Japon: une agence de pub poursuivie après un suicide par surmenage

© Reuters

Les autorités japonaises ont annoncé mercredi poursuivre en justice l’agence de publicité Dentsu après le suicide d’une salariée, une mort attribuée au surmenage, ce qui a poussé le patron de Dentsu à annoncer sa démission.

“Il faut mettre fin aux trop longues heures de labeur”, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d’une conférence de presse régulière.

Prenant acte de ce développement judiciaire, le patron de Dentsu, Tadashi Ishii, a annoncé mercredi soir aux journalistes sa démission qui sera effective le mois prochain.

“Il ne devrait absolument pas arriver qu’une salariée se tue à cause d’une surcharge de travail et je ressens profondément ma responsabilité dans le fait que les mesures prises pour lutter contre le labeur excessif n’aient pas suffi”, a-t-il déclaré en présentant ses excuses.

Il y a tout juste un an, Matsuri Takahashi, une jeune recrue du géant de la pub, avait mis fin à ses jours après s’être plainte des heures supplémentaires sans fin et des vilaines désagréables d’un supérieur.

Son décès a été reconnu en septembre comme un cas de “karoshi” (mort par excès de travail) et a été hautement médiatisé, au moment où le Premier ministre Shinzo Abe s’est juré d’attirer plus de femmes dans les entreprises et de changer la façon de travailler des Japonais.

“Il est important de créer un meilleur environnement de travail pour que les femmes et les personnes âgées puissent aussi davantage participer à la vie active”, a insisté mercredi M. Suga, rappelant que le Japon manque de main-d’oeuvre.

L’enquête conduite par les services sanitaires de Tokyo a montré que d’autres salariés étaient contraints de travailler plus que de raison, même si Dentsu, société de premier plan, avait déjà été épinglée au début des années 1990 pour un cas similaire et que l’entreprise a été mise en garde à maintes reprises par la suite pour ses pratiques jugées illégales.

La jeune Takahashi avait travaillé jusqu’à plus de 100 heures supplémentaires par mois, dépassant largement la barre des 80 heures supplémentaires mensuelles considérée comme l’entrée dans la zone de risque de “karoshi”.

La loi japonaise fixe la durée du travail à 40 heures par semaine et plafonne en théorie les heures supplémentaires, mais cette limite saute en cas d’accord d’entreprise qui peut autoriser de très nombreuses heures supplémentaires en échange d’une rétribution majorée.

Par ailleurs, Dentsu a dû, cette semaine aussi, s’excuser pour être dans l’impossibilité de présenter comme promis avant la fin de l’année les résultats d’une enquête interne censée détailler les irrégularités commises dans ses services de campagne de promotion numérique au Japon.

“Nous prévoyions de livrer les conclusions de cet examen ce mois-ci, mais l’inspection des données se poursuit”, a indiqué Dentsu dans un communiqué, ajoutant que “jusqu’à présent, les éléments relevés n’auront pas d’effet important sur les comptes de l’entreprise”.

Dentsu avait révélé en septembre avoir commis des malversations dans ses services de publicité numérique au Japon, évoquant 633 transactions douteuses et 111 clients concernés.

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