Il faut croire encore à la Belgique

Contre vents et marées séparatistes, la Belgian-American Chamber of Commerce joue plus que jamais la carte “noire-jaune-rouge” et s’offre aujourd’hui une nouvelle dynamique.

Ils ont remis le couvert, mais à Tokyo cette fois. Les responsables du bureau de Toerisme Vlaanderen – qui ont récemment fusionné leurs activités avec leurs homologues des Pays-Bas – affichent désormais une carte flamando-néerlandaise sur leur site Internet commun, histoire de séduire “stratégiquement”, disent-ils, le voyageur nippon. Sur cette carte surréaliste, Bruxelles est solidement ancrée en territoire flamand – quasi à la hauteur de Malines – et la Wallonie n’existe pas, tout simplement. Exactement comme sur le carton d’invitation envoyé, fin 2009, par la Flanders House de New York…

Dans l’enlisement des négociations gouvernementales actuelles, la Belgique serait-elle condamnée à disparaître définitivement des brochures touristiques réalisées par les bureaux de représentation régionaux à l’étranger ? Quid des antennes économiques censées vendre le “made in Belgium” autour de la planète ? Si, au niveau international, des organismes tels que Brussels-Export, l’Agence wallonne à l’Exportation (AWEX) et le Flanders Investment & Trade (FIT) assurent la promotion des entreprises de leur région respective, il subsiste malgré tout des organes indépendants qui croient encore en la marque Belgique et qui encouragent, envers et contre tout, de la fibre nationale dans leur mission économique. Ces organismes sont les Chambres de Commerce installées dans une vingtaine de pays et qui perpétuent encore la bonne vieille devise de “L’union fait la force.”

Cure de jouvence

La plus renommée d’entre elles est la Belcham -la Belgian-American Chamber of Commerce (BACC)- fondée en 1918 et qui s’offre en ce moment une véritable cure de jouvence, prenant le contrepied des tentations séparatistes ambiantes. Joli clin d’£il du destin : sous l’impulsion de son président Olivier Smekens, également vice-président corporate banking chez KBC USA, trois futurs diplômés (flamands) de la Vlerick Management School viennent de rédiger un rapport bousculant la structure séculaire de la Belcham afin de lui donner une nouvelle dynamique “noire-jaune-rouge”. Durant deux mois, ces étudiants ont réalisé l’audit de la BACC et lui ont soumis un business plan inédit. “Ce plan d’action prévoit de dépasser la mission de base de notre Chambre, précise Tamara Zouboff, executive director de la Belcham. Auparavant, notre rôle consistait essentiellement en l’organisation d’événements et de séminaires dans le but d’entretenir modestement un réseau d’affaires. Aujourd’hui, la volonté est de passer à la vitesse supérieure en créant une plate-forme d’échanges qui entend favoriser et promouvoir le succès d’initiatives entrepreneuriales belges aux Etats-Unis.”

Concrètement, la BACC version 2011 veut transformer l’organisation jadis très “relations publiques” en un réel tremplin tissé de conseils stratégiques et d’encadrement ; en mettant notamment sur pied des sessions de brainstorming entre hommes d’affaires belges installés aux Etats-Unis et des entrepreneurs venus du plat pays pour réaliser leur rêve américain. “C’est un outil, une espèce de peer to peer qui permet de donner des conseils stratégiques gratuits aux intéressés et d’apporter ainsi une valeur ajoutée à la Belcham”, résume Adriaan Hoogmartens, l’un des trois étudiants qui viennent de fournir leur rapport à Annelies De Rouck, managing director de la BACC.

Organe non subsidié – donc totalement indépendant – la Belcham se dote ainsi d’un second souffle, loin des tracasseries communautaires et politiciennes. Et les fameuses cartes de Toerisme Vlaanderen, alors ? “La marque première reste la Belgique, une forteresse économique dans la zone euro, tempère Olivier Smekens, président de la BACC. Il est logique pour les régions, et dans une stratégie qui leur est propre, de vouloir accrocher leur wagon touristique derrière la locomotive belge. Je comparerais volontiers cela à Danone avec une marque de référence et une diversité de produits et de goûts spécifiques qui sont en fait les régions.” Habile comparaison.

FRÉDÉRIC BRÉBANT, À NEW YORK

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