France : acculé par Internet, Virgin Megastore dépose le bilan

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Après des années de difficultés liées à l’essor du numérique sur le secteur des produits culturels, l’enseigne Virgin a annoncé ce vendredi qu’elle allait déposer le bilan. L’emblématique magasin des Champs-Elysées fermera prochainement ses portes.

Virgin Megastore, qui emploie 1.000 salariés en France, va déposer le bilan, après des années de difficultés financières dans un secteur bouleversé par la concurrence sur internet et le numérique. Le magasin Virgin des Champs-Elysées devrait bientôt fermer ses portes.

La direction de Virgin a convoqué lundi 7 janvier un comité d’entreprise extraordinaire “dont l’objet va porter sur le projet de déclaration de cessation de paiement de l’entreprise”, a annoncé une porte-parole de cette société, contrôlée depuis 2008 par Butler Capital Partners.

Quinze ans après l’installation de l’emblématique Megastore des Champs-Elysées, présenté comme “le plus grand magasin de musique du monde”, Virgin n’est plus en mesure de payer ses créanciers. La procédure de cessation de paiement engagée peut éventuellement déboucher sur une procédure de redressement, ou sur une liquidation judiciaire, c’est-à-dire la disparition de l’entreprise.

Les effectifs ont fondu de 20% en 2 ans

Elle fait suite à des années de difficultés pour la chaîne de magasins, issue de l’empire Virgin du milliardaire britannique Richard Branson mais cédée en 2001 à Lagardère, qui en détient toujours aujourd’hui 20%, contre 74% contrôlés par Butler Capital. Interrogé, cet investisseur n’a pas souhaité faire de commentaire avant que les salariés soient informés lundi.

“Depuis plusieurs années, la société est en perte”, selon la porte-parole de Virgin. L’entreprise, qui exploite encore 25 magasins en France, a réalisé un chiffre d’affaires de 286 millions d’euros en 2011. Le groupe a déjà enchaîné les fermetures de magasins et les effectifs ont fondu de 200 salariés ces deux dernières années. Une nouvelle direction, nommée mi-2012, se donnait encore deux ans “pour restructurer la chaîne en réduisant la surface des points de vente”. Mais fin décembre, Virgin a franchi une étape symbolique en entreprenant de résilier le bail des Champs-Elysées à Paris, qui génère 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise.

Des sources syndicales indiquaient que Virgin souffrait notamment des loyers commerciaux très importants en centre-ville. “C’est tout à fait terrible comme nouvelle”, a réagi la présidente du Medef Laurence Parisot, sur BFM. “La crise que nous traversons n’est pas seulement une crise économique (…) c’est bien un nouveau modèle qui est en train de naître et beaucoup de secteurs sont effectivement touchés”, a-t-elle ajouté.

Autre victime du numérique : la Fnac

En effet, Virgin, qui a tenté de se diversifier dans les contenus numériques avec un site de téléchargement de musique, vidéos et livres, n’est pas la seule victime de l’effondrement des marchés “physiques” du disque et du DVD, et de la concurrence des grands acteurs du web, comme Amazon ou Apple. Sa grande concurrente, la Fnac, est également dans la tourmente. L’entreprise, qui emploie 11.000 salariés en France, cumule les pertes et a annoncé début 2012 un plan d’économies de 80 millions d’euros et 500 suppressions de postes dans le monde dont 310 en France. Propriétaire de la Fnac, PPR cherche à la vendre depuis trois ans, mais faute d’acheteur, il s’est résolu à annoncer une mise en Bourse pour 2013.

Sur un créneau voisin, celui de la distribution de produits high-tech, Surcouf a été mis en liquidation judiciaire à l’automne. Et au Royaume-Uni, patrie de M. Branson, l’enseigne Virgin Megastore a été cédée fin 2007, avant de mettre définitivement la clé sous la porte un an plus tard. Aux Etats-Unis, l’ancien numéro deux de la librairie, Borders, a disparu en 2011.

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