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Donald Trump lâché par les grands patrons américains

Les grands patrons dans l’entourage de Donald Trump qui ont accepté de siéger à son conseil économique ont tous démissionné en bloc après ses propos sur Charlottesville. Derrière ce discours lié à la morale, l’intérêt économique des entreprises concernées est aussi en jeu, aucune marque ne peut en effet se permettre une campagne de boycott sur Internet.

Le départ de Steve Bannon, le conseiller ultranationaliste de Donald Trump de la Maison-Blanche, a fait couler beaucoup d’encre. Il est vrai qu’il est soupçonné d’avoir une mauvaise influence sur le président des États-Unis et d’être notamment à l’origine de la dernière bévue monumentale de Donald Trump à Charlottesville.

Le président américain, au lieu de condamner les agissements des sympathisants néonazis, a ainsi préféré renvoyer les deux camps dos à dos comme si les antiracistes et les nostalgiques d’Hitler étaient comparables dans leur démarche.

En revanche, ce qui est passé inaperçu et est sans doute encore plus grave que le départ de son conseiller Steve Bannon, c’est le fait que Corporata America, c’est-à-dire les grands patrons ont tous démissionné de leur fonction de conseiller.

Le patron du géant pharmaceutique Merck a lancé la débandade. L’Afro-Américain Kenneth Frazier, dans un communiqué officiel, a indiqué qu’en âme et conscience il ne pouvait plus siéger au sein du conseil économique de Donald Trump lorsque le président ne sert plus de rempart à l’intolérance et au racisme.

Aujourd’hui, Donald Trump n’a quasi plus de grands patrons autour de lui pour le conseiller pour son programme économique.

Fidèle à son habitude, Donald Trump lui a envoyé une heure après sa démission, un Tweet dans lequel, il dit ironiquement à ce grand patron que maintenant qu’il a démissionné, il aura le temps de diminuer les prix des médicaments pour le peuple américain.

Le seul problème pour Donald Trump, c’est que plusieurs autres patrons – celui d’Intel, d’IBM et de General Electric par exemple – se sont tous concertés après les propos malheureux de Charlottesville et ont démissionné en bloc.

Aujourd’hui, Donald Trump n’a quasi plus de grands patrons autour de lui pour le conseiller pour son programme économique. C’est un coup dur. D’abord, parce que la plupart de ces patrons, à l’exception de ceux de la Silicon Valley qui se sont méfiés de lui dès le départ, avaient de la sympathie envers lui. En résumé, ils se sont dit que si le bonhomme tient parfois des propos populistes, il n’en reste pas moins que c’est un des leurs. Trump est avant tout un businessman.

Et puis, comme Trump veut entamer la plus grande réforme fiscale de l’histoire américaine, autant être à ses côtés pour le conseiller “à bon escient”. Mais aujourd’hui, les grands patrons n’ont plus d’autre choix que de prendre leur distance, quitte justement à ne plus pouvoir l’influencer dans ses choix.

Certains grands patrons sont sincères lorsqu’ils disent que leur conscience et leur morale les empêchent de siéger au conseil économique de Donald Trump après les propos de Charlottesville.

Mais la raison principale, c’est que ces patrons de grandes sociétés ne pouvaient pas faire autrement. En effet, ni leurs clients ni leurs employés n’auraient accepté de les voir siéger – même bénévolement – pour le compte d’un président diviseur et attiseur de haine.

En réalité, c’est une victoire pour la démocratie américaine et une manifestation de l’influence des réseaux sociaux. Aucune grande marque américaine n’a envie de devenir la cible d’une campagne de boycott sur Internet. Des expériences récentes ayant montré que c’était mortel.

La Bourse, en revanche, s’inquiète aussi de ces départs. Pas pour des raisons morales, mais parce que si Trump continue à être aussi clivant, il ne pourra jamais faire passer ses réformes au parlement américain. Et notamment, la baisse de l’impôt des sociétés. C’est mauvais pour Wall Street qui avait déjà anticipé les retombées positives de cette réforme fiscale. Dans ce sens, le départ de Steve Bannon, le Dark Vador de la Maison-Blanche, a été un soulagement pour les investisseurs, jusqu’au prochain épisode de cette nouvelle émission de télé-réalité qu’est devenue la Maison-Blanche.

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