Comment la PME liégeoise Artialis se rêve en n°1 mondial

Artialis a mis au point des kits innovants qui permettent de déterminer, grâce à une simple prise de sang, l'évolution de l'arthrose et des réponses aux traitements. © pg

Les biomarqueurs mis au point par l’entreprise du professeur Yves Henrotin améliorent l’efficacité des traitements de l’arthrose et autres troubles musculo-squelettiques. Un marché potentiel gigantesque.

” Nous ne voulons pas être sur le podium, nous voulons être les premiers ! ” Si vous trouvez que les PME wallonnes manquent d’ambition, tournez-vous donc vers le professeur Yves Henrotin, le fondateur et CEO d’Artialis.

Cette société a mis au point des biomarqueurs permettant de détecter des troubles musculaires et articulaires à un stade précoce, et de suivre ensuite les effets des traitements de ces troubles. Cela ouvre a porte d’un marché potentiel gigantesque, quand on sait que 600 millions de personnes à travers le monde souffrent d’arthrose et que 315 millions en sont fortement handicapés. ” En captant ne serait-ce qu’1 % de cette population, nous pourrions atteindre un chiffre d’affaires énorme “, assure Yves Henrotin.

Notre homme ne serait-il pas en train de rêver tout éveillé ? Non, rassurez-vous, ce chercheur et professeur à l’université de Liège a dans sa besace de solides arguments pour étayer son ambition. Et d’abord cette mise au point : ” Artialis, ce n’est pas une start-up avec une idée sur un bout de papier. Nous avons déjà largement testé et démontré notre capacité à développer et à produire ces biomarqueurs “. L’entreprise, créée en 2010, génère un Ebitda positif depuis deux ans et a connu une croissance de 23 et 27 % sur les deux dernières exercices. Cela lui a valu une huitième place au classement des Gazelles wallonnes de Trends-Tendances (et deuxième dans le secteur des sciences du vivant) et deux nominations successives parmi les Deloitte Fast50.

Ces jolis résultats, Artialis les doit au développement de kits innovants qui permettent de déterminer, grâce à une simple prise de sang, l’évolution de l’arthrose et des réponses aux traitements. Il ne s’agit donc pas d’un médicament contre l’arthrose mais d’une solution visant à accompagner le traitement, en vue bien entendu d’augmenter son efficacité. Jusqu’à présent, cette solution n’est validée que pour les centres de recherche. Elle est notamment utilisée par des firmes pharmaceutiques, dans le cadre du développement de médicaments destinés à soulager les patients de leurs douleurs articulaires.

Grandir en restant wallon

Le professeur Yves Henrotin fondateur et CEO d'Artialis.
Le professeur Yves Henrotin fondateur et CEO d’Artialis.© pg

Le souhait de la firme liégeoise est d’avancer un cran plus loin en proposant un produit disponible en pharmacie, dans les laboratoires d’analyses médicales ou chez les médecins : le Cartil’test. Le spectre est ici beaucoup plus large et nécessite dès lors toute une série de validations scientifiques avant la mise sur le marché. Ce processus, Artialis pourrait à la limite le supporter seule, grâce à toute l’expertise développée au fil des ans. Mais Yves Henrotin regarde déjà l’étape suivante. ” Le jour où la machine sera lancée, elle concernera des millions d’individus, dit-il. Ce sera un formidable saut d’échelle pour Artialis, il faut l’anticiper au mieux si nous voulons être le numéro 1. Et c’est pour cela que nous recherchons des partenaires solides avec une vision internationale. ”

Ces partenaires devraient apporter ensemble 3,5 millions d’euros, afin de financer à la fois le processus réglementaire préalable à la mise sur le marché et le travail de production et de commercialisation planétaire de Cartil’test. Meusinvest, actionnaire historique, avance un million sous forme d’un prêt convertible et, pour le solde, l’entreprise a mandaté le groupe Deloitte pour amener de nouveaux partenaires. La levée de fonds devrait être bouclée d’ici la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. L’hypothèse d’un rachat par un groupe international, alléché par les réelles opportunités de développement d’Artialis, est-elle également envisagée ?

” Nous restons ouverts à toute opportunité mais notre intention, notre souhait est bien de développer une activité autonome en Wallonie et de créer de l’emploi ici “, répond Yves Henrotin. Artialis ambitionne de tripler ses effectifs (actuellement 22 personnes) dans les cinq ans et de dépasser les 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. De telles perspectives ne séduisent pas que des investisseurs : l’an dernier, Artialis a ainsi attiré en tant que CFO l’un des dirigeants du groupe Pfizer, à savoir Ali Baladi, précédemment vice-président de la division Vaccins-Europe. Une bonne manière d’anticiper l’avenir et les développements futurs d’Artialis.

Un coup de pouce venu de Suède

L’entreprise liégeoise n’a pas attendu cette augmentation de capital pour regarder vers l’étranger. Elle a ainsi déjà conclu un partenariat avec une firme américaine. ” Nous avons déjà un pied aux Etats-Unis, ce marché est une cible prioritaire pour nous “, concède le CEO d’Artialis. Il a aussi conclu un accord avec le groupe suédois Amra, spécialisé dans l’imagerie médicale, pour accélérer la recherche de traitements contre la sarcopénie, une pathologie des muscles qui accompagne le vieillissement et qui explique par exemple les chutes fréquentes de certaines personnes âgées.

Artialis participe d’ailleurs à un programme de recherche sur la sarcopénie, financé à hauteur de 4 millions d’euros par la Région wallonne. ” La plateforme technologique que nous avons créée peut être mise au service de la lutte contre d’autres pathologies, conclut Yves Henrotin. Artialis restera cependant dans le scope musculo-squelettique, par exemple en luttant contre la dégénérescence discale, elle aussi liée au vieillissement. ”

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