Jean Vandemoortele assume ses choix

© Pat Verbruggen

Pour “Trends-Tendances”, le CEO du groupe gantois revient sur la vente d’Alpro et défend son recentrage sur la boulangerie surgelée et les matières grasses. Les résultats 2009, dopés par la baisse des prix des matières premières, ne lui donnent pas tort.

Chez Vandemoortele, le mois de juin semble propice aux décisions stratégiques. En juin 2008, le groupe rachetait pour 300 millions d’euros le groupe Panavi, le leader français de la boulangerie surgelée, faisant de cette activité sa division principale. Voici un an, il revendait Alpro, le pionnier et leader européen des produits à base de soja, à l’américain Dean Foods. Une cession qui avait surpris, tant en interne qu’en externe, car Alpro était devenu une marque grand public dont le chiffre d’affaires avait quasiment triplé entre 2000 et 2008 pour se fixer à 260 millions d’euros.

Enfin, le 7 juin dernier, le groupe procédait à l’acquisition de la branche “margarines et graisses” de Van Dijk Food Products, renforçant ainsi sa position dans le secteur des matières grasses à destination des professionnels. “C’est un hasard de calendrier”, souligne Jean Vandemoortele, le CEO du groupe fraîchement installé dans son nouveau quartier général, à Gand.

Il n’empêche : depuis deux ans, le groupe toujours contrôlé par la famille Vandemoortele a bien changé. Le rachat de Panavi – qui a fortement endetté le groupe – la flambée du prix des matières premières et la crise ont précipité la vente d’Alpro et contraint le groupe à ouvrir son capital pour la première fois de son histoire. La Gimv a, en effet, injecté 75 millions d’euros via un prêt subordonné convertible en actions, ce qui lui donne un peu moins de 25 % du capital du groupe.

“Le timing n’était pas bon”, reconnaît le patron tout en défendant sa décision. “On savait que tôt ou tard, on devrait opérer un choix stratégique. Notre ambition étant d’être le leader européen dans chacun de nos métiers, nous n’avions pas les moyens de développer nos trois divisions de front. La crise a précipité la vente d’Alpro.”

Pourquoi Alpro, le joyau de la société, qui avait encore un beau potentiel ? “Le soja reste un marché de niche qui croît surtout dans des pays plus lointains comme les pays scandinaves et l’Espagne. Cela devenait plus compliqué pour nous”, se justifie-t-il.

Bon cru 2009 grâce à la baisse du prix des matières premières

Si le coûteux rachat de Panavi a donné quelques sueurs froides aux dirigeants du groupe, il semble à présent tenir ses promesses. “2009 a été une très bonne année, affirme Jean Vandemoortele. Le chiffre d’affaires, qui ne comprend plus Alpro mais bien les résultats de Panavi sur 12 mois (contre cinq mois en 2008), a atteint 1,1 milliard d’euros, contre 1,2 milliard un an auparavant. Nous restons sur la tendance de croissance de ces cinq dernières années.”

Entre 2008 et 2009, le résultat d’exploitation est passé de 35 à 57 millions d’euros et l’Ebitda, de 87 à 109 millions. “Nous avons profité de la baisse des prix des matières premières, explique le CEO. Et nous avons atteint nos objectifs en matière de synergies avec Panavi.”

Même si la crise a freiné la croissance du marché de la boulangerie surgelée, la tendance de fond est bien là, insiste Jean Vandemoortele : “De moins en moins d’artisans fabriquent tout leur assortiment eux-mêmes, nombre de boulangeries et chaînes de restauration rapide recourent à des produits surgelés ou semi-congelés. En outre, le consommateur veut une gamme de plus en plus variée (baguettes, viennoiseries, pâtisseries, donuts, muffins et cookies).”

Quant à son deuxième secteur, les margarines et les graisses, où il vient de combler un trou sur sa carte européenne, plus précisément aux Pays-Bas, grâce au rachat de Van Dijk Food Products, le CEO Jean Vandemoortele estime que la demande bénéficie de la montée en puissance des plats préparés et des marques propres dans la grande distribution.

Hormis ses marques de margarines, d’huiles et de sauces (Vitelma, Fama, Vandemoortele) qu’il commercialise en Belgique, Vandemoortele est donc devenu depuis la vente d’Alpro un groupe industriel 100 % dédié au B2B. Une chose est sûre, assure son patron, le groupe ne veut plus se diversifier. “Nous avons suffisamment de possibilités de croître organiquement et par acquisition externe, en particulier dans la boulangerie surgelée.”

Sandrine Vandendooren

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