France: contre la réforme de la SNCF, trains à quai et cheminots aux urnes

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Un lundi “très difficile” à la SNCF, de l’aveu même de la direction de l’opérateur du rail français: pour faire plier un gouvernement inflexible, les cheminots ont musclé leur mobilisation et commencé à se prononcer pour ou contre la réforme ferroviaire lors d’un vote à l’initiative des syndicats.

Si des trains circulaient lundi, au 18e jour de grève depuis début avril, la direction de la SNCF a noté “un sursaut de mobilisation” et constaté un “trafic très perturbé” avec, en moyenne, un TGV, TER ou Transilien sur trois et un Intercités sur cinq. “Il y a une très grosse mobilisation des conducteurs et contrôleurs, en grève à plus de 70%”, s’est félicité Erik Meyer, porte-parole de SUD-Rail.

Plus de 36% des aiguilleurs ont également cessé le travail, a précisé la direction du groupe en confirmant ces chiffres des syndicats. Sans qu’un lien avec la grève ait été établi, des ruptures de caténaires ont également bloqué le trafic, la direction évoquant des “actes de malveillance”. Un câble de soutien d’une caténaire a notamment été sectionné “très proprement” dans la nuit, à plusieurs mètres de hauteur, en Normandie, a indiqué la SNCF, qui va porter plainte. A la gare Saint-Charles de Marseille (sud-est), la circulation des trains a aussi été paralysée pendant une partie de la matinée. Une rupture de caténaire a entraîné une coupure du courant et contraint la direction à dérouter une partie du trafic. Il y a également eu “un blocage des voies par des salariés d’autres entreprises, des étudiants et des usagers”, venus “nous soutenir”, a dit à l’AFP Rémi Hours, responsable local de la CGT Cheminots, devant des trains à l’arrêt. Unis depuis le début de la contestation, les syndicats ont aussi lancé lundi une consultation auprès des 147.000 salariés de la SNCF, baptisée “vot’action”, qui prendra fin le 21 mai.

Chaque agent en activité est invité à dire s’il est “pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement” qui reste inflexible sur trois points: l’ouverture à la concurrence, la fin de l’embauche au statut spécial du cheminot et la transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics. Cette consultation n’a aucune valeur juridique — “aucune légitimité” pour le patron de la SNCF Guillaume Pepy –, mais les syndicats y voient une nouvelle “modalité d’action” pour “entrer en contact avec les cheminots”, selon Sébastien Mariani de la CFDT-Cheminots. Après que SUD-Rail a accusé dimanche le gouvernement et M. Pepy, d'”oeuvrer en coulisse pour privatiser et filialiser” la SNCF, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé lundi que l'”incessibilité” du groupe public ferroviaire soit inscrite dans le projet de loi, afin d’éviter une “vente à la découpe”.

Dans le texte adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, il est écrit que “le capital est intégralement détenu par l’Etat, ce qui en fait est plus fort que l’incessibilité”, a affirmé Jean-Baptiste Djebbari, rapporteur du projet de réforme. “Mais comme on ne veut laisser aucune place au fantasme de la privatisation, on inscrira +incessibilité+”, a-t-il promis. Le projet de loi arrive prochainement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, le 23 mai en commission et le 29 dans l’hémicycle.

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