Deutsche Telekom veut des femmes aux commandes

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Le premier opérateur télécom européen va imposer un quota de 30% de femmes pour tous les étages de son management, dans le monde entier, d’ici à 2015. C’est sans précédent en Allemagne.

Deutsche Telekom (DTAG) est la première entreprise du DAX, l’indice boursier de Francfort, à introduire un quota de femmes pour son encadrement : “Nous serons tout simplement meilleurs avec plus de femmes au pouvoir“, a expliqué le PDG du groupe, René Oberman. Selon lui, plusieurs études sérieuses montrent que les entreprises ayant une forte proportion de femmes “cheffes” sont plus compétitives et plus rentables, un élément qui rentre de plus en plus en ligne de compte dans l’évaluation de la politique de développement durable d’une entreprise.

Actuellement, 32% des effectifs globaux de Deutsche Telekom sont féminins. Rapportée au seul management, la proportion se réduit cependant à 13%. Enfin, tous les membres de la direction de DTAG sont des hommes (2,5% en moyenne pour les directions des 200 plus grosses entreprises allemandes). Et si le conseil de surveillance de DTAG compte trois femmes (13% de femmes en moyenne nationale), elles sont toutes trois représentantes des salariés. Selon Thomas Sattelberger, directeur du personnel de l’entreprise, ce quota de 30% concernera donc exclusivement le management et la direction du groupe, en Allemagne et à l’étranger, et devra être réalisée d’ici à la fin 2015.

Pour nous, ce quota de femmes n’est pas une ‘directive-alibi’ politiquement correcte. Il doit nous permettre de mettre durablement en place une politique d’égalité des chances pour les meilleurs talents, quelque soit leur sexe. La politique d’aide aux femmes que nous appliquons depuis des années est certes bien intentionnée, mais comme dans toutes les autres grandes entreprises, nous attendons toujours d’en voir les résultats“, a expliqué M. Sattelberger qui ne croit visiblement plus à la seule bonne volonté.

Le gouvernement allemand refuse les quotas

Deutsche Telekom a également annoncé qu’il allait conditionner tous ses programmes de recrutement, de sélections de jeunes diplômés ou de formation interne pour les cadres à la réalisation de cet objectif. Parallèlement, l’entreprise étendra et adaptera ses offres de modèles flexibles de temps de travail, de temps partiel pour le management ou de crèches d’entreprise.

Alors qu’en Allemagne, 60% des diplômés des filières économiques et de gestion des entreprises sont désormais des femmes et que le vieillissement démographique est particulièrement marqué, les autorités publiques et les fédérations patronales refusent toujours la politique des quotas.

Interrogée par le Financial Times Deutschland, la ministre de la Famille et des Femmes, Kristina Schröder, a cependant salué la décision de Deutsche Telekom et a précisé ses intentions : “Je voudrais nettement améliorer la transparence et l’obligation de rendre compte. Les entreprises devront déterminer quelle proportion de femmes existe, à quel niveau et comment elle évolue. C’est sur ces résultats que les entreprises pourront être jugées“. Elle compte obtenir ces résultats en développant un dialogue étroit avec les entreprises, l’imposition d’un quota national n’étant pour elle que le “recours ultime“.

En France, où les conseils d’administration accueillent en moyenne 9 à 10 % de femmes (chiffres de la Commission européenne), l’Assemblée nationale a adopté le 20 janvier dernier une loi visant à imposer en six ans un quota de 40% de femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées. Elle suit l’exemple de l’Espagne (40% de femmes à partir de 2015) et surtout de la Norvège qui a légiféré en 2003. Aujourd’hui, les conseils d’administration des grandes entreprises norvégiennes accueillent 41% de femmes.

Thomas Schnee, correspondant de L’Expansion.com à Berlin

Trends.be, L’Expansion.com

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