Discrimination à l’embauche : Adecco condamné

“BBB”, pour “Blanc Bleu Belge” : c’est avec ces trois lettres qu’Adecco aurait classé les postes pour des missions dans certaines entreprises qui ne souhaitaient pas recruter des personnes étrangères. La société d’intérim, condamnée par le tribunal de première instance de Bruxelles, ira en appel.

Le tribunal de première instance de Bruxelles a donné gain de cause à la FGTB et aux associations SOS Racisme et Kifkif, et condamné la société d’intérim Adecco à un euro symbolique à titre de dommages et intérêts pour pratiques illégales de discrimination à l’embauche, a annoncé vendredi le syndicat socialiste.

L’affaire avait éclaté en 2001 à la suite d’une plainte d’un collaborateur d’Adecco. Celui-ci avait dénoncé le fait que des postes pour des missions dans certaines entreprises qui ne souhaitaient pas recruter des personnes étrangères étaient pourvus du code BBB, pour “Blanc Bleu Belge” (une race de viande bovine belge). Une instruction avait été ouverte dans la foulée.

La chambre du conseil de Bruxelles avait décidé en 2009 de ne pas renvoyer la société de travail intérimaire devant le tribunal correctionnel car l’instruction à l’encontre de l’entreprise avait été menée en français et non en néerlandais, alors que le siège central d’Adecco se situe effectivement en Région flamande. La FGTB et SOS Racisme avaient alors décidé, en septembre 2009, d’introduire une action en dommages et intérêts contre Adecco devant le tribunal de première instance de Bruxelles pour discrimination à l’embauche et violation de la loi contre le racisme.

“Il s’agit d’une grande victoire dans la lutte contre les discriminations à l’embauche et cette décision permet de dénoncer des pratiques qui sont malheureusement encore trop fréquentes dans l’ensemble des secteurs, y compris dans l’intérim, mais qu’il est souvent difficile à poursuivre faute de preuves suffisantes”, se réjouit la FGTB dans un communiqué.

La FGTB et SOS Racisme annoncent par ailleurs avoir décidé “de porter l’échec du dossier pénal devant la Cour européenne des droits de l’Homme afin d’y dénoncer le non-respect du principe du droit au procès équitable”. Le syndicat et l’association reprochent à l’Etat belge et au parquet du procureur du Roi de ne pas avoir mis tout en oeuvre pour poursuivre Adecco pour pratiques discriminatoires.

Adecco, convaincu d’avoir été condamné à tort, va en appel

“Adecco prend acte de la condamnation et respecte la décision du tribunal, a réagi la société d’intérim. Parce qu’Adecco est convaincue d’avoir été condamnée à tort, la société a décidé de faire appel.” De manière générale, Adecco affirme n’appliquer “aucune politique de discrimination délibérée ou organisée” et dit accorder “une importance primordiale à la non-discrimination et à la diversité”.

“En tant qu’entreprise, Adecco condamne toute forme de discrimination fondée sur un motif quelconque, que ce soit le sexe, l’âge, la prétendue race, la nationalité, la religion ou l’état physique. Le seul critère de sélection qu’applique Adecco est celui de la compétence du chercheur d’emploi et de l’intérimaire.”

Trends.be, avec Belga

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