L’attractivité de la Belgique se trouve à un tournant

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L’attractivité de la Belgique se trouve à un tournant, constate jeudi le bureau de conseil EY, à la lumière de son baromètre annuel.

Malgré une légère hausse des avis positifs quant à l’évolution de l’attractivité, la Belgique fait face à deux inconvénients structurels importants: une charge fiscale élevée et un manque de compétitivité du coût de la main d’oeuvre. La perception de l’action du gouvernement actuel n’est en outre “pas du tout” positive.

L’immense majorité des investisseurs (82%) estime que la Belgique est capable de surmonter la crise, un chiffre supérieur à la moyenne européenne (78%). Cependant, même si les personnes interrogées sont plus nombreuses qu’en 2013 à estimer que l’attractivité de la Belgique s’améliorera dans les trois prochaines années (de 28% à 35%), ce pourcentage reste très inférieur à la moyenne européenne (54%).

Les chefs d’entreprises internationales établies en Belgique n’y ont jamais aussi peu investi sur les trois dernières années. Le pourcentage d’entreprises interrogées qui n’ont réalisé aucun investissement en Belgique au cours des trois dernières années est passé de 49% en 2013 à 65% en 2014, alors que celles qui ont réalisé un investissement a chuté dans le même temps de 45% à 33%.

Cette tendance devrait en outre se poursuivre. Comme en 2013, seuls 20% des investisseurs étrangers interrogés par EY indiquent avoir l’intention d’investir prochainement en Belgique alors que 76% ne planifient aucun investissement, un chiffre en hausse de 8% par rapport à l’année précédente.

Trop de pression fiscale Ces mauvais résultats s’expliquent principalement par la perception négative des investisseurs en ce qui concerne la pression fiscale en Belgique, citée par 57% des sondés, soit 22% de plus qu’en 2013. Les coûts salariaux élevés et les problèmes de mobilité sont également pointés du doigt par les chefs d’entreprises. “Cette situation est problématique”, commente le professeur en International Business Strategy Leo Sleuwaegen. “La Belgique a justement besoin de nouveaux investissements, en particulier dans les secteurs d’activité de haute technologie, où les entreprises étrangères sont encore très dominantes.”

La confiance ne s’améliore pas, constate EY, le pourcentage d’entreprises envisageant d’établir ou d’étendre d’activités demeurant à son niveau le plus bas pour la troisième année consécutive (20%). Un investisseur sur dix envisage même de réduire ses activités en Belgique ou de délocaliser dans les trois années à venir.

La Belgique dispose toutefois d’atouts pour séduire les investisseurs. Ceux-ci citent principalement la taille du marché (37%), l’environnement économique stable (35%) et la diversité et la bonne formation des travailleurs (29%). Dans les années à venir, le secteur IT pourrait être le principal moteur de croissance, estiment 36% des investisseurs.

Des différences régionales se font encore ressentir cette année, relève EY. Pour la deuxième année consécutive, Bruxelles est perçue comme la région la plus attractive (38%), juste devant la Flandre (34%), mais loin devant la Wallonie (11%). La donne est cependant différente parmi les entreprises déjà actives en Belgique, puisqu’elles placent la Flandre (47%) devant Bruxelles (33%). “La Flandre et la Wallonie peuvent encore attirer de nombreux investisseurs ‘flottants’ si elles parviennent à mettre davantage leurs qualités en avant”, selon Herwig Joosten d’EY.

La Belgique a du potentiel L’attractivité belge est à un tournant, souligne EY. “La hausse de la confiance européenne démontre que la Belgique a le potentiel nécessaire pour infléchir la crise en une hausse du nombre d’investissements étrangers, mais les décideurs politiques doivent faire les bons choix sous peine de perdre des investisseurs potentiels au profit d’autres pays européens”, précise Rudi Braes d’EY.

La nécessité d’une baisse des coûts salariaux et d’une réduction de la pression fiscale s’impose de plus en plus et doit être une priorité des hommes politiques, poursuit-on. Ainsi, si seul un tiers des investisseurs étrangers sont favorables à un maintien de l’indexation automatique des salaires, deux tiers plaident pour que la déduction des intérêts notionnels soit conservée.

“La perception négative concernant la charge administrative imposée par le gouvernement est frappante”, conclut M. Joosten. “Elle est passée de 30% à 64% en un an. Huit entreprises sur dix qui sont présentes en Belgique estiment le fardeau administratif trop élevé et un tiers considère que les hausses d’impôts des dernières années ont un impact négatif sur l’attractivité de la Belgique.”

EY a réalisé cette enquête de perception sur base des réponses d’un échantillon de 1.000 chefs d’entreprises internationales, dont 200 sont établies en Belgique, qui ont été interrogés en janvier 2014. Le volet quantitatif du baromètre sera dévoilé début juin.

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