Les coursiers bruxellois de Deliveroo en révolte contre leurs conditions de travail

L' "ubérisation" du travail permet à certains de cumuler les petits jobs pour arrondir les fins de mois ou satisfaire un besoin de liberté. © Deliveroo

A l’appel de la CSC-Transcom et de la CNE, une trentaine de coursiers, une dizaine selon Deliveroo, se sont réunis jeudi après-midi avenue Louise, à Bruxelles, pour protester contre leurs conditions de travail et la délocalisation à Madagascar du service à la clientèle de la société de livraison à domicile de plats de restaurant.

Le service à la clientèle est chargé des contacts aves les clients, les restaurants et les coursiers. Ceux-ci sont souvent en relation avec le ‘customer service’ en cas de problème, comme lorsqu’ils ne trouvent pas une adresse, tombent sur un restaurant fermé alors que ce n’était pas prévu ou, dans les situations les plus graves, lors d’une agression ou d’un accident de la route.

Des tâches qui seront bientôt effectuées, pour l’essentiel, depuis Madagascar. Raison pour laquelle huit personnes sur les quatorze que comptait le service à la clientèle ont été licenciées. Seuls les contacts avec les restaurants se feront encore depuis Bruxelles.

“On nous a dans un premier temps dit que c’était par souci financier, puis que cela se faisait pour regrouper les customers services par langue, avec le français à Madagascar, l’anglais aux Philippines et le néerlandais aux Pays-Bas”, a expliqué l’une des employées du service à la clientèle présente jeudi. D’après elle, le call-center recevait énormément d’appels de clients à propos de leur commande.

Ce customer service constitue par ailleurs presque le seul vrai contact humain pour les coursiers, ajoute la CNE, qui redoute qu’il ne soit pas aussi efficace depuis une destination si lointaine.

Le syndicat chrétien ne les représente toutefois pas. Il leur laisse le loisir de s’organiser comme bon leur semble et leur apporte par contre tout le support logistique dont ils pourraient avoir besoin. Les ‘bikers’ ont d’ailleurs créé le Collectif des coursiers, qui veut défendre leurs droits, peu importe la plateforme (Deliveroo, Uber Eats ou, jusqu’il y a quelques mois, Take Eat Easy).

Deliveroo va régulariser la situation des travailleurs du service à la clientèle

Ce vendredi, Deliveroo a accepté de régulariser la situation des travailleurs du service à la clientèle, dont la majorité a été licenciée en raison de la délocalisation progressive de ce call-center à Madagascar, a indiqué vendredi Martin Willems, secrétaire permanent de la CNE, à l’issue d’une rencontre avec la direction de la société de livraison à domicile de plats de restaurant.

Les prestations des travailleurs du service à la clientèle jusque 23h00 et le week-end donnent normalement droit à un sursalaire. Des irrégularités ont cependant été constatées dans ce domaine, explique le syndicaliste chrétien. Un arrangement financier forfaitaire a finalement été trouvé les concernant vendredi matin.

Selon Martin Willems, Deliveroo n’a pas nié, vendredi, l’existence de quelques problèmes concernant la situation des coursiers.

Autres doléances

Les coursiers ont par ailleurs d’autres doléances. Ils demandent ainsi un gel des embauches pour que les shifts soient plus facilement accessibles. Ils sont en effet nombreux à vouloir effectuer des livraisons et il n’y a pas toujours du travail pour tout le monde. Aujourd’hui, le planning se remplit en 15 minutes, confie ainsi Raphaël, l’un d’entre eux et membre du Collectif des coursiers.

Les ‘bikers’ veulent également une intervention dans leurs frais d’équipement. Pour le moment, ils ne reçoivent en effet aucune aide financière pour l’entretien de leur vélo ou pour l’utilisation de leur smartphone.

Ils exigent aussi un salaire minimum et une garantie de travail. La plupart d’entre eux ont un contrat d’indépendant et travaillent trois heures par shift, et ce seulement s’il y a du travail. Une couverture d’assurance et une garantie de revenus en cas de dégâts corporels après un accident sont également demandés pour cette dernière catégorie de coursiers. Robin, qui travaille pour Deliveroo depuis le mois de décembre, parfois jusqu’à 6h30 par jour, a par exemple été renversé il y a quelques jours par une voiture. Sa clavicule a été cassée en plusieurs endroits et il devra être opéré, ce qui donnera lieu à trois à quatre mois d’incapacité de travail. Il n’a toutefois reçu aucune aide financière de Deliveroo.

Lors du contact de ce vendredi, ces doléances ont été abordées. Le Collectif des coursiers, qui entend défendre les droits de ces travailleurs face aux plateformes comme Deliveroo ou Uber Eats, espère pouvoir très rapidement encore discuter de ces points d’accroche avec la direction.

“Une très grande majorité de nos coursiers apprécient de travailler avec Deliveroo”

L’entreprise a, quant à elle, assuré être “en communication constante” avec les livreurs. “La porte est toujours ouverte pour venir nous rencontrer et partager leurs préoccupations ou suggestions pour améliorer notre service”, ajoute-t-elle.

Deliveroo a également tenu à souligner que la plupart de ceux-ci sont des étudiants sous statut Smart, qui sont dès lors couverts par un contrat d’assurance, et non des indépendants. Ces derniers représenteraient 5 à 10% des bikers.

“Nous sommes persuadés qu’une très grande majorité de nos coursiers apprécient de travailler avec Deliveroo. En effet, une récente enquête d’un bureau d’étude indépendant a démontré que 94% des coureurs belges recommanderaient ce travail à un ami”, argue l’entreprise.

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