Du bitume écologique en micro-algues, une idée qui tient la route

© iStock

Des routes écologiques, cela sonne presque comme une antithèse. Mais ce n’est pas l’avis d’une équipe de chercheurs français qui planchent sur la création d’un bitume végétal.

Dans l’ouest de la France, une petite équipe de chercheurs planche sur ce qui sera peut-être l’autoroute de demain. Un bitume plus vert et écologique. Alors que d’autres s’attaquent aux voitures et aux carburants, les Nantais et Orléanais ont décidé de s’intéresser au bitume. Cette partie du revêtement noir sur lequel nous roulons est constituée d’hydrocarbures, issus du pétrole. Les chercheurs d’en fabriquer, eux, à partir de micro-algues.

Comme leur nom l’indique, les micro-algues sont de minuscules plantes qui barbotent et se multiplient dans l’eau des océans, lacs ou rivières. Vous avez aussi peut-être pu en rencontrer dans la composition de votre crème anti-rides ou celle de vos compléments alimentaires, produits dans lesquels elles sont régulièrement utilisées. Depuis peu, ces végétaux sont aussi sollicités pour produire des biocarburants, comme le bioéthanol ou encore le biodiesel.

Pour transformer des algues en bitume, les chercheurs de l’Université de Nantes et du CNRS ont procédé à une “liquéfaction hydrothermale dans un bain d’eau chauffée sous pression“, explique Le Monde. Grâce à ce procédé, les végétaux se transforment en “une substance visqueuse hydrophobe“. D’après les chercheurs, le bitume végétal, dont la composition est pourtant tout à fait éloignée de celle du bitume classique, présenterait des propriétés identiques à celles de ce dernier, notamment en matière de viscoélasticité. C’est elle qui donnerait au matériau sa force de résistance, et sa flexibilité.

Pour l’instant, les démonstrations n’ont pas dépassé le stade des tests en laboratoire. Les essais avant la mise en pratique devraient encore prendre quelques années. Il faudra déterminer si le bitume à base de micro-algues ne perd pas en efficacité au fil du temps, et aussi si le coût de sa mise en oeuvre ne sera pas trop élevé. Une solution envisagée pour réduire ce dernier serait de n’utiliser que des résidus des micro-algues provenant d’autres industries, notamment cosmétiques.

Interrogé par le Monde, Bruno Bujoli, l’un des chercheurs, explique que le projet est “réaliste“. Il nécessiterait toutefois des “unités de production de la taille d’une raffinerie de pétrole“. D’après le quotidien, le bitume végétal ne devrait pas voir la lumière du jour avant au moins cinq ou dix ans. Pas de quoi entamer la motivation de l’équipe qui croit déjà dur comme fer à son projet. Elle en a d’ailleurs déjà déposé le brevet.

Perrine Signoret

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content