Deliveroo: des coursiers manifestent pour de meilleurs conditions de travail

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Une quarantaine de coursiers à vélo se sont rassemblés vendredi en début de soirée avenue Louise, à Bruxelles, pour réclamer de meilleures conditions de travail au sein de l’entreprise de livraison de repas Deliveroo. Un cortège de vélos s’est rendu au siège de la filiale belge.

L’action était organisée par le Collectif des coursiers, une organisation autonome d’environ 200 livreurs soutenue par le syndicat chrétien. Les coursiers ont rejoint vers 18h30 les dizaines de cyclistes de l’organisation Masse critique à la Porte de Namur avant de se rendre tous ensemble au siège de Deliveroo.

“Allez-vous commander sur Deliveroo après le 31 janvier 2018? Non parce que nous sommes contre l’esclavagisme”, a clamé Daniele Monna, membre du collectif, devant la foule de cyclistes.

“On est ici pour montrer qu’on n’a pas tous envie de plus de flexibilité, de ne plus savoir comment finir nos fins de mois. Nos loyers ne sont pas flexibles, les supermarchés ne sont pas flexibles…”

Deliveroo a décidé fin octobre de mettre fin à sa collaboration avec la coopérative SMart qui offrait un régime de salarié aux coursiers. A partir du 31 janvier 2018, tous les livreurs seront occupés en tant qu’indépendants et se verront offrir un salaire à la course plutôt qu’un salaire horaire.

Selon le collectif des coursiers, la nouvelle formule de paiement “diminue drastiquement leur revenu déjà indécent en proportion de l’effort, de la pénibilité et de la disponibilité”. La réduction serait de l’ordre de 30 à 40% pour les mêmes prestations.

Les coursiers regrettent également que le régime proposé par Deliveroo mette un terme à l’assurance en cas d’accident du travail, à l’indemnisation de l’usage du GSM et des frais de maintenance des vélos auxquels ils avaient droit en passant par SMart.

“La solution, c’est que Deliveroo et les sociétés comme Deliveroo entrent dans le cadre du marché du travail, tout simplement”, note Philippe Lescot, permanent à la CSC Transcom. “Nous essayons d’amener un mécanisme de concertation sociale. Car c’est bien, c’est moderne, mais Deliveroo gagne de l’argent sur le compte des travailleurs et casse la sécurité sociale.”

Certains coursiers présents vendredi travaillent déjà sous le statut indépendant. Robin a été incité à opter pour ce statut en mai dernier. “On m’a promis un revenu plus important en tant qu’indépendant vu le nombre de courses que j’effectuais. Mais quelques mois plus tard, j’ai eu un grave accident sur la route pendant mon service et je n’ai pas été soutenu. En restant à la SMart, j’aurais été indemnisé”, confie-t-il.

Mercredi, Deliveroo a annoncé le lancement d’une assurance accident gratuite, mais cette dernière est jugée moins intéressante par le collectif, car le plafond de l’intervention dans les frais médicaux est fixé à 1.500 euros.

Dans un communiqué diffusé vendredi, l’entreprise souligne qu’elle fournit un travail “flexible et bien rémunéré” à 2.500 livreurs en Belgique. “Les manifestants présents aujourd’hui ne représentent pas la majorité des coursiers Deliveroo”, selon la société. Se basant sur un sondage interne, elle estime que 96% de ses collaborateurs “apprécient la liberté de pouvoir organiser leur travail autour de leur vie”.

Basé à Londres, Deliveroo est actif dans 84 villes réparties sur 12 pays. Huit villes sont couvertes par le service en Belgique.

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