François Fornieri: “Mithra va entrer en bourse”

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“J’ai créé Mithra avec 14 millions de francs (350.000 euros) et mon groupe vaut aujourd’hui une centaine de millions d’euros. Je n’ai pas l’intention d’en rester là, ne m’en voulez pas d’être un entrepreneur ambitieux”, lance François Fornieri, fondateur-CEO de Mithra. Mais pour continuer de grandir, Mithra a besoin de capitaux frais.

L’ex Manager de l’année de Trends-Tendances vient ainsi de faire entrer Ogéo Fund -le fonds de pension public liégeois- dans Ardentia Invest à hauteur de 10 millions € qui s’empare au passage de 26% de la holding faitière de Mithra. D’aucuns pointent cependant l’importance du soutien public au groupe pharmaceutique liégeois, rappelant que Meusinvest est déjà actionnaire de Mithra à hauteur de 28%. François Fornieri s’en défend: “J’ai préféré avoir à mes côtés des investisseurs institutionnels publics car, contrairement aux privés, ils se montrent moins exigeants sur le court terme. Je veux des gens autour de moi qui s’engagent sur la durée. Reste que les investisseurs institutionnels (liégeois) n’ont pas l’habitude de mettre autant d’argent d’un coup sur la table… J’ai cependant trouvé un terrain d’entente deux fonds de pension liégeois -Ogeo (10 millions) et L’Intégrale (8 millions)- qui vont soutenir mes projets sur le long terme.” Côté bancaire, ING sera partie prenante à des opérations de leasing et de straight loans à hauteur de 27 millions €, la SRIW consentira un prêt subordonné de 10 millions et la région wallonne des aides à l’investissement pour 9 millions. François Fornieri regrette cependant le désistement in extremis de BNP Paribas Fortis dans le bouclage des opérations. “Je ne comprends pas. C’est à leur demande que nous leur avions ouvert le tour de table, retardant du coup le bouclage du dossier. La direction wallonne de la banque soutenait le projet mais Bruxelles a finalement refusé de s’engager.” Côté gouvernance, le CA de Mithra devrait également être renforcé par l’arrivée prochaine d’administrateurs indépendants, dont Jean Stéphenne (ex GSK) et même Philippe Suinen (ex Awex)!

“La vraie vie de Mithra démarre demain…”

Une société flamande va confier à Mithra le développement de sept produits injectables (ndlr, des seringues pré-remplies contenant de la poudre et du liquide qui se mélangent quand on pique) et la production industrielle qui s’en suivra. “Notre force est de pouvoir intégrer le développement, la phase d’expérience-pilote et l’industrialisation, explique François Fornieri. Comme nous utilisons les mêmes machines et les mêmes process du début à la fin, nous savons travailler à échéance de 1 an et demi là où ailleurs il faut au bas mot 3 ans! Seul Bayer est capable d’en faire de même. Nous sommes ainsi approchés par des opérateurs disposant de fabuleux projets mais sans les outils pour les développer. Que ce soit pour le traitement de l’asthme, du diabète et de problèmes vasculaires, nous leur mettrons à disposition les technologies qui leur permettront de pouvoir aller de l’avant.” En Belgique, Mithra va aussi développer de grandes synergies avec BePharBel (Jean Stéphenne). “Nous leur confierons ce qui concerne les produits sous forme liquide et sèche (à l’exception des pilules contraceptives) et nous récupérerons de notre côté tout ce qui relève de l’injectable. Nous avons convenu de cela jeudi dernier.” A côté de l’injectable, les autres fers de lance de Mithra pour sa plateforme de développement et l’unité de production portent sur les polymères et les produits de diagnostic. Mithra compte collaborer en synergie avec l’aéroport de Bierset pour ce qui relève de la logistique.

François Fornieri est également en pourparlers pour développer une filiale au Brésil et racheter une société aux Pays-Bas. Au-delà de la question de la collecte des capitaux, celle des talents se pose-t-elle aussi? “Ce n’est pas un problème, répond François Fornieri. Nous sommes proches de l’Allemagne et des Pays-Bas. Nous sommes parfaitement situés pour accueillir des collaborateurs issus de ces régions. Chez nous, la plupart des gens sont bilingue, voire trilingues. Et puis, il y a tous les Liégeois présentement occupés dans le Brabant wallon ou ailleurs et qui aimeraient revenir par ici… Liège est en manque de sociétés qui donnent du rêve. Et Mithra est de celles-là!

Les prochains mois seront mis à profit pour préparer une entrée en bourse de Mithra, une option préférée à celle du private equity. “J’ai discuté avec d’innombrables richissimes personnes mais toutes s’inscrivaient cependant dans une optique purement financière, de trop court terme par rapport aux besoins de Mithra”, souligne-t-il. Il est cependant bien conscient qu’une entrée en bourse est aussi de nature à diluer son poids dans le groupe. “Je n’en n’ai que faire, conclut François Fornieri. Avec de bonnes conventions entre les grands actionnaires, il ne devrait pas y avoir de problème.” L’ambition affichée est d’entrer en course au cours du 1er semestre de l’année 2015.

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