Exclusif : Après Mbo Mpenza, Luigi Pieroni victime lui aussi de Capitalium

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Après l’ex-Diable Rouge Mbo Mpenza, le footballeur Luigi Pieroni dépose plainte à son tour contre Capitalium, une société spécialisée dans les conseils en investissement. Sa responsable Véronique Van Acker est aujourd’hui dans le collimateur de la justice.

Lisez l’intégralité de l’article consacré à cette affaire dans Trends-Tendances de ce jeudi 29 juillet 2010.

Selon les informations exclusives de Trends-Tendances, une dizaine de plaintes ont déjà été déposées au parquet de Nivelles à l’encontre de la “nébuleuse” Capitalium spécialisée dans les conseils en investissement et de sa patronne Véronique Van Acker. Actuellement en vacances jusqu’au 15 août, la juge d’instruction Anne-Françoise Destrée en charge du dossier devrait donc décider à son retour, et sur base des éléments sensibles mis en évidence par les enquêteurs, de l’inculpation ou non de Madame Van Acker.

Mais que reproche-t-on exactement à cette quadra blonde qui compte déjà deux faillites à son actif ? Les motifs de la perquisition qui s’est déroulée le 9 juillet dernier à son domicile privé de Lasne et dans ses bureaux à Ohain sont éminemment clairs : abus de confiance, faux et usage de faux, escroquerie et blanchiment d’argent. Rien que ça.

Et comme une tuile ne tombe jamais seule, la Commission Bancaire, Financière et des Assurances (CBFA) s’est également abattue, le même jour, sur les bureaux de Véronique Van Acker, “déconseillant au public de donner suite aux propositions d’assurance et/ou d’investissement émanant de Capitalium Europe SA et Capitalium Consult SCRL, et d’effectuer tout versement sur un compte renseigné par ces sociétés”.

Deux affaires bel et bien liées Une perquisition d’un côté, une mise en garde de la CBFA de l’autre… Solide comme le roc, Véronique Van Acker affirme sans trembler que les deux affaires ne sont absolument pas liées et que le “couac” de la suspension par la CBFA ne concerne finalement qu’une “vague erreur administrative due à un changement d’actionnaires”, erreur qui serait “en cours de régularisation” selon ses dires. Or, dans le recommandé adressé par la CBFA à Capitalium SPRL et dont nous avons pu prendre connaissance, il est pourtant écrit noir sur blanc que la CBFA soulève “des doutes sérieux concernant l’aptitude et l’honorabilité professionnelle” des dirigeants de ces sociétés (citant entre autres Madame Van Acker).

La dizaine de plaintes déposées au parquet de Nivelles concerne justement des sommes d’argent qui semblent aujourd’hui (momentanément ?) évaporées dans les limbes financières. Selon nos sources, le montant du préjudice des victimes déclarées tournerait déjà autour des 6 millions d’euros et les affirmations relayées par la CBFA se rapportent précisément à l’une d’entre elles _ et non des moindres _, à savoir l’ancien joueur de football Mbo Mpenza. L’ex-Diable Rouge a en effet confié une partie de ses économies à Capitalium dans l’espoir de la faire fructifier et c’est là aujourd’hui que le bât blesse. Selon nos informations, ce ne sont pas moins de 340.000 euros appartenant à Mbo et à sa femme Caroline qui sont aujourd’hui “bloqués quelque part” dans la comptabilité obscure de Capitalium.

Exaspéré d’attendre en vain son argent, le couple a donc récemment déposé plainte contre Véronique Van Acker pour “abus de confiance et détournement de fonds” selon les termes de Me Laurent Denis, l’avocat de Mbo Mpenza. Certes, le dossier pourrait toujours être réglé à l’amiable, si l’on en croit les parties opposées, mais les choses traînent depuis des lustres et l’ambiance se dégrade méchamment entre les protagonistes.

Me Laurent Denis est d’autant plus impliqué dans l’affaire Capitalium qu’il défend un deuxième client “très foot” dans ce dossier, même si l’avocat refuse d’infirmer ou de confirmer nos informations exclusives. Car nous sommes en mesure de révéler aujourd’hui que Luigi Pieroni, joueur de l’actuelle Pro League, a également porté plainte contre Véronique Van Acker. Actuellement en partance du club de La Gantoise, Luigi Pieroni aurait lui aussi “perdu” une importante somme d’argent _ on parle de 100.000 euros _ dans le marais financier de Capitalium.

“Justine Henin n’a rien à voir dans cette histoire !”


Et la liste des “people” est loin d’être close. Dans les couloirs du Palais de Justice de Nivelles, on chuchote en effet que d’autres personnalités figureraient parmi les victimes du système Capitalium. Un troisième footballeur professionnel se trouve, paraît-il, au tableau de chasse de celle que certains surnomment désormais “la Madoffette du Brabant wallon” et le nom de Justine Henin a même été discrètement cité dans le dossier, au grand dam de Benoît Cuisinier, manager de la joueuse de tennis. “Justine n’a rien à voir dans toute cette histoire !, s’insurge-t-il. Son nom a juste été utilisé dans la cadre d’une soirée caritative organisée par Capitalium.”

Sur le site de l’ASBL Justine for Kids _ l’association de Justine Henin qui soutient les enfants atteints du cancer _ traîne encore une affiche d’un événement organisé effectivement par Capitalium Consult en septembre 2009 et dont l’intégralité des bénéfices devait être intégralement reversée à l’ASBL de l’ex-numéro 1 mondiale de tennis. Le verbe “devait” est important, car depuis ce dîner-concert dont l’objectif visait surtout à mettre la main sur de futurs clients haut de gamme, l’argent promis par Capitalium a été en partie versé. Cela dit, pour le manager de Justine, le dossier est définitivement clos et il ne veut plus entendre parler de cette “drôle de société d’investissement”.

Accusée par certaines de ses victimes d’avoir “détourné leur argent pour le planquer dans un paradis fiscal et en jouir en temps utiles” (sic), la grande patronne de Capitalium pourrait très bien être aussi la victime d’un système beaucoup plus complexe où elle ne serait finalement qu’un des maillons de la chaîne et donc un fusible complètement vulnérable. C’est d’ailleurs la thèse d’autres victimes du dossier, une thèse qui est également examinée par les enquêteurs nivellois. Mais comme nous le confie l’un d’entre eux : “Lorsque vous être à quatre dans une voiture et que vous laissez, en connaissance de cause, le volant à un ivrogne, vous êtes quelque part tout aussi responsable de l’accident.”

Reste à savoir maintenant si Véronique Van Acker sera un jour en mesure de rembourser véritablement tous ceux qui lui ont fait confiance dans la gestion de leur argent, “people” ou non.

Des rumeurs émanant de personnes jalouses?

En attendant, la principale intéressée a réagi auprès des journalistes de l’agence Belga en déniant que des plaintes soient déposées contre elle ou ses sociétés. “Si plainte il y a, je n’en ai jamais été informée. Lors de mon audition suite aux perquisitions, les policiers ne m’ont rien dit de tel. J’ai encore posé la question à mes avocats il y a quelques jours et ils ne sont au courant d’aucune plainte. Tout cela n’est donc que rumeur”.

Concernant Mbo Mpenza, l’administratrice de Capitalium Consult reconnaît qu’il y a eu “un petit problème”, d’ailleurs “en passe d’être réglé”. “Je ne sais pas d’où sortent les autres noms comme Pieroni ou Henin, car j’ai toujours refusé de donner les noms de mes clients. M. Pieroni, qui a été harcelé par les journalistes à ce sujet, a toujours refusé de parler. Il a même menacé de porter plainte si son nom était cité”, souligne-t-elle.

Mme Van Acker reconnaît toutefois rencontrer quelques problèmes avec des placements au Luxembourg bloqués depuis un an, mais qui n’affectent aucune des personnalités citées. “Mais évidemment, quand il s’agit de petites gens, personne n’en parle. Toutes ces rumeurs n’ont pour but que de nuire à Capitalium, sans doute par jalousie”, conclut-elle.

Frédéric Brébant, et Belga

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