D’Ieteren : les dessous d’une succession précipitée

Jean-Pierre Bizet, administrateur délégué de D'Ieteren. © Belga

Axel Miller remplacera, le 1er août, Jean-Pierre Bizet à la barre du groupe de distribution automobile. Déçu d’avoir été écarté du processus de sélection par les actionnaires familiaux, le patron sortant se confie.

L’annonce du remplacement de Jean-Bizet, le 1er août, par Axel Miller (lire en page 93) au poste de CEO de D’Ieteren en a surpris plus d’un. A commencer par l’intéressé lui-même. Non pas sur le fond puisque Jean-Pierre Bizet (65 ans), avait convenu, il y a quelque mois, avec le conseil d’administration de lui chercher un successeur. “Le conseil avait annoncé en février qu’il me maintenait dans ma fonction de CEO et que mon mandat d’administrateur expirerait à l’AG de mai 2015, nous a expliqué Jean-Pierre Bizet. J’avais dit à Roland D’Ieteren (Ndlr, le président du CA) que j’étais prêt à rester jusqu’à la fin 2015, le temps de trouver mon remplaçant. Nous étions convenus que dès le moment où le conseil aurait trouvé mon successeur, je remettrais mon mandat entre ses mains.” Mais le calendrier s’est brusquement accéléré à l’insu de Jean-Pierre Bizet qui, de surcroît, n’a pas été associé aux réflexions relatives à l’arrivée d’Axel Miller. Prévenu 48 h avant l’annonce officielle “Roland D’Ieteren m’a convoqué 48 heures avant la diffusion du communiqué pour m’annoncer la nouvelle. Ce fut un choc. Je n’étais pas au courant des tractations. Ce n’était pas du tout ce qui avait été prévu.” Si le timing est si rapide, c’est parce que les actionnaires familiaux n’ont pas voulu prendre le risque que l’ex-patron de Dexia et de Petercam, disponible immédiatement, ne signe ailleurs. “Je suis convaincu que la transition se passera bien avec Axel, affirme Jean-Pierre Bizet. Je l’ai connu quand je dirigeais GIB. Avocat d’affaires, il nous a accompagnés dans une transaction. Je l’ai retrouvé il y a trois ans quand il est devenu administrateur chez D’Ieteren où il apporte une réelle valeur ajoutée. Mais je ne l’ai jamais observé dans une fonction exécutive donc je n’ai pas d’avis sur sa nomination à la tête de D’Ieteren.”

Jean-Pierre Bizet tirera donc sa révérence plus tôt que prévu. Sans regret. Car il a effectué un parcours sans faute au volant du groupe. Il est monté à près de 95 % dans Belron, la maison mère de Carglass et principale activité de D’Ieteren aujourd’hui. Il a redressé Avis Europe avant de la revendre à un bon prix. Sous sa conduite, l’entreprise a aussi renforcé sa part de marché en Belgique, où elle distribue les marques Volkswagen, Audi, Skoda, Lamborghini, Porsche…

Une nouvelle vie d’administrateur Reste que Jean-Pierre Bizet aurait préféré terminer sur un coup d’éclat en réalisant l’acquisition que tout le monde attend et qui doit recréer un troisième secteur d’activité. “Nous avons examiné une trentaine de cibles potentielles dans le secteur aval à l’automobile et dans le portefeuille des sociétés de private equity. Mais sans trouver jusqu’ici. Nous avons fait un travail très enrichissant grâce auquel nous sommes mieux armés. Ce n’est pas une mauvaise chose que l’on prenne un peu plus de temps. Nous n’avons pas de regret par rapport à cela.” En revanche, le CEO sortant se dit un peu déçu par le style de communication de son remplacement. “Cela aurait pu se passer avec un peu plus de sensibilité, surtout de la part d’un actionnaire familial qui se pique de valeurs humaines”, dit-il tout en ajoutant : “La vie continue. Je reste administrateur et je pourrai ainsi continuer à défendre les intérêts d’une maison qui me tient très à coeur.”

Administrateur chez Axa Belgique et dans quelques organisations caritatives, il ne compte pas prendre sa retraite. “J’ai plein d’énergie et j’espère rester actif pendant 10 ans encore”, confie celui qui se verrait bien démarrer une nouvelle vie d’administrateur indépendant de sociétés. A bon entendeur !

SANDRINE VANDENDOOREN

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