Il y a un an éclatait le scandale Volkswagen

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Il y a un an, la duperie de Volkswagen sur des millions de véhicules diesel éclatait au grand jour, plongeant le mastodonte allemand dans la plus grave crise de son histoire

“Les répercussions sont énormes tant pour Volkswagen que pour le secteur dans son entier”, estime Stefan Bratzel, expert automobile de l’institut CAM interrogé par l’AFP.

Champion européen de l’automobile avec ses douze marques (Volkswagen, Audi, Porsche, Seat, etc), ses 200 milliards de chiffre d’affaires annuel et ses quelque 600.000 employés dans le monde, Volkswagen jouissait d’une solide réputation.

C’était avant les révélations des autorités américaines, le 18 septembre dernier, en plein salon de l’automobile de Francfort.

Le 22 septembre, le constructeur admet avoir installé sur 11 millions de véhicules diesel dans le monde un logiciel destiné à tromper les tests d’homologation en réduisant temporairement les émissions polluantes.

Le patron de Volkswagen Martin Winterkorn est contraint de tirer sa révérence, mais jure n’avoir rien su de la manipulation. Il cède les commandes à Matthias Müller, alors patron de la marque Porsche.

Le “dieselgate” génère une avalanche de poursuites judiciaires et demandes de dédommagement de la part des autorités, des clients et des investisseurs. Pour y faire face, Volkswagen met de côté 18 milliards d’euros, dont plus de 16 milliards en 2015, ce qui lui vaut sa première perte annuelle en plus de vingt ans.

A la Bourse de Francfort, son titre plonge de 40% en deux jours, soit 30 milliards de capitalisation boursière partie en fumée. Même si l’action a repris des couleurs, elle affiche toujours une chute de 25% par rapport à son niveau d’avant-crise.

Les ventes mondiales du groupe ne se sont pas effondrées, mais Volkswagen a perdu du terrain face à ses concurrents et la marque éponyme, déjà en difficulté aux Etats-Unis avant le scandale, a laissé des plumes dans l’affaire.

A mi-chemin

“Le scandale est loin d’être fini pour Volkswagen”, observe Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Centre de recherche automobile CAR. Le groupe “a peut-être parcouru 50 ou 60% du chemin, mais il lui reste encore du travail”, estime-t-il.

Australie, Espagne, France, Italie, Corée du Sud… La liste des pays où Volkswagen fait l’objet de litiges juridiques est longue.

Aux Etats-Unis, l’allemand a franchi un cap important en acceptant de verser environ 15 milliards de dollars, ce qui lui permettra notamment d’indemniser généreusement les propriétaires de 480.000 voitures. Mais il fait encore l’objet d’une enquête pénale et n’a pas encore apporté de solution pour tous les véhicules truqués.

En Allemagne, la justice enquête sur les responsabilités de 30 personnes, dont Martin Winterkorn. Près de 400 investisseurs reprochent à Volkswagen d’avoir tardé à communiquer sur la manipulation et lui réclament environ 4 milliards d’euros.

A l’échelle européenne, la grogne monte contre l’inégalité de traitement encore consommateurs américains et européens. Volkswagen refuse d’indemniser ces derniers, se contentant de procéder au rappel sur le Vieux continent de 8,5 millions de véhicules pour une mise aux normes.

La facture totale pour le groupe pourrait être de 25 à 35 milliards d’euros et obliger Volkswagen à remettre au pot, selon les experts.

‘Tournant pour le diesel’

Le scandale constitue toutefois une “chance pour Volkswagen”, assure M. Dudenhöffer. Le groupe a profité de la tempête pour se réinventer en adoptant une nouvelle stratégie, axée sur le développement de l’électrique, des services et de la voiture autonome. Des sujets qui n’intéressaient pas l’ancienne direction, souligne le spécialiste.

La tricherie de Volkswagen a par ailleurs eu des effets sur l’industrie tout entière, des investigations montrant que les moteurs diesel d’autres constructeurs émettaient également davantage sur les routes que lors des tests d’homologation, sans apporter de preuve incontestable de l’utilisation d’un logiciel fraudeur.

Les noms de Bosch, qui a fourni à Volkswagen des composants du logiciel incriminé, et de Fiat Chrysler, accusé par l’Allemagne d’utiliser un dispositif illégal dans des voitures diesel, font régulièrement les gros titres.

Selon M. Bratzel, le scandale a ainsi marqué un “tournant pour le diesel” en mettant en lumière les failles existantes dans la réglementation européenne sur les émissions polluantes, qui va être durcie. Les constructeurs devront se soumettre à partir de septembre 2017 à des tests de leurs véhicules en conditions réelles, et non plus seulement en laboratoire.

Cela va les contraindre à investir massivement dans des systèmes de dépollution plus performants et conduire à une raréfaction des motorisations diesel en Europe, où cette technologie a le plus de succès, sans doute au profit de l’électrique.

Le scandale et ses répercussions

L’affaire des moteurs truqués de Volkswagen, révélée en septembre 2015, a frappé de plein fouet le numéro un européen de l’automobile. Retour sur ce “dieselgate” planétaire:

D’où est venu le scandale ?

Le 18 septembre, l’agence environnementale américaine (EPA) accuse le groupe d’avoir enfreint des règlementations anti-pollution à l’aide d’un logiciel truqueur installé sur environ 482.000 véhicules diesel fabriqués à partir de 2009. Le chiffre grimpera à près de 600.000 véhicules.

Très vite, le “dieselgate” prend de l’ampleur: Volkswagen reconnaît avoir équipé 11 millions de véhicules dans le monde de ce logiciel, dont 8,5 millions en Europe. Les marques concernées sont Volkswagen, Volkswagen Utilitaires, Porsche, Audi, Skoda et Seat.

Comment fonctionnait le logiciel truqueur?

Le logiciel enclenchait un mécanisme interne de limitation des gaz polluants permettant au véhicule de passer les contrôles sans encombres. Ce mécanisme était automatiquement désactivé quand le véhicule roulait normalement, libérant alors dans l’atmosphère davantage d’oxydes d’azote (NOx), des gaz polluants accusés d’aggraver les maladies respiratoires comme l’asthme.

Comment a réagi Volkswagen?

Le patron Martin Winterkorn exprime d’abord ses regrets d’avoir “déçu” les clients. Cinq jours après, il démissionne, affirmant n’avoir jamais rien su de la tricherie. Il est remplacé par Matthias Müller, alors patron de Porsche, l’une des douze marques de Volkswagen.

M. Müller fait acte de contrition au nom du groupe, initie le rappel des véhicules équipés du logiciel truqueur et présente en juin une nouvelle stratégie axée sur le développement de l’électrique, des services à la mobilité et de la voiture autonome.

Volkswagen suspend une poignée de salariés et lance une enquête interne, dont il n’a pas encore dévoilé les conclusions provisoires pour ne pas compromettre ses discussions avec la justice américaine.

Quelles conséquences pour les clients?

Elles sont très différentes des deux côtés de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, le groupe a accepté de débourser environ 15 milliards de dollars pour régler une partie du litige lié au “dieselgate”. Cela lui permettra de faire réparer ou de racheter environ 480.000 voitures incriminées, et de verser à leurs propriétaires des indemnités pouvant aller jusqu’à 10.000 dollars par personne.

En Europe, où Volkswagen détient un quart du marché automobile, le groupe n’entend pas dédommager ses clients car la situation et la législation sont selon lui différentes de celles rencontrées aux Etats-Unis.

Sur les 11 millions de véhicules équipés du logiciel, 5,6 millions ont déjà reçu un feu vert technique pour être rappelés. Le gros des rappels concerne l’Europe, avec 2,4 millions en Allemagne et environ 900.000 en France. La mise en conformité dure moins d’une heure et n’affecte pas la performance des véhicules, affirme le groupe.

Quelles conséquences pour Volkswagen?

L’impact financier du scandale est difficile à évaluer tant il dépend de l’issue de la multitude de poursuites judiciaires et demandes de dédommagements dans le monde entier. Les spécialistes tablent sur une facture de 25 à 35 milliards d’euros, voire au-delà.

Le groupe a mis de côté près de 18 milliards d’euros pour y faire face, et enregistré une perte annuelle de 1,6 milliard d’euros en 2015, la première en plus de vingt ans.

La marque Volkswagen est toujours sévèrement sanctionnée aux Etats-Unis, où ses ventes ont chuté de 14% sur un an entre janvier et juillet, et reste à la peine en Europe (-1,5%). Dans le monde, le groupe VW a vu ses ventes progresser (+1,3%) sur la même période mais il a perdu des parts de marché.

L’entreprise négocie actuellement en Allemagne un “pacte d’avenir” pour la marque Volkswagen, en mal de rentabilité. La direction semble exclure des licenciements secs mais souhaite supprimer des postes.

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