Fusion entre Lionsgate et Starz : naissance d’un géant du cinéma et de la télévision

Betty Draper, héroïne de la série Mad Men, grande lectrice © capture d'écran

Après plus d’un an de spéculations, les studios Lionsgate, producteurs des films “Hunger Games” et de la série de prestige “Mad Men”, ont annoncé jeudi le rachat du réseau de télévision payant Starz, qui va créer un géant mondial du cinéma, de la télévision et de la vidéo.

La transaction, qui se fait en numéraire et en actions pour un montant total de 4,4 milliards de dollars, va générer un mastodonte doté d’un catalogue de 16.000 films et séries originales et 56 millions d’abonnés.

Il devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 4 milliards de dollars par an: 2,36 milliards pour Lionsgate en 2015 et 1,7 milliard pour Starz.

“La combinaison de Lionsgate et Starz donne une ampleur importante à notre portefeuille de contenus et d’actifs en distribution et va nous permettre de rivaliser avec succès dans le secteur mondial du divertissement, qui évolue actuellement très rapidement”, a fait valoir le président de Lionsgate, Mark Rachesky, cité dans un communiqué.

Ce mariage intervient à un moment où le modèle économique de la vidéo et en l’occurrence de la télévision traditionnelle est fragilisé par les ambitions de nouveaux acteurs à l’instar de Netflix, Amazon et désormais les groupes internet Facebook, Twitter ou encore Yahoo!.

Non contents de révolutionner la télévision, Netflix et Amazon chassent désormais sur les terres cinématographiques, où les deux jeunes loups ont lancé leurs premières productions de films.

Flairant le danger, Lionsgate a accentué ses investissements dans la télévision pour contrer les incertitudes entourant le succès des films en salles.

Course à la taille

En l’occurrence, depuis la fin de la franchise “Hunger Games”, les studios créés à Vancouver (Canada) en 1997 mais installés depuis à Santa Monica (Californie), n’ont pas connu de gros succès au box-office.

Le péplum “Gods of Egypt”, réalisé en 2016 par Alex Proyas, n’a pas rencontré le succès commercial escompté. Echec également pour la série de films “Divergente”. L’action Lionsgate a ainsi chuté de 34,6% en Bourse depuis janvier.

C’est dans la télévision que Lionsgate connaît ses derniers succès avec notamment “Mad Men” et “Orange is the New Black”, deux séries plébiscitées aussi bien par la critique que le grand public.

De son côté, Starz, qui diffuse des films et des programmes originaux aux Etats-Unis et à l’international, est en train de se réinventer.

L’opérateur, qui produit par ailleurs ses propres séries — “Outlander” et “Black Sails” — a introduit récemment un service de vidéo en ligne disponible uniquement par abonnement pour concurrencer ses rivaux HBO et Showtime.

Des spéculations de rapprochement entre les deux groupes ont débuté en février 2015 lorsqu’ils ont pris des participations croisées l’un dans l’autre, et surtout quand le magnat des médias et des télécommunications John Malone, déjà au capital de Starz, a pris une part minoritaire dans Lionsgate et est entré à son conseil d’administration.

Elles se sont intensifiées quand Liberty Global et Discovery Communications, deux sociétés de l’empire de Malone, ont pris des participations dans Lionsgate.

La fusion Lionsgate-Starz est devenue inéluctable quand M. Malone a débuté lui-même une campagne prônant des grandes manoeuvres entre groupes de médias car la taille serait, selon lui, déterminante pour répondre à la transformation du paysage audiovisuel.

Sur le plan financier, c’est une bonne affaire pour les actionnaires de Starz qui vont recevoir une prime de 15% comparé au cours de clôture du titre mercredi à Wall Street. Lionsgate leur offre pour chaque titre Starz 18 dollars en cash et 0,6784 action Lionsgate, soit au total 32,73 dollars.

La transaction, déjà approuvée par les conseils d’administration des deux groupes, doit encore recevoir le feu vert des actionnaires et des régulateurs. Elle est censée générer des synergies “importantes”, ont tenu à préciser les parties.

A Wall Street, les investisseurs saluaient le mariage en faisant bondir les deux titres.

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