Faut-il s’inquiéter des pannes de Qantas?

© Epa

Quatre incidents en moins de deux semaines, la compagnie Qantas traverse une période de grand trouble. Véritable série noire ou conséquence d’une obsession médiatique ?

Quatre incidents en moins de deux semaines. C’est une véritable épidémie qui touche la compagnie aérienne Qantas. Le 5 novembre dernier, un moteur d’Airbus A380 de la compagnie australienne explose en vol. Le lendemain, un boeing 747 connaît à son tour une panne de moteur, l’obligeant à rebrousser chemin, pour atterir à Singapour. Moins d’une semaine plus tard, c’est plus ou moins le même scénario qui se reproduit: un problème de réacteur affecte un Boeing 767 obligé d’attérir à Perth après son décolage. Ce lundi, c’est un Boeing 747 qui a été obligé de faire demi-tour après qu’un problème électrique ait été détecté sur l’appareil.

“Un incident technique mineur”, tient à rassurer Qantas. Mais qui jette une nouvelle fois le doute sur la compagnie : faut-il désormais craindre de monter à bord d’un avion Qantas? Rien n’est moins sûr. Les incidents sont en fait très fréquents sur les 12.000 avions qui volent chaque jour et chaque nuit dans l’espace aérien. Rien qu’en France, une dizaine de milliers d’incidents sont notifiés chaque année à la direction générale de l’aviation civile, explique un porte-parole de la DGAC à l’Expansion.com. Ces incidents sont de tout ordre. Ils peuvent aller de la simple panne dans les circuits diffusant les films, à l’avarie d’un moteur. Mais à chaque fois, ils doivent faire l’objet d’une déclaration auprès des instances responsables.

“Quatre incidents en deux semaines, cela n’a rien d’inquiétant”, renchérit le porte-parole de la DGAC. Si ces incidents sont si fréquents, c’est qu’en matière de transport aérien, la loi du risque zéro l’emporte. “L’industrie aéronautique est la plus sécurisée au monde. Elle ne prend aucun risque et équipe par exemple les avions de fonctions redondantes afin que celles-ci puissent prendre le relais en cas de panne. Par ailleurs, au moindre doute, les pilotes sont obligés de faire demi-tour,” explique Olivier Fainsilber expert aéronautique chez Oliver Wyman. C’est ainsi que quelques vibrations anormales dans un réacteur de moteur pourra conduire le pilote à rebrousser chemin, comme cela a été le cas vendredi dernier. Cela est valable pour toutes les compagnies, low cost comprises. Sévèrement réglementées et contrôlées, elles ne peuvent en aucun cas transiger sur la sécurité. “A part quelques compagnies aujourd’hui classées sur une liste noire européenne, l’ensemble des compagnies aériennes sont sûres”, ajoute le consultant.

Comment expliquer dans ce cas l’importance médiatique de ces incidents ? “Après l’incident de l’Airbus A380, qui ne pouvait pas passer inaperçu en raison de sa relative gravité, tous les médias sont restés très attentifs à ce qui pouvait de nouveau arriver à la compagnie”, estime Olivier Fainsilber. La compagnie subit ensuite certainement le revers de sa réputation de compagnie parmi les plus sûres de la planète. En 90 ans, “Qantas never had a crash “, rappelait Dustin Hoffman autiste surdoué, phobique des transports aériens dans le film Rain Man sorti en 1988. ” Quand un incident arrive sur une compagnie à la réputation aussi solide, cela fait ressortir les angoisses que peuvent susciter le transport aérien, pourtant le plus sûr au monde”, explique Olivier Fainsilber.

Plus inhabituels finalement sont en fait les problèmes rencontrés par les moteurs Rolls Royce, à l’origine de deux pannes rencontrées par Qantas. A cause de ces derniers, 4 des 6 A380 de la compagnie sont toujours cloués au sol. Selon le constructeur britannique, la turbine de ses Trent 900 présentait en fait un défaut de fabrication. Il conseille donc à toutes les compagnies ayant équipé leurs A380 de ses moteurs de les remplacer…

Julie de la Brosse

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content