Facebook n’a pas encore conquis le monde entier (mais il y travaille)

Mark Zuckerberg a de bonnes raisons de sourire : Facebook est en passe de conquérir de nouveaux pays. © reuters

Si Mark Zuckerberg a récemment appris le mandarin, ce n’est pas pour rien. Le fondateur de Facebook espère bien conquérir les derniers marchés qui lui résistent encore comme la Chine ou les pays en développement.

Depuis sa création, Facebook a bien grandi. On est loin aujourd’hui du simple réseau intra-universitaire. Mark Zuckerberg a fait de sa création un véritable phénomène au niveau international et il continue à tenter de combler les derniers vides sur la carte du monde. Si la plupart des pays industrialisés sont déjà largement accros, il reste en effet encore quelques nations à convaincre, dont celles en voie de développement.

Pas d’ordinateurs, mais des milliards d’abonnements téléphoniques

Dans ces dernières, posséder un ordinateur n’est pas encore la norme. Dans un rapport sur l’accès à la culture numérique, réalisé par Access to Culture Platform, on lit que l’offre ne cesse d’augmenter, tant en matière de services que d’équipements, au niveau mondial. Mais certains espaces peinent à rattraper leur retard technologique. En 2011, 61,3% des Européens avaient accès à internet. A titre de comparaison, ils n’étaient que 13,5% d’Africains à pouvoir en bénéficier. En moyenne, dans les pays en développement, ils seraient encore moins de 100 internautes pour 10.000 habitants à pouvoir surfer sur le web.

Près de trois quarts des individus dans le monde ont un téléphone mobile.
Près de trois quarts des individus dans le monde ont un téléphone mobile.© reuters

Un autre chiffre dans ce même rapport saute aux yeux: près de trois quarts des individus posséderaient un téléphone mobile. Dans les seuls pays en développement, on compterait 5 milliards d’abonnements. Une généralisation largement encouragée par les gouvernements qui n’hésitent pas à fournir des subventions ou des téléphones à bas prix.

Et ça, Mark Zuckerberg compte bien en tirer profit lui aussi. Avec ses applications, Facebook a déjà séduit un demi-milliard d’utilisateurs qui ne visitent le réseau social plus que via leur mobile, d’après les dires du site. Et apparemment ça rapporte gros puisque 70% de ses revenus publicitaires seraient directement liés à ces petits appareils.

La publicité modulable

Dans les pays en développement, il fallait donc à tout prix passer outre les obstacles et aléas des connexions parfois approximatives et les petits écrans. Telle était la promesse du nouveau programme lancé par Facebook, baptisé “Creative Accelerator”. Via cette petite invention, le réseau social entendait apporter son aide aux marques désireuses de développer leurs produits dans le monde entier. L’idée, ce n’était pas d’installer des antennes ou d’offrir des ordinateurs, mais de s’adapter aux contraintes. Par exemple, les publicités proposées sont différentes en fonction de votre connexion. Dans un même pays, pour un même produit, vous pouvez voir sur votre mobile une vidéo, une photo, ou seulement du texte, selon que le réseau soit en 3G, EDGE, ou autre. Si cette technique n’est pas nouvelle en soi, c’est la première fois qu’elle fut utilisée dans le cadre de la conquête de nouveaux marchés. Les publicités, elles, sont aussi adaptées aux cultures de chaque pays.

Ces derniers mois, des géants comme Nestlé, Coca-Cola ou encore Durex se sont laissés séduire par le concept. Les mérites de leurs produits ont depuis été vantés sur les smartphones indiens, indonésiens et kenyans. La Turquie et l’Afrique du Sud seraient les prochains sur la liste. En plus de booster la créativité des marques, Facebook espère surtout profiter de la manne financière qui s’offre à lui.

La zone de libre-échange dans l'est de Shangai est le seul endroit de Chine où l'on peut officiellement se connecter à Facebook.
La zone de libre-échange dans l’est de Shangai est le seul endroit de Chine où l’on peut officiellement se connecter à Facebook. © reuters

La Chine, un marché porteur pour Facebook

Aujourd’hui, il semblerait qu’aucun État ne soit à l’abri de la vague Facebook. Même en Chine, où le réseau social est pourtant interdit par le gouvernement depuis 2009, il fait recette. Avant de chercher à séduire les autorités, Mark Zuckerberg s’est attaqué aux entreprises. Il veut les convaincre d’investir dans les espaces publicitaires de son site. Son principal argument, ce sont les utilisateurs, et surtout leur nombre: 1,39 milliard, dispersés dans le monde entier.

Lors d’une conférence à Pékin, le fondateur de Facebook a, entre quelques mots en mandarin, précisé son angle d’attaque. Les entreprises qu’il cible sont avant tout internationalisées. C’est le cas par exemple de Youzu, une firme spécialisée dans la création de jeux en ligne qui a investi 1,6 million de dollars pour cette publicité. Au Wall Street Journal, l’un de ses managers explique: “La moitié de nos joueurs viennent de Facebook”. Le site serait leur “plus important outil publicitaire actuellement”. Une aubaine pour Mark Zuckerberg. Sur les 3,59 milliards de dollars de revenus publicitaires générés par le site durant le dernier quart de 2014, on ignore la part qui venait de Chine, mais une chose est sûre: ce chiffre ne fait qu’augmenter.

Perrine Signoret

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