Exclusif : la division de chèques “disparaît” chez Sodexo

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Sodexo a décidé de modifier le nom de son pôle “Chèques et Cartes de services” en “Solutions de Motivation”. Pour le groupe français, cette modification doit refléter le changement de stratégie du groupe qui vise désormais à être un acteur global dans les solutions “contribuant à améliorer la qualité de vie”. Décryptage.

Les changements d’appellation se poursuivent au sein du groupe Sodexo. Après avoir récemment effacé toute référence à la restauration en supprimant le “h” dans son nom, ce géant, qui représente 13,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 355.000 collaborateurs dans 80 pays pour l’exercice 2007-2008, a décidé de modifier le nom de son pôle “Chèques et Cartes de services”.

Selon certaines indiscrétions, le choix de la nouvelle appellation est d’ores et déjà plié : ce sera “Solutions de Motivation”. Pour le groupe français, cette modification doit refléter le changement de stratégie du groupe qui vise désormais à être un acteur global dans les solutions “contribuant à améliorer la qualité de vie”.

Très concrètement, les dirigeants du groupe Sodexo se sont rendu compte à quel point le nom de la division “Chèques et Cartes” était obsolète et surtout devenue une commodities au sein des entreprises. Dès lors, dans l’optique d’intégrer de nouvelles solutions de ressources humaines comme les plans cafétéria ou dans l’assurance par exemple, ce pôle (qui possède un potentiel de marché de quelque 130 milliards d’euros à travers le monde) sera rebaptisé très officiellement dans les prochains jours.

Sodexo reprend des services

“Nous préférons rester discrets sur ces activités mais notre ambition est mondiale.” Pour Michel Landel, CEO du groupe Sodexo, la mise en place du nouveau relais de croissance doit se faire dans la discrétion. Pour quelle raison ? “Il ne faut pas alerter la concurrence”, assurait encore le patron dans le magazine Trends-Tendances daté du 27 mai. L’offre que veut commercialiser le groupe français est pourtant connue : les services à la personne. Un business qui, jusqu’il y a peu, était à l’abri de la concurrence du secteur marchand mais qui suscite aujourd’hui bien des convoitises.

Il est vrai que ce marché est très prometteur : 26,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2012, à en croire le cabinet Sia Conseil. En attendant, et si, depuis plusieurs années, les banques et compagnies d’assurances sont entrées sur ce marché, le modèle est encore peu développé. Reste que les premiers signes d’une concentration dans le secteur se font sentir. C’est pourquoi, après avoir créé une cellule de veille à Paris, le groupe Sodexo a développé une structure spécifique afin de se positionner sur quatre axes : l’aide à domicile pour les personnes âgées, l’aide à la petite enfance, le soutien scolaire et les conciergeries.

Reprise d’expertises

Néophyte dans ces nouveaux métiers, le groupe dirigé par Michel Landel s’est attelé à mettre la main – à coup de millions d’euros – sur des entreprises expertes dans leur secteur. “Des acquisitions ciblées ont été réalisées pour renforcer notre expertise dans des domaines précis afin de nous développer sur des marchés-clés à l’international”, assure Bruno Van Haelst, responsable du département des services à la personne dans le monde chez Sodexo.

Ces deux dernières années, le groupe s’est ainsi offert le groupe allemand Zehnacker, West Born et Score Groupe en France, l’indien Radhakrishna Hospitality Services, Tutor.com et Comfort Keepers aux Etats-Unis, ou encore Educamodo chez nous. “Nous négocions actuellement avec un acteur européen pour prendre pied dans le marché des crèches”, assure un initié. Pour continuer à se développer dans ces nouveaux services, l’enveloppe financière serait, dit-on en interne, conséquente.

A l’heure actuelle, la division “services à la personne” ne pèse que très peu dans les 14,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires de Sodexo. “Certes, mais c’est le business de demain”, estime Bruno Van Haelst. Reste toutefois à fixer le modèle : remplir certaines conditions, comme un réseau de distribution puissant, une taille suffisante ainsi qu’un processus industrialisé, gage de certification ou de labellisation. Sans compter la mise en place d’un système de revenus à plusieurs niveaux : frais facturés aux clients, commissions facturées aux prestataires, conventions de services avec les entreprises. Enfin, les entreprises privées devront parvenir à s’imposer sur un marché encore tenu par des réseaux associatifs.

Valéry Halloy

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