Diesel cancérigène : enfin le coup de grâce ?

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L’OMS vient de classer le diesel parmi les produits certainement cancérigènes. Et ce n’est pas la seule tare du gasoil. Il est grand temps de cesser de privilégier ce carburant par rapport à l’essence.

Bon, on s’en doutait déjà un peu qu’inhaler à plein pot des gaz d’échappement ne devait pas être très indiqué pour nos petits systèmes respiratoires. On n’avait pas vraiment attendu l’OMS pour se faire une idée. Sauf que là, l’Organisation mondiale de la santé vient de frapper un grand coup en classant les échappements de diesel dans la catégorie des produits certainement cancérigènes pour l’être humain. Soit le groupe 1, le plus haut niveau.

Les experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), réunis la semaine dernière à Lyon, ont établi un lien “irréfutable” entre les émanations des moteurs carburant au diesel et les cancers du poumon. Notamment. “Sont aussi associés à ces échappements les cancers de la vessie, avertit Christopher Portier, directeur du CIRC. Mais c’est un lien plus faible.”

Cela fait plus de vingt ans que le gasoil est assis sur le banc des accusés : dès 1988, le CIRC l’avait classé dans la catégorie des cancérogènes probables (groupe 2). Soyons de bon compte : l’essence non plus n’a rien d’un élixir de jouvence. Ses gaz d’échappement sont “peut-être cancérigènes pour les humains”. Ce qui fait toujours un degré de risque en moins que son cousin le diesel.

L’étiquette est donc collée : diesel = cancer. De quoi porter le coup fatal au carburant roi sur le Vieux Continent ? Il serait temps. A côté des aspects de santé publique, le diesel dispose en effet déjà d’un solide casier judiciaire (lire notre dossier dans le Trends-Tendances du 3 mai 2012). On vous fait la revue de ses trois autres “péchés capitaux”. Primo, il pollue plus. Non seulement à la production, mais aussi à l’usage : CO2, oxydes d’azote et ces charmantes particules fines. Rappelons au passage que Bruxelles présente un taux de pollution parmi les plus élevés d’Europe et le premier coupable n’est autre que la pression automobile. Deuxio, il est plus cher. Tertio, il handicape économiquement l’Europe. Vu la demande, l’Europe doit importer en masse du diesel, tandis qu’elle est forcée d’exporter les surplus d’essence que produisent ses raffineries… qui boivent le bouillon.

On entend déjà l’excuse toute faite : il faut agir au niveau européen. C’est vrai. Après le refus du Parlement européen d’augmenter la fiscalité pesant sur le diesel (un projet porté par la Commission), c’est aux 27 ministres des Finances de trouver une position qui fasse l’unanimité. Il faudra vaincre les réticences britanniques et surtout le puissant lobby automobile allemand.

En attendant, la Belgique ne peut rester les bras croisés. Elle doit prendre le taureau par les cornes et en a les moyens. Certes, la transition doit se faire dans la douceur, afin de laisser le temps aux secteurs automobile et du transport, pour ne citer qu’eux, de se retourner. Même chose pour les entreprises, l’imposant parc belge de voitures de société s’abreuvant essentiellement au diesel.

Mais il est temps de donner un signal clair et suffisamment fort pour peser sur le réflexe d’achat des particuliers. A la pompe, le diesel ne peut plus être meilleur marché que l’essence. La Belgique n’est pas forcée d’attendre l’Europe. Oui, cette dernière impose un taux de taxation (accises) plus lourd sur l’essence que sur le diesel. Mais la différence pèse moins de 9 %. Or la Belgique a la main lourde : l’essence subit des accises supérieures de plus de 40 % à celles frappant le diesel. On agit maintenant ou on attend la mauvaise nouvelle suivante ?

Benoît Mathieu

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