Fusions et acquisitions : l’audace paie-t-elle toujours ?

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Racheter des entreprises serait-elle une clé du succès ? Selon une étude de Towers Watson, les sociétés ayant finalisé au moins deux acquisitions sur les 30 mois de l’enquête ont obtenu de bien meilleurs résultats que les autres. Attention aux complications, cependant.

Les entreprises ayant finalisé deux acquisitions ou plus en 30 mois ont surperformé le marché de 7,8 %, contre 4,5 % “seulement” pour celles qui n’ont réalisé qu’une seule transaction, selon une récente étude du cabinet international de conseil Towers Watson.Ce rapport, basé sur l’analyse de la Cass Business School (Royaume-Uni), examine les données cumulées du Quarterly Deal Performance Monitor (observatoire trimestriel de performance des transactions) sur les 36 mois précédents.

Cass a analysé le cours de l’action six mois avant l’annonce et six mois après la finalisation des transactions d’une valeur de 100 millions de dollars ou plus, et l’a comparé à l’indice MSCI World pour dégager la performance par rapport au marché en tant qu’indicateur de succès, précise Towers Watson. Période étudiée : 10 trimestres entre le premier de 2008 et le second de 2010. Au cours de cette période, 214 entreprises ont réalisé 527 transactions de fusion/acquisition.

Faut-il en conclue que racheter des entreprises à tout va est une stratégie forcément payante ? “Si les acquisitions sont potentiellement et effectivement relutives, elles n’en sont pas moins complexes et risquées, prévient Steve Allan, responsable du pôle fusions/acquisitions de Towers Watson pour l’Europe. L’expérience et l’accès au savoir-faire sont des atouts inestimables dans toute situation de fusions/acquisitions. Les acquéreurs expérimentés qui procèdent régulièrement à des transactions sont à même de se doter d’une expertise interne et de tirer les leçons du processus de transaction. Cet accès aux compétences et à l’expérience est indispensable pour réussir l’intégration des entités acquises.”

Résultats : les entreprises acheteuses font mieux que les autres

Les derniers résultats du Quarterly Deal Performance Monitor de Towers Watson indiquent qu’au quatrième trimestre de 2010, les entreprises ayant procédé à des fusions/acquisitions ont surperformé l’indice MSCI World. Sur cette période, elles ont réalisé une surperformance de 4,9 % à l’échelle mondiale, dans le droit fil des trois trimestres de 2010 précédents, qui avaient eux aussi mis en évidence la surperformance des acquéreurs.

“Ceci confirme les résultats du rapport sur les trois années depuis le début de l’étude, selon lesquels les acquéreurs ont globalement surperformé l’indice de 3,3 % en moyenne, conclut le consultant. Selon le rapport, l’activité de fusions/acquisitions a marqué, en 2010, une progression significative à travers le monde, le nombre de transactions ayant doublé entre 2009 (322) et 2010 (688).”

L’étude de ce trimestre, enfin, “met en évidence une tendance claire à la hausse en 2010. Les entreprises qui ont finalisé une transaction en 2010 ont surperformé l’indice Global MSCI de 4 % en moyenne, faisant mieux qu’en 2009 (3,2 %) et qu’en 2008 (2,7 %)”.

Acquisitions : l’Europe à la traîne du reste du monde

Comparée à d’autres parties du monde, l’Europe est en retard sur le plan des acquisitions, “tant pour le nombre de transactions pilotées que pour la performance dégagée selon les critères du rapport”, indique encore Towers Watson.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 130 transactions ont été réalisées en Europe en 2010, contre 376 en Amérique du Nord et 148 en Asie-Pacifique. “Si les acquéreurs européens ont surperformé le marché de 2,4 % en 2010, ils ont fait moins bien que d’autres régions, l’Amérique du Nord ayant surperformé de 4,3 % et l’Asie-Pacifique de 3,2 %.”

“En Europe, la majorité des transactions tend à être transfrontière, et ce, en proportion plus élevée que partout ailleurs dans le monde, poursuit Steve Allan. Les transactions transfrontières sont réputées complexes et plus difficiles à réussir. Quand elles s’engagent dans de telles acquisitions, les entreprises doivent bien se préparer et savoir comment elles vont intégrer un effectif de collaborateurs plus hétérogène si elles veulent réussir la transaction.” En 2010, 65 % des transactions européennes ont été transfrontières.

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Les 3 étapes essentielles d’une fusion/acquisition

Towers Watson souligne trois démarches critiques pour les entreprises envisageant une opération de fusion-acquisition, quelle que soit la conjoncture:

1. Soyez diligents avec les audits préalables. Une analyse approfondie et éclairée est indispensable pendant la phase d’offre pour éviter des erreurs potentiellement conséquentes. Les acquéreurs qui réussissent savent gérer ce processus avec la rapidité qui convient dans un environnement d’information partielle. Ils connaissent aussi les nuances de l’audit préalable dans un contexte transfrontalier, lorsque l’accès à l’information peut être encore plus limité.

2. Impliquez vos partenaires internes à un stade précoce. Prendre une longueur d’avance dans la planification de l’intégration est créateur de valeur et le fait de disposer de responsables et de managers prêts pour la fusion-acquisition permet de prendre de l’avance sur le processus d’intégration.

3. Concentrez-vous sur la mise en oeuvre de l’intégration. Saisir au bond les synergies et conserver la dynamique dans les domaines clés, comme le leadership, la communication et la fidélisation des talents sont autant de critères qui font la différence entre les transactions réussies et celles qui le sont moins.

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