphique du futur.

“Nous vendons nos solutions de billets dans plus de 20 pays et nous sommes leader du marché en Europe “, se réjouit David Tielemans (43 ans), administrateur et directeur général d’INNI Group. Cette activité représente 20 % du chiffre d’affaires du groupe graphique. Quelque 80 % des parcs d’attractions européens font appel au savoir-faire de cette entreprise de Flandre-Occidentale, mais aussi des clubs de football et des organisateurs de concerts et d’événements, tel Rock Werchter.

Mais le titre d’accès sur papier a-t-il encore un avenir à une époque où tout le monde se promène avec un smartphone ? ” Dans certains segments, absolument, réplique David Tielemans. Moi non plus, je n’imprime plus mes cartes d’embarquement. Mais nous misons sur la valeur ajoutée en intégrant davantage de caractéristiques sécuritaires dans les billets. ” Il cite l’exemple des tickets à antenne RFID (identification par radiofréquence) intégrée, qui permettent aux musées et aux parcs d’attractions de suivre avec précision le flux des visiteurs. ” Tout comme nous enrichissons l’impression commerciale à l’aide de données numériques, nos billets deviennent plus intelligents et plus sûrs. Pour croître, il faut innover. C’est le domaine du smart paper, le papier intelligent. Nous ajoutons des composants technologiques à nos produits d’impression, et ce faisant nous nous élevons dans la chaîne de valeur de nos clients. C’est là qu’est notre avenir. ”

Consolidation

Le secteur graphique, aux prises avec des volumes en baisse, est en phase de consolidation depuis un certain temps. Economies d’échelle et recherche de la rentabilité motivent les fusions et acquisitions d’un nombre croissant d’imprimeries. En 2014, UGA-Continuga, située à Heule s’allie à l’imprimerie Strobbe d’Izegem. Les deux entreprises familiales réunies donnent naissance à INNI Group et acquièrent en 2016 PurePrint, les activités d’impression du groupe Van Damme (Oostkamp). Le groupe graphique s’accorde pour le moment une pause en vue de l’étape suivante.

” Avec l’acquisition de PurePrint, l’objectif premier n’était pas de faire du volume, précise David Tielemans. Nous voulions avant tout nous doter de connaissances et de compétences supplémentaires pour nos activités d’impression commerciale. C’est le capital humain qui nous intéressait, bien plus que le volume. ” INNI Group emploie actuellement 135 personnes. La production est regroupée dans des installations modernes sur la zone industrielle de Heule. Le fournisseur d’électricité GreenPulse installera sous peu 2.000 panneaux solaires sur le toit de l’imprimerie. Le groupe familial a également un bureau dans le nord de la France, à Villeneuve d’Ascq.

Année électorale en prime

La plus petite division du groupe est la maison d’édition spécialisée dans la publication d’informations professionnelles dans divers domaines comme la prévention, l’environnement et la circulation routière. INNI Publishers génère environ 10 % du chiffre d’affaires du groupe.

Le marché a réappris à apprécier la valeur de l’imprimé.

INNI Group ne publie pas de résultats consolidés, mais selon David Tielemans, le chiffre d’affaires total de 2017 approchera les 22 millions d’euros. Les exportations y figurent pour 20 %, et leur part est en augmentation. ” L’export devrait atteindre 30 à 35 % de notre chiffre d’affaires. Nous couvrons un rayon de 800 kilomètres autour de Courtrai. La France est un marché porteur pour nous. Nous ciblons les entreprises dont la communication est centralisée et pour lesquelles la livraison de documents imprimés de qualité s’opère de façon décentralisée. Nous avons des clients pour lesquels nous livrons 1.500 points de vente toutes les deux semaines. Nous disposons pour cela d’une plateforme numérique hautement automatisée et d’une logistique rigoureuse “, assure David Tielemans. INNI Group travaille notamment pour l’enseigne d’électrotechnique Vanden Borre, le réseau français axé bâtiment et industrie Socoda et diverses chaînes en Belgique et en France.

Après des années de transition difficiles, INNI Group renoue avec le profit. ” Nous avons beaucoup investi au cours des trois dernières années. Pour la fusion, le déménagement, le changement de nom, les nouvelles machines et l’informatique, il a fallu pas moins de 16 millions d’euros. Mais nous avons vendu nos anciens bâtiments au centre de Heule et ce revenu exceptionnel compense les charges exceptionnelles de ces dernières années. ”

Pour l’exercice en cours, une année électorale, il table sur un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros. ” Cela fait déjà 70 ans qu’avec UGA (Uitgeverij voor Gemeente Administratie, traduisez imprimerie administrative pour les communes), nous imprimons des documents pour l’organisation des élections. Pas pour les partis politiques, mais pour les autorités. Lettres de convocation, bulletins de vote, mais aussi les formulaires des bureaux de dépouillement, entre autres. C’est un bon revenu supplémentaire. ”

L’imprimé n’est pas mort

La division INNI Print (livres, brochures, catalogues, calendriers, etc.) réalise environ 70 % du chiffre d’affaires. ” Très clairement, l’imprimé n’a pas dit son dernier mot. Pour la première fois depuis longtemps, nous observons qu’il est à nouveau bien présent dans le mix média, en tout cas pour le segment supérieur des catalogues et brochures. Les budgets marketing ont glissé vers la communication numérique, mais le marché a réappris à apprécier la valeur de l’imprimé. ”

David Tielemans fait remarquer qu’il est toujours possible de capter l’attention du client avec un catalogue de qualité. ” Mais on le fait différemment, explique-t-il. Il ne s’agit plus vraiment de produire un dépliant classique qu’on distribue en masse. Ce que nous avons maintenant, c’est une approche plus segmentée, avec une personnalisation sur la base des fichiers de données. ”

L’intégration numérique des données marketing est un axe prioritaire pour l’avenir d’INNI Group. En 2014, le groupe a acquis le français ROI lab, une entreprise technologique spécialisée dans les données marketing. ” Sans quantification, il n’y a pas d’amélioration. En exploitant les données marketing segmentées, ROI lab peut mettre en place et analyser des campagnes mesurables. C’est ce que les clients veulent à l’heure actuelle “, constate David Tielemans.

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