Comment Volkswagen est parvenu à doubler son bénéfice en 2011

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La firme allemande a doublé son bénéfice net en 2011, à 15,4 milliards d’euros. Un profit record dans le secteur, qui vient valider la stratégie haut de gamme du constructeur.

Le chiffre a de quoi faire pâlir d’envie tous les constructeurs automobile du monde. En 2011, l’allemand Volkswagen a dégagé plus de 15 milliards d’euros de bénéfices. C’est bien plus que les 7,8 milliards de profits de Ford l’an passé. Alors que la plupart de ses concurrents généralistes européens ont été rattrapés par la crise économique, le groupe allemand se paye le luxe d’ignorer superbement la conjoncture.

Alors comment expliquer qu’un constructeur arrive à faire autant de profits ? La consolidation dans ses comptes du fabricant de poids lourd MAN déjà ne serait pas étrangère à ces résultats exceptionnels. Ainsi le profit opérationnel du groupe a atteint 11,3 milliards d’euros, en hausse de près de 60%, tandis que son chiffre d’affaires a progressé de 25,5% à 159,3 milliards d’euros. Mais cette consolidation n’est pas la seule en cause. Volkswagen tire en fait profit de sa stratégie de long terme mise en place il y a des années : des structures de coûts faibles et une image premium élevée.

Des ventes record

Sur tous ses marchés ou presque, le constructeur a progressé en 2011. Malgré la mauvaise santé du marché européen, qui a reculé de presque 2% en 2001, ses ventes y ont progressé de 7%. Elles ont surtout bondi de 17% en Chine, de 23% aux Etats-Unis ou encore de 75% en Russie où le constructeur vient de s’installer. Pour ajouter à sa suprématie, Volkswagen insiste d’ailleurs sur le fait que ses parts de marché n’ont pas été achetées par des immatriculations dites “tactiques” de véhicules de démonstration ou de ventes aux loueurs, comme l’ont fait ses concurrents.

Au total, la firme germanique, qui comprend outre les marques Volkswagen, Audi, Seat, ou encore Skoda, a donc écoulé 8,3 millions de véhicules l’an dernier, soit une hausse de 14,7% sur un an. Un chiffre record donc, qui la propulse en deuxième place du classement mondial des constructeurs derrière l’américain General Motors.

Des marges exceptionnelles

Mieux encore que de vendre des véhicules dans une conjoncture passablement compliquée, Volkswagen parvient à réaliser des marges beaucoup plus importantes que ses concurrents : 7% en moyenne en 2011 contre 2 à 3% pour PSA et Renault par exemple. Le haut de gamme déjà, avec Audi et Skoda, lui permet d’effleurer les marges d’un BMW (10% en 2011). Mais ces superprofits ne sont pas l’apanage du segment premium, loin de là. Avec ses seules marques généralistes, Volkswagen parvient à dégager 4,6% de marge opérationnelle, lorsque celle de PSA sur sa branche automobile a été négative en 2011 (-0,2%).

Pour parvenir à une telle profitabilité, le constructeur de la célèbre Golf a ses petits secrets, qui ne se limitent pas bien sûr à la faiblesse des salaires Outre-Rhin qui explique ses prouesses. L’internationalisation déjà est un facteur clé. Aujourd’hui le groupe réalise près de 50% de ses volumes hors d’Europe. En produisant en Chine des voitures qu’il vend le même prix qu’en Europe, voire parfois plus cher, la marque devient assurément beaucoup plus rentable.

Autre levier important, la standardisation de la fabrication et même de la conception de ses véhicules. “La grande force de Volkswagen est de vendre sous la marque Audi des véhicules à prix très élevé, qui lui coûtent à peine plus cher à produire qu’une Polo”, explique Jacques Radé, du cabinet français Roland Berger. Volkswagen est en effet passé maître dans l’art de la gestion de coûts, grâce à ses plateformes industrielles desquelles sortent des milliers de véhicules de gamme différente, et à une politique de standardisation des pièces extrêmement aboutie. Plus que tout autre constructeur, Volkswagen est capable de reconduire pratiquement toutes les pièces qu’il produit. Ainsi, l’ensemble de ses véhicules sont équipés des mêmes moteurs, et lorsqu’un modèle ne parvient pas à se vendre, ses composants ne sont donc pas perdus… Poussée à l’extrême, cette stratégie permet des économies considérables.

Enfin, la marge d’un constructeur dépend aussi et avant tout des prix qu’il pratique. Si comme les autres, Volkswagen a joué à la guerre des prix en 2011, ce dernier bénéficie toujours de la force de sa marque et de sa réputation pour vendre ses véhicules plus chers que les autres. Pour résumer, ” Volkswagen profite aujourd’hui de trois avantages : sa taille qui lui permet une standardisation massive, son rôle de leader, qui lui permet de marger plus que les autres, et son internationalisation, qui lui permet de réduire ses coûts”, explique Bernard Jullien, président du think tank automobile Gerpisa (Groupe d’Etude et de Recherche Permanent sur l’Industrie et les Salariés de l’Automobile).

Des ambitions toujours à la hausse

A l’avenir, le consortium de Wolfsburg ne compte pas s’arrêter là. Il vise toujours la première place mondiale d’ici à 2018, avec plus de 10 millions d’unités annuelles… Pour ce faire Volkswagen va poursuivre sa politique d’investissements massifs : 62 milliards d’euros prévus sur 5 ans. Rien que pour 2012, la marque à qui tout réussit “prévoit de croître plus que le marché mondial”. Et pour l’heure, il n’y a aucune raison de croire qu’elle n’y parviendra pas !

Trends.be, avec Lexpansion.com

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