L’arrivée d’Air Belgium à Charleroi permettra la création d’environ 600 emplois

© BELGA/Eric Lalmand

Environ 600 emplois seront créés à l’aéroport de Charleroi grâce à l’arrivée prochaine d’Air Belgium à Brussels South Charleroi Airport, a-t-on appris mercredi lors d’une conférence de presse à Gosselies. Les vols vers la Chine devraient quant à eux débuter fin mars.

Ces 600 emplois se répartiront entre 300 postes de travail pour Air Belgium et 300 autres au sein de l’aéroport de Charleroi.

Les vols débuteront au mois de mars

La nouvelle compagnie aérienne belge Air Belgium a annoncé mercredi qu’elle allait établir sa base d’exploitation à Brussels South Charleroi Airport (BSCA) pour assurer ses futures liaisons directes avec la Chine. Les infrastructures de l’aéroport carolo seront dès lors adaptées aux besoins des long-courriers dans les mois à venir. Les vols débuteront, quant à eux, au mois de mars, avec Hong Kong comme première destination, ambitionne l’entreprise, qui ne possède cependant toujours par son certificat de transporteur aérien lui permettant d’assurer de tels vols.

L’arrivée, mi-février, du premier des quatre avions A340-300 permettra à Air Belgium de compléter le processus d’obtention de ce document dans les semaines qui suivent, assure la compagnie aérienne.

“On est en bout de course sur ce point”, précise Niky Terzakis, son CEO. “Le dossier sera réglé avant la fin février dans tous les cas de figure”, claironne-t-il. Une fois cette étape franchie, l’entreprise pourra alors commencer à vendre des billets.

Alors qu’il avait un temps été question d’opérer les premiers vols depuis Brussels Airport, le choix s’est finalement porté sur Charleroi, en raison notamment de la facilité d’accès, la qualité, les prix compétitifs et la volonté de l’aéroport régional de se transformer en plateforme internationale de premier plan, énumère Air Belgium.

“Il est fréquenté par des Belges de toutes les régions et attire 60% de passagers internationaux et 31% de clients d’affaires”, justifie Niky Terzakis. Parmi ces derniers, seulement 13% viennent de Bruxelles, il faudra donc les convaincre de délaisser Zaventem, concède-t-il. Mais cela est réalisable. BSCA, situé à 70 km du centre de Bruxelles et qui accueille près de 8 millions de passagers par an, “est à la Belgique ce qu’est l’aéroport de Standsted (105 km du centre de Londres, ndlr) pour l’Angleterre”, avec ses 22 millions de passagers, illustre-t-il ainsi.

Mobilité “désastreuse”

Les réalités belges telles que la mobilité “désastreuse”, le marché de l’aéronautique très compétitif avec des aéroports étrangers à proximité et les attentes des passagers, ont terminé de convaincre Air Belgium. “Les gens ont en marre des bouchons avant de prendre leur avion. Ils veulent une solution simple et rapide et Charleroi y répond”, argumente encore son CEO. Le nombre de voyageurs passés par Charleroi et Zaventem l’an dernier (33 millions, dont 4 en transit dans ce dernier aéroport), est plus élevé pour du “non hub” que ce que réalisent Francfort ou Dusseldorf, affirme-t-il.

Le but est donc de transformer la plateforme carolo en véritable hub où les passagers ne seraient parfois qu’en transit entre l’Asie et une autre destination. Air Belgium entend dès lors coopérer avec les compagnies qui y opére(ro)nt pour développer ce modèle. “Il y a une réserve de passagers à Charleroi et un potentiel pour le développement du réseau”, analyse Niky Terzakis.

“Accueillir une telle compagnie sur notre tarmac nous ouvre les portes d’un nouveau modèle tout en renforçant notre positionnement sur la scène internationale”, se félicite, pour sa part, Jean-Jacques Cloquet, l’administrateur délégué de BSCA.

L’accord signé entre les deux parties les lie pour dix ans, ce qui n’est pas courant dans le secteur, d’après le patron d’Air Belgium, qui évoque une vision à long terme de la part de son entreprise.

Pour accueillir Air Belgium et ses avions, qui prendront dans un premier temps la direction de Hong Kong avant d’autres destinations asiatiques ultérieurement, l’aéroport de Charleroi va dès lors devoir “sensiblement” modifier son infrastructure. Un terminal Premium fera notamment son apparition à l’actuel terminal Sud (Executive Aviation Terminal) pour satisfaire les besoins des voyageurs des classes business et premium, avec entre autres un business lounge. Les travaux débuteront en mai et dureront un an. Des solutions temporaires seront également mises en place pour garantir le confort des passagers dès les premiers vols.

La piste sera quant à elle prolongé de 2.500 à 3.200 mètres d’ici 2021. D’ici là, les A340-300 ne pourront pas voler jusque Hong Kong à pleine charge et la priorité sera donnée aux passagers sur le volume de fret.

Un investissement de six à sept millions d’euros pour l’aéroport carolo

L’installation à l’aéroport de Charleroi de la compagnie aérienne Air Belgium représente un investissement de six à sept millions d’euros pour Brussels South Charleroi Airport (BSCA), a indiqué mercredi son administrateur délégué Jean-Jacques Cloquet. Un montant dans lequel n’est pas inclus le coût de l’allongement de la piste. Cela se fera sur nos fonds propres, a-t-il précisé. Il faut en effet adapter les installations et acquérir un matériel adéquat pour traiter les avions.

En accueillant pour la première fois une compagnie aérienne opérant des vols long courrier, l’aéroport veut montrer qu’il est apte à devenir une plateforme de hub, où les passagers ne seraient parfois qu’en transit entre une destination européenne et une autre plus lointaine. Mais une telle démarche suppose quelques contraintes d’aménagement des infrastructures. “Tout sera fait pour assurer des conditions d’accueil optimales pour chacun des passagers dès les premiers vols”, assure-t-il toutefois.

Dans le détail, un nouveau lounge, dont les travaux débuteront en mai et dureront un an, et une nouvelle zone commerciale verront le jour dans le Terminal 1, de même que des douanes adaptées. Un terminal Premium fera son apparition à l’actuel terminal Sud (Executive Aviation Terminal) pour satisfaire les besoins des voyageurs des classes business et premium. “Ils pourront y bénéficier d’un parking dédié avant de s’enregistrer, passer la douane et embarquer dans l’avion en 20 minutes”, promettent Air Belgium et BSCA.

“Grâce à la venue d’Air Belgium, nous entrons dans une nouvelle ère et intégrons une nouvelle catégorie d’aéroports”, s’est réjoui Laurent Levêque, le président de BSCA. “Si on était resté au statu quo, on aurait régressé”, selon lui.

L’évolution du secteur montre qu’il fallait développer l’international et les longues distances, a renchéri Jean-Jacques Cloquet.

Le budget de 6 à 7 millions d’euros ne tient par contre pas compte des travaux d’allongement de la piste de l’aéroport carolo.

Terzakis: “Nous n’avons reçu aucun cadeau mais, ici, on laisse la concurrence s’exprimer”

Air Belgium n’a bénéficié d’aucun cadeau de la part de l’aéroport de Charleroi afin de l’inciter à s’y installer, a assuré mercredi Niky Terzakis, le CEO de la compagnie aérienne belge. “L’offre financière était même plus alléchante à Brussels Airport” qu’à Gosselies, dit-il. “Mais ici, on laisse la concurrence s’exprimer et on ne nous invite pas à ne pas opérer sur certaines routes”, confie-t-il.

Alors qu’il avait un temps été question d’opérer les premiers vols depuis Brussels Airport, le choix s’est finalement porté sur Charleroi. D’après Niky Terzakis, l’aéroport de Zaventem ne souhaitait pas qu’Air Belgium opère sur des routes où d’autres compagnies sont déjà ou seront bientôt présentes. “Les lois du commerce, c’est plus de choix et plus de concurrence”, estime-t-il. Ici à Charleroi, on laisse celle-ci s’exprimer, constate-t-il, glissant par ailleurs que le climat social y est bien plus apaisé.

La discussion de s’implanter en Wallonie plutôt qu’en bordure de Bruxelles a divisé les actionnaires de la compagnie aérienne, certains refusant dès lors de poursuivre leur investissement, raconte son patron. Cela explique aussi le retard qu’ont pris le dossier et la demande de certificat de transporteur aérien, alors que la compagnie ambitionnait initialement de lancer ses vols au début de l’été dernier. Un problème qui devrait être réglé dans les semaines à venir et au plus tard pour la fin février, assure le CEO.

Air Belgium vise-t-elle un marché différent de celui sur lequel mise une grande compagnie internationale comme Cathay Pacific, qui lancera ses vols vers Hong Kong au départ de Zaventem fin mars? “Non, c’est le même marché”, répond Niky Terzakis, qui table sur une grande partie de voyageurs d’affaires. “Nous n’avons pas leur puissance ni leur réseau, certes, mais nous avons au moins un service équivalent”, promet-il.

Les tarifs seront par exemple plus intéressants. “En business, on pourra faire deux allers-retours vers Hong Kong pour le prix d’un chez nos concurrents”, illustre ainsi le patron d’Air Belgium.

Partner Content