Comment AXA s’attaque à ses problèmes d’assurances-vie

AXA Belgium CEO, Jef Van In. © BELGA

L’assureur AXA Belgique supprime 650 emplois sur les 4.300 existants. C’est une réponse aux taux bas persistants, qui rendent l’activité d’assurance-vie déficitaire.

Au cours des deux prochaines années, 650 emplois disparaîtront chez AXA Belgique. Selon les syndicats, le département informatique et le département Vie seront les plus touchés. AXA désire recentrer ses activités sur trois sites, à Bruxelles, Anvers et Liège. Les bureaux de Gand, Louvain, Charleroi et Eupen seront fermés. Les salaires devront aussi diminuer.

Une profonde restructuration, mais celle-ci s’imposait. AXA Belgique a connu beaucoup de succès dans le passé avec ses produits Crest. Ces derniers s’accompagnaient souvent d’engagements élevés et à long terme vis-à-vis des clients. La semaine dernière, AXA a encore lancé une offre de rachat sur sa gamme Crest20 du fait que les rendements garantis à vie pesaient trop lourd.

Perte en Vie

Une restructuration en profondeur s’imposait

La Banque Nationale de Belgique avait déjà averti à plusieurs reprises du fait que la persistance des taux bas rend de plus en plus difficile la couverture des engagements de certains assureurs vie. Ce message s’adressait aux sociétés comme AXA, avec beaucoup de contrats à taux garanti élevé (plus de 3% et parfois même plus de 4%) en portefeuille.

Si ces assureurs doivent réinvestir leurs engagements, cela se fait au taux de marché actuel, beaucoup plus bas. Pour respecter leurs obligations, ils sont quasi contraints de conserver leurs obligations à haut rendement. De ce fait, ils ratent de belles plus-values, qui étaient utilisées dans le passé pour engranger les bénéfices. En outre, les taux d’intérêt actuels pour les assurances de la branche 21 sont tellement bas que l’intérêt pour ces produits se réduit, d’où une diminution de l’afflux de primes.

Cette évolution défavorable se reflète dans les résultats de la société d’assurance-vie d’AXA Belgium SA (l’activité essentielle de l’entreprise, à l’exclusion des participations immobilières et de quelques filiales d’assurance plus petites). En 2015, les revenus des primes en Vie ont reculé de 6%. Pour les particuliers, la diminution du chiffre d’affaires s’élevait même à 12% ou presque 150 millions d’euros. Ensuite, les rendements du portefeuille d’investissement ont chuté de plus de 200 millions d’euros.

Cela s’est traduit par une perte de 189 millions d’euros dans les activités d’assurance-vie d’AXA Belgique l’an dernier. Les assurances dommages étaient largement bénéficiaires, mais elles n’ont pas pu compenser la perte en Vie. De ce fait, AXA Belgium SA a clôturé 2015 sur une perte de 97,6 millions d’euros. Grâce aux bonnes performances des filiales et de l’immobilier, il y a eu du bénéfice au niveau consolidé.

Nouveau focus, structure plus simple

Mais les chiffres statutaires montrent que le coeur d’AXA Belgique, l’ancien assureur Royale Belge, ne gagne plus d’argent sur sa branche Vie. AXA Belgique a par conséquent décidé, à partir de l’an prochain, de ne plus proposer de nouveaux contrats en assurance-vie individuelle ou en assurance-placements (branche 21 et branche 23). La société se concentrera sur les assurances dommages et les assurances pension (contrats d’assurance avec des primes récurrentes). AXA est plutôt fort dans ces deux produits. Les clients à la recherche d’alternatives d’investissement peuvent s’adresser à la banque et au gestionnaire de fortune d’AXA.

On élague en outre dans les coûts. Il est de notoriété publique qu’AXA Belgique est une grande et lourde organisation, qui loge de plus dans une trop grande infrastructure. Selon le porte-parole Laurent Winnock, l’enquête a révélé que les salaires chez AXA Belgique sont parmi les plus élevés du secteur des assurances en Belgique.

Le CEO Jef Van In, qui a déjà fait subir une cure d’amaigrissement à AXA Bank auparavant, ne perd pas de temps. La structure doit devenir plus simple, de telle manière que l’assureur devienne une entreprise agile et efficiente, comme on peut le lire dans un communiqué de presse. Cela signifie: moins de dépenses, moins de hauts salaires, moins de plans de pension attractifs, moins de fonctions, moins de personnes, moins de bureaux. La direction désire, selon ses propres dires, limiter le plus possible le nombre de licenciements.

Grâce à ces réductions de coûts, Van In désire aussi libérer de l’argent pour investir 200 millions d’euros au cours des cinq prochaines années dans la transformation digitale de l’assureur. En collaboration avec les courtiers et agents, le réseau de distribution favori d’AXA en Belgique, les clients doivent avoir accès plus rapidement et de manière plus mobile aux différentes formes de services.

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