En rachetant Base, Telenet envoie Mobistar dans l’oeil du cyclone

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L’opération était prévisible. En s’offrant Base, Telenet a enfin acheté l’opérateur de téléphonie mobile qui lui manquait. Facturée 1,3 milliard d’euros, cette acquisition marque surtout le début des grandes manoeuvres de consolidation du marché belge des télécoms, où Mobistar devient la nouvelle cible des forces en présence.

En annonçant le rachat de Base au groupe néerlandais KPN pour la somme de 1,3 milliard d’euros, le câblo-opérateur Telenet affiche clairement son ambition de jouer un rôle déterminant dans la convergence inéluctable des infrastructures fixes et mobiles sur le marché des télécoms. Désormais, la Belgique compte deux acteurs de poids qui sont à la fois actifs dans l’univers de la télévision, de l’Internet et de la téléphonie à la fois fixe et mobile: Proximus, d’une part, et Telenet, filiale du groupe américain Liberty Global, d’autre part. A leurs côtés, d’autres acteurs moins “convergents” continuent de virevolter dans le paysage des télécoms, qu’ils soient présents dans les offres “triple play” (Internet, télévision et téléphonie fixe) – à savoir Numericable et VOO, marque du groupe Nethys (ex-Tecteo) – ou essentiellement dans la téléphonie mobile comme Mobistar, filiale du groupe français Orange.

Signe que le rachat de Base par Telenet secoue quelque peu le marché belge, l’action de Mobistar chutait de près de 15% ce lundi matin. Il faut en effet rappeler que 900.000 clients de Mobistar viennent directement de Telenet qui dispose d’un partenariat avec le deuxième opérateur mobile du pays jusqu’en 2017. Concrètement, le câblo-opérateur offre encore aujourd’hui, via le réseau de Mobistar, des services de téléphonie mobile à ses abonnés. Mais avec le rachat tout frais de Base, la migration des clients de Telenet vers son propre réseau s’annonce donc inévitable.

Mobistar en ligne de mire

Dans ces conditions, quel est l’avenir de Mobistar ? En coulisse, les scénarios vont bon train, d’autant plus que la filiale du groupe Orange est dans une mauvaise passe. Depuis 2011, l’opérateur affiche de mauvais résultats financiers et le scénario de la vente de la société par son propriétaire devient de plus en plus palpable. “Il n’est pas impossible que Telenet poursuive sur sa lancée et avale Mobistar dans la foulée, observe ce spécialiste du marché. Une autre hypothèse serait de voir tout doucement émerger un troisième acteur qui jouerait lui aussi la carte de la convergence et qui pourrait donc être une alliance stratégique de Nethys (propriétaire de VOO) et du français Altice (propriétaire de Numericable en France et actionnaire de Numericable Belux). Dans cette logique, ils reprendraient ensemble Mobistar pour disposer enfin d’un opérateur mobile”.

Tout dépend de la position de Nethys. D’autres observateurs voient plutôt le groupe de Stéphane Moreau se rapprocher non pas du français Altice, mais justement plutôt de Telenet, histoire de s’opposer de manière plus ferme au géant Proximus sur un marché télévisé de plus en plus concurrentiel. Certains, comme le consultant médias Thierry Tacheny, pensent enfin que Nethys pourrait même avoir les reins assez solides pour s’offrir en solo l’activité de téléphonie mobile qui lui manque: “Ce groupe a tout à fait l’assise financière pour le faire grâce aux revenus qu’il génère dans les secteurs de l’eau et de l’énergie”, commente-t-il.

“Quoi qu’il en soit, le rachat de Base par Telenet est le signe que le début des grandes manoeuvres de consolidation a bel et bien commencé”, conclut Philippe Lhomme, président de Deficom Group, qui détient lui aussi des parts importantes dans Numericable Belux. Le marché belge des télécoms est effectivement en pleine ébullition et la question est désormais de savoir s’il y aura, oui ou non, de la place pour trois grands acteurs aux stratégies convergentes dans l’univers de la télévision, de l’Internet et de la téléphonie à la fois fixe et mobile.

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