“Delhaize n’est pas un épicier belge, c’est un groupe mondial côté en bourse”

/ © Belga

Le 11 juin 2014, Delhaize annonçait son “plan de transformation”. Depuis, travailleurs et direction sont parvenus à un accord, prévoyant le départ de 1.800 personnes et le passage en franchise de neuf magasins, tandis qu’un supermarché fermera. Pour les syndicats, “tout reste à faire”. Ils seront attentifs à la nouvelle structure ainsi qu’à la fusion entre Delhaize et Ahold.

Il a fallu plusieurs mois pour observer des avancées dans les négociations entre représentants des travailleurs et direction. En décembre, de grands mouvements de grèves ont lieu, tant au nord qu’au sud du pays, avant d’arriver à des projets d’accord, notamment sur le volet “ouvrier”. Les syndicats annoncent alors une trêve, saluée par la direction, soucieuse de pouvoir servir les clients pendant les fêtes de fin d’année.

L’accord social final est conclu mi-février. Finalement, 1.800 personnes quitteront l’entreprise, contre 2.500 annoncées initialement. Neuf magasins seront franchisés et le supermarché de Courtrai Ring sera fermé.

“Une entreprise qui risquait d’aller mal”

En mai, les travailleurs apprennent que des discussions sont en cours sur une fusion entre le groupe Delhaize et le néerlandais Ahold. “Ce n’est pas de nature à rassurer les gens”, commente Myriam Delmée, secrétaire générale du SETCa, qui se demande si la restructuration a été opérée dans ce contexte.

“La direction a toujours dit que le plan de transformation était destiné à assurer un avenir à Delhaize”, indique Delphine Latawiec, responsable nationale du secteur commerce à la CNE (Centrale nationale des employés affiliée à la CSC). “La restructuration est un plan d’avenir pour Delhaize Belgique”, confirme Roel Dekelver, responsable communication pour Delhaize Belgique.

Pour Claude Boffa, spécialiste de la distribution et professeur à la Solvay Business School, le plan de transformation est une mise à niveau nécessaire pour une “entreprise qui risquait d’aller mal”. “Delhaize a d’abord voulu baisser ses prix pour attirer de nouveaux clients”, explique-t-il. Mais face aux concurrents et avec une “politique salariale paternaliste”, difficile de faire le poids. Delhaize a donc dû s’en prendre à la masse salariale. “La rentabilité était sous pression”, assure Roel Dekelver.

Investissements

Pour retrouver des couleurs, Delhaize prévoit d’investir 450 millions d’euros d’ici 2017 dans le marketing, l’assortiment de produits et l’e-commerce, tandis que 15 supermarchés seront rénovés cette année, selon le porte-parole. Pour Claude Boffa, attirer à nouveau la clientèle sera le défi des prochains mois. Surtout après l’annonce de Lidl d’ouvrir 50 nouveaux magasins dans les prochaines années en Belgique.

Le retour à un dynamisme commercial est important également pour les responsables syndicales qui veilleront au respect des engagements. L’éventuelle fusion avec Ahold est aussi dans leur viseur. Si celle-ci peut stabiliser le groupe, Myriam Delmée craint des conséquences sur les travailleurs en cas de synergies, notamment dans la logistique. Claude Boffa, par contre, ne s’attend pas à un impact sur l’emploi en Belgique.

“Tout reste à faire”

Actuellement, les négociations buteraient sur la future direction de l’entité Delhaize-Ahold, selon une information du Telegraaf relayée par l’Echo mercredi.

“L’important est de se mettre en tête que Delhaize n’est pas un épicier belge. C’est un groupe mondial côté en bourse qui a des responsabilités vis-à-vis de ses actionnaires et dont l’objectif est d’augmenter la valeur de l’entreprise”, souligne Claude Boffa.

Un an après l’annonce de la restructuration, “tout reste à faire”, relève Delphine Latawiec. Une nouvelle structure, avec moins de managers, est en train d’être appliquée dans une trentaine de magasins, tandis que des travailleurs sont reclassés dans différents supermarchés. “On a négocié en théorie, il faut maintenant voir l’impact en pratique”, conclut la responsable syndicale.

Partner Content