Festivals de covoiturages !

© Reuters

L’organisation d’un concert n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Outre les aspects liés à la gestion des déchets, des eaux usées et du bruit, un autre élément doit être pris en compte : celui du déplacement des nombreux festivaliers.

Pour assister à un concert qui finit par définition à une heure où les transports en commun sont en mode veille, les festivaliers qui ne s’y sont pas rendus en voiture n’ont guère le choix : soit ils campent sur place, soit ils jouent la carte du covoiturage. Cette carte, Taxistop a commencé à la jouer cet été. Proposé sous forme de test sur les pages web des principaux festivals belges, le service Eventpool a mis en contact les covoitureurs potentiels. Première expérience avec le sympathique festival des Ardentes. Organisé depuis 2006 à Liège, cet événement accueille désormais 70.000 festivaliers (2011) pendant quatre jours.

Deux offres, deux bilans

Cette année, outre le service de navettes TEC organisé entre la gare des Guillemins et le site du festival, les organisateurs ont pu compter sur la contribution d’Eventpool, qui recense les offres et les demandes de covoiturage pour se rendre à un événement. A côté d’Eventpool, Taxistop propose Eurostop (covoiturage à l’échelle européenne), Carpoolplaza (pour les entreprises) et Schoolpool (navettes scolaires).

“Il s’agit d’une plateforme en développement que nous avons pensée afin de mettre en contact l’offre et la demande de covoiturage”, explique Angelo Meuleman, coordinateur du projet. Après son inscription, l’utilisateur a accès à la liste des offreurs et des demandeurs de trajets pour un événement. Le matching se fait sur la base du trajet, mais donne aussi accès aux autres membres qui peuvent décider de faire un crochet. Chaque inscrit remplit une fiche renseignant son âge, ses points d’intérêt et son statut “fumeur/non-fumeur”, de façon à ce que le trajet se déroule dans les meilleures conditions.

Associée officiellement à plusieurs festivals organisés cet été comme Dour, Couleur Café, les Francofolies de Spa, Gent Jazz, Werchter Boutique et Werchter Classic, le système est encore en phase d’évaluation. “L’outil est disponible depuis mai 2012 et l’idée est de le faire évoluer en fonction des expériences que nous aurons pu mener cet été”, confie Angelo Meuleman. Les développements envisagés à terme ? “On peut évoquer l’intégration de l’offre de transports en commun ou la mutualisation des bases de données de différents offreurs de services qui fonctionnent comme nous”, souligne le coordinateur de Taxi- stop. Pour mener son projet, l’asbl fonctionne avec une équipe réduite rémunérée sur base de subsides accordés par les pouvoirs publics, que l’association a consacrés au développement de la plateforme. “Aucune campagne de communication n’a encore été engagée, l’idée étant d’abord de rôder le système”, souligne Angelo Meuleman. Et de fait, à communication limitée, résultats limités : pour les Ardentes, l’offre et la demande sont restées quasi symboliques. Dans la plupart des cas, sur le festival des Ardentes, les offreurs de trajets que nous avons contactés ont dû se résoudre à faire le voyage seul dans leur voiture. Et les demandeurs à faire de l’autostop ou à attendre la réouverture des transports en commun.

Le festival LaSemo, qui s’est tenu les 6, 7 et 8 juillet à Hotton, se positionne dans une veine durable. Son public a-t-il trouvé plus facilement son chemin vers le covoiturage ou des modes de transport alternatifs ? Difficile à dire. On doit toutefois constater que le site belge Djengo.net, que les organisateurs de LaSemo ont renseigné sur leur site, semble avoir mieux fait le plein de covoitureurs. “Nous avons été enchantés de voir une petite centaine de festivaliers passer par le site Djengo.net pour se rendre à LaSemo”, s’enthousiasme Anissia Tcherniaeff, responsable de la communication chez Djengo.

Pas si anecdotiques, les économies

Ce covoiturage peut avoir une portée importante en termes de réduction des émissions de CO2. Un festivalier qui se rend avec une voiture essence de cylindrée moyenne de Tournai à Liège aller-retour en emmenant quatre passagers émettra 0,07 tonne de CO2 contre 0,35 tonne si les cinq festivaliers s’y rendent en voiture chacun de leur côté. Une différence anecdotique ? Pas sûr. Multipliée par le nombre de festivaliers habituellement recensés dans ce genre d’événements, l’économie réalisée grâce au covoiturage peut vite atteindre des proportions impressionnantes : 10.000 festivaliers qui viennent en covoiturage à raison de cinq occupants par voiture représenteront 140 tonnes de CO2 émis, contre près de 700 tonnes s’ils viennent seuls – soit la consommation annuelle moyenne d’un boiler électrique.

Reste que pour que ces outils assurent leur pérennité et se développent, il faut dégager des moyens. Pour Eventpool, c’est la voie de la subsidiation qui est retenue. Pour Djengo, les choses sont différentes. “Nous n’avons pas eu recours à la publicité sur notre plateforme”, explique Anissia Tcherniaeff. En revanche, les concepteurs de Djengo ne s’interdisent pas d’avoir recours un jour à la contribution financière de l’utilisateur. Mais l’entreprise, qui vise le break-even en 2014, doit encore s’imposer dans les habitudes et, donc, continuer à proposer la gratuité.

Johan Debière

www.djengo.net, www.eventpool.be

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