Des start-ups espèrent que les grosses bêtes mangeront bientôt les petites

/ © Reuters

Poux, punaises, mouches, coléoptères, voilà ce que les animaux qui finissent dans nos assiettes pourraient être amenés à manger bientôt. C’est du moins ce que quelques start-ups, attirées par ce lucratif ‘business des cafards’, espèrent.

D’ordinaire, les volailles, bovins et autres poissons destinés à la consommation humaine sont nourris de céréales, de farines animales, de soja, ou même de feuilles, tiges et pulpes de fruit.

Si quelques start-ups se lancent aujourd’hui dans la valorisation des insectes pour l’alimentation animale, c’est qu’elles y ont senti un bon filon…

Un marché à 350 milliards de dollars

Le marché représenterait selon un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization des Nations Unies) pas moins de 350 milliards de dollars. En 2011, ce sont 870 millions de tonnes d’aliments qui ont été produits pour finir dans la bouche des animaux d’élevage. Or, ce chiffre ne serait pas près de diminuer. La population ne cesse en effet d’augmenter: nous devrions être 9 milliards sur Terre d’ici 2050. Et ces 9 milliards d’humains, il faudra bien les nourrir. D’après la FAO, cela passera par une augmentation de la production alimentaire de 70%. La quantité de viande produite, elle, devrait doubler.

Ces animaux que nous mangerons auront besoin de se nourrir pour grandir. Problème, les farines de viande, poisson et soja sont un peu chères. À elles seules, elles représenteraient près de trois quarts des coûts de production de l’alimentation animale. Le prix de la farine de poisson est même en augmentation, devenant difficilement accessible pour les petits éleveurs. D’où l’intérêt de trouver des substituts… C’est pourquoi la start-up Ynsect mise sur une révolutionnaire “farine d’insectes”. Un projet qui semble séduire puisqu’en 2014, l’entreprise a levé la coquette somme de 7 millions d’euros.

Les insectes, bons pour la santé et pour la Terre

Cet entrain s’explique d’abord par la qualité nutritionnelle de ces petites bêtes. Selon la FAO, elles contiendraient des “protéines de haute qualité“, en plus grande quantité que dans les farines traditionnellement utilisées, et seraient pleines de vitamines, d’acides aminés, et d’oligo-éléments.

D’autre part, la production de ces insectes destinés à la consommation serait écologique. Les insectes sont en effet friands de déchets organiques. Une entreprise sud-africaine, AgriProtein Technologies, a ainsi démontré qu’on pouvait élever des mouches avec du sang, des viscères et du fumier recyclés. Elle a d’ailleurs reçu pour cette appétissante découverte un prix de l’innovation, parrainé par l’ONU.

Parmi les “espèces les plus prometteuses”, la FAO cite les mouches soldats noires. Abondantes, elles se nourrissent du fumier et d’autres déchets, réduisant ainsi au maximum leur impact environnemental. Déshydraté, cet insecte contiendrait 42% de protéines, et 35% de matières grasses. L’organisation estime que de telles propriétés ont tout à fait leur place dans l’alimentation des poulets, des porcs, et de certains poissons.

Elles permettraient donc de remplacer en partie les autres farines utilisées, de l’ordre d’un quart environ.

Dans leur étude datant de 1993, Ravindran et Blair avaient quant à eux montré que certaines espèces d’insectes pourraient, à terme, remplacer totalement les farines de poisson et de soja. Ce serait le cas notamment de la sauterelle mormone.

Un projet inachevé

Mais le chemin est encore long avant d’en arriver à de telles applications. Il faudra d’abord convaincre les pays d’autoriser de telles sources d’alimentation pour les élevages. Ynsect essaye d’ailleurs toujours de faire plier l’Europe en ce sens. Cette dernière, qui a déjà autorisé les farines d’insectes destinées aux animaux domestiques, se montre toujours réticente à étendre cette pratique. En cause, la présence d’antibiotiques dans l’alimentation animale.

Les poissons d’élevage pourraient peut-être bientôt manger des mouches, mais cela dépendra des conclusions du rapport d’instruction que devrait rendre l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments sur le sujet.

En outre, la farine d’insectes ne résoudrait pas forcément les problèmes de coûts posés par la production des farines traditionnelles. Une étude menée courant 2011 aux Pays-Bas aurait même démontré le contraire. “La production de vers de farine est toujours 4,8 fois plus chère que celle des aliments conventionnels pour poulets“, estime La Tribune.

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