Hermès et l’assurance tous risques de Bernard Arnault

© Reuters

La décision des héritiers de la famille Hermès de créer une holding de contrôle au dessus du groupe est supposée ôter à Bernard Arnault tout espoir de s’en emparer. Peut-être. Mais le patron de LVMH s’est assuré de pouvoir quand même gagner !

Pile, il gagne ; face, il ne perd pas. La règle du jeu édictée par Bernard Arnault ne tient pas de la “triche” mais d’une loi financière vieille comme la Bourse. Entré au capital d’Hermès sans crier gare, le patron de LVMH ne prend finalement aucun risque. Pourquoi ? Soit Arnault emporte sa proie et il glisse une perle supplémentaire dans son écrin. Soit il doit lâcher prise devant les remparts dressés par la famille Hermès et il revend alors les 17,1 % acquis dans le plus grand secret avec une plus value de 1,3 milliard d’euros.

C’est la martingale des investisseurs de haute réputation : le seul fait de désigner une cible et de monter au capital de celle-ci provoque un courant acheteur de la part des investisseurs suiveurs désireux de se mettre à leur côté. Du coup, si leur cible se défend, ils sortent vainqueurs financièrement, seuls les derniers acheteurs de titre au plus haut – désireux de participer au festin – se font pincer les doigts.

Ces investisseurs capables de transformer les marchés en moutons de Panurge se comptent sur les doigts d’une main. En France, le meilleur s’appelle Vincent Bolloré : ses entrées fracassantes au capital d’Aegis, de Vallourec et de Bouygues donnent toujours un caractère spéculatif aux titres. Et l’histoire finit toujours bien pour le plus célèbre prédateur de France.

Aux Etats-Unis, Warren Buffett joue surtout le côté “vieux sage”. Un achat de sa part – même le plus spéculatif – se transforme en placement de père de famille. Au plus fort de la crise financière le 24 septembre 2008, neuf jours après l’effondrement de Lehman Brothers, Warren prend position sur Goldman Sachs à 123 dollars. Aujourd’hui, l’action vaut 163 dollars.

Une suggestion pour poursuivre le jeu : les Arnault, Bolloré, Buffett et consorts pourraient même tirer au sort leur prochaine cible.

Franck Dedieu, L’Expansion.com

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